LE CHALLENGE ANGLAIS

Le deuxième échec consécutif de Manchester en quarts de finales de la Ligue des Champions ne plaide pas en faveur de la Premier League anglaise. Sur ses terres, United est assuré du titre, avec une avance considérable. La croissance financière du club anglais ne semble connaître aucune fin. Lors des six derniers mois, ses bénéfices sont passés de 800 millions à 1,1 milliard de francs belges. Il le doit essentiellement à son nouveau sponsor, Vodafone, et aux 67.000 sièges, tous occupés chaque semaine à Old Trafford. Irrésistible en Angleterre, Man Utd est moins convaincant sur la scène européenne. Au flop magistral essuyé lors du Mondial des clubs, au début de l’année 2000, a suivi une élimination en Ligue des Champions, face au Real Madrid, en Angleterre-même.

Cette saison, l’équipe de Sir Alex Ferguson a dû abandonner la première place de sa poule à Anderlecht, au premier tour, puis à Valence au second. Ensuite, deux défaites face au Bayern l’ont exclu de l’épreuve. Sur un total de 14 rencontres européennes, United n’en a gagné que 6 cette saison, contre 3 nuls et 5 défaites. Après son élimination, Roy Keane, le capitaine, a déclaré que Manchester United était trop faible individuellement et collectivement pour briguer l’élite européenne. Alex Ferguson y reste encore un an, dans l’espoir de remporter la Ligue des Champions de manière convaincante. Car la façon dont il l’avait gagnée en 1999 dans les arrêts de jeu face au Bayern Munich n’avait séduit personne, à commencer par lui-même.

Entretemps, la succession de l’entraîneur anobli fait couler beaucoup d’encre. D’après Gary Lineker, dont les commentaires télévisés sont très prisés, United aurait intérêt à se tourner vers l’Ecosse, plutôt que de suivre la rumeur selon laquelle Steve McLaren, l’adjoint actuel de Ferguson, prendrait la relève. D’après Lineker, Martin O’Neil, jadis un des joueurs de base de Nottingham Forest, est l’homme de la situation. Il a fait de l’excellent ouvrage à Wycombe Wanderers, lors de ses débuts, avant de maintenir Leicester City parmi le peloton de tête de la Premier League. Cette saison, il dirige le Celtic Glasgow. On sait ce qu’il y a réalisé: il a renversé à son avantage le retard de 21 points qu’accusait le Celtic sur les Rangers l’an dernier. Leicester lui avait interdit de discuter avec un autre club anglais, faute de quoi il serait maintenant à Leeds United.

Leeds et Liverpool ont sauvé l’honneur anglais. Leeds est une équipe de battants qui est parvenue à remporter des matches périlleux grâce au savoir de son entraîneur irlandais, l’arrogant David O’Leary, au talent de son gardien, Nigel Martin, du médian français Dacourt et surtout des attaquants australiens, Viduka et Kewell, qui revient en force.

Reste Liverpool, qui va disputer sa première finale européenne depuis le drame du Heysel. Il doit beaucoup à son manager, le Français Gérard Houllier. Brillant théoricien, homme charmant, celui-ci a figuré parmi les fondateurs de l’école nationale de Clairefontaine, dont il a été directeur jusqu’en 1998. Il a également dirigé l’équipe nationale de France, durant une période de vaches maigres. Ce professeur d’anglais, modeste footballeur amateur dans le Nord de la France, a connu son premier succès comme entraîneur du RC Lens il y a quelque quinze ans. Il a négocié avec les Glasgow Rangers pendant la Coupe du Monde 1998 mais lorsque Liverpool l’apprit, Peter Robinson, son patron, s’empressa de l’enrôler à Anfield Road. C’est le Dr. Jozef Venglos, son collègue au sein de la commission technique de l’UEFA, qui prit sa place à Glasgow. On connaît la suite: Venglos a tenu six mois tandis que Houllier a propulsé Liverpool en finale de la Coupe UEFA, au détriment de Barcelone, avec un jeu fort peu français et plutôt négatif.

Mick Michels

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