« LE CHAMPIONNAT A DEJA PRIS TOURNURE »

Georges Heylens commente le championnat et l’équipe nationale.

Anderlecht et Bruges demeurent les seules équipes avec le maximum de points. Le championnat a-t-il déjà pris tournure?

J’aurais tendance à penser que oui, car les équipes qui les talonnent ne donnent pas un gage de régularité.

Que manque-t-il au Standard?

Un peu d’efficacité en zone de conclusion, un peu de lucidité dans la construction du jeu. Le Standard, comme cela avait déjà été le cas lors des matches précédents, a bien commencé sa rencontre face à Anderlecht, surtout grâce à son enthousiasme, mais il a payé sa débauche d’efforts par la suite. A partir du moment où il a encaissé le premier but, il a perdu le fil du match, a oublié de construire dans l’entre-jeu et a balancé de longs ballons qui ont fait le bonheur des défenseurs anderlechtois. Le Standard n’a toujours pas inscrit le moindre but à Sclessin. Et derrière, les moments d’inattention se payent cash. Huit buts encaissés en trois matches, c’est énorme. Cela donne déjà des sujets de réflexion à Robert Waseige. Heureusement qu’il est là, celui-là, d’ailleurs! L’aura dont il jouit dans la Cité Ardente permet aux supporters de conserver une certaine confiance en l’avenir. Samedi, malgré la défaite, je n’ai pas entendu de coups de sifflets. Il fut un temps où le public liégeois aurait déjà bouté le feu.

Qu’y a-t-il de changé à Anderlecht?

Le Sporting m’a plu par son organisation et sa fraîcheur mentale. Chacun semble vouloir respecter les consignes. Hugo Broos a su imposer son point de vue. Défensivement, l’équipe semble déjà bien en place. La rigueur est présente. L’Anderlecht actuel se départit un peu de son style traditionnel, mais a gagné en efficacité. Son nouvel entraîneur l’avait déjà déclaré après la victoire à Westerlo: il n’est pas indispensable d’assurer le spectacle en toutes circonstances, à partir du moment où les trois points tombent dans l’escarcelle.

Que faut-il penser de l’arrivée d’Alin Stoica à Bruges?

On rouvre l’éternel débat: un joueur de ce type a-t-il toujours sa place dans le football moderne? Personnellement, j’estime que oui. Alin Stoica a cette vista, et cette facilité technique et cette capacité d’improvisation qui a de plus en plus tendance à disparaître. Il ne correspond pas au portrait-robot que l’on dresse généralement du joueur brugeois, à savoir grand, costaud et physique, mais il apportera peut-être, précisément, ce brin de créativité qui a souvent manqué aux Flandriens. Encore faudra-t-il bien l’encadrer, sur le terrain mais aussi sur le plan mental, ce que l’on n’a peut-être pas toujours su faire au Parc Astrid. On peut penser que des garçons comme Gaëtan Englebert et Timmy Simons ne rechigneront pas à travailler pour lui. J’aimerais qu’à Anderlecht, on se montre beau perdant. Ce n’est pas la première fois que le Sporting perd un joueur et ce ne sera sans doute pas la dernière non plus. A Bruxelles, on a parfois descendu le Roumain en flammes, à tort à mon avis. Peut-on, dès lors, lui reprocher d’aller tenter sa chance chez le voisin? Je n’ai pas apprécié la déclaration de Roger Vanden Stock, selon laquelle le joueur roumain n’a rien trouvé de mieux « que » Bruges pour se recaser. Cela me fait penser à la réaction d’un gosse grincheux dont on a pris la sucette.

Avez-vous apprécié la première sortie de l’équipe nationale, version Anthuenis?

Ce n’était qu’un match amical, mais il était encourageant. Aimé Anthuenis a conservé le 4-4-2 de son prédécesseur. Je crois le nouveau sélectionneur capable de s’en tenir à une ligne de conduite. C’est de bon augure. Les débuts de Stijn Vreven furent positifs. C’est un garçon que j’avais connu à Malines pendant sept ou huit mois. Il avait déjà des capacités qui ne demandaient qu’à s’exprimer. Il a trouvé à Utrecht un club qui cadre avec son tempérament et son caractère. Les apparitions en fin de match de Koen Daerden et Jonathan Blondel sont aussi de bon augure. Des jeunes sont prêts à prendre la relève. Bart Goor est un capitaine d’un tout autre type que Marc Wilmots. Actuellement, il n’y a pas de véritable patron sur le terrain. Le nouveau chef d’orchestre se révélera peut-être naturellement lors des rencontres. Maintenant, il faudra voir ce que ces Diables Rouges new look seront capables de nous réserver lors des matches officiels, lorsque seuls les points compteront.

Daniel Devos

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