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Le CEO du COIB évoque l’avenir: « Il faut oser faire des choix »

Tandis que les préparatifs pour Tokyo vont bon train, le COIB continue à travailler, tant sur le court que le long terme. Le CEO, Philippe Vander Putten, se félicite des réussites actuelles sans oublier les difficultés. Et en se projetant déjà vers les futures échéances.

Six médailles, 19 athlètes dans les huit premiers de leur discipline. Voici le bilan exceptionnel des Belges aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Mais ce résultat ne tombe pas du ciel. Il est le fruit d’années de travail pour le COIB, malgré un budget parfois très serré et une politique du sport de haut niveau plutôt floue. À l’heure de se projeter vers Tokyo, et même Paris 2024, Philippe Vander Putten fait le point sur le travail de son comité olympique.

La culture du sport de haut niveau n’est pas très développée en Belgique, ne trouvez-vous pas?

PHILIPPE VANDER PUTTEN: Si on compare à d’autres pays, comme les Pays-Bas par exemple, c’est un constat réaliste. Mais nous avons trop souvent tendance à opposer « sport pour tous » et « sport de haut niveau », alors que c’est une grave erreur. L’un nourrit l’autre. À partir du moment où nos compatriotes réalisent de très bonnes performances, il y a un effet d’entraînement chez les jeunes, qui vont se mettre à pratiquer avec ce rêve de podium en tête. On l’a notamment vu avec le hockey actuellement ou avec le tennis à l’époque Henin-Clijsters. Tout cela provoque un cercle vertueux, qui offre davantage la possibilité de détecter des talents. Et donc, plus de chances d’avoir de bonnes performances.

Si nos moyens étaient illimités, il y aurait évidemment beaucoup de choses à améliorer. »

Philippe Vander Putten

Pour développer cette culture, les résultats doivent donc être bons. Et en Belgique, ils le sont. Comment expliquer ça?

VANDER PUTTEN: Par des choix clairs. Quand il n’y a pas beaucoup d’argent, il faut oser faire des choix. C’est dommage pour ceux qui ne sont pas retenus, mais il faut oser mettre des limites au haut niveau. On voit notamment ça avec notre projet BeGold, mais aussi avec les athlètes subventionnés par le COIB. Nous avons concentré beaucoup de moyens là-dessus, sur la détection et sur l’encadrement pour ne rien laisser au hasard. Tout ça porte ses fruits. En sport, il faut faire attention aux petits détails qui font la différence lors de la compétition. Pour Tokyo par exemple, nous prêtons particulièrement attention à la chaleur et à l’humidité en cherchant des solutions pour gérer ces conditions et permettre aux athlètes de mieux les supporter. Je pense que ce sont ces détails qui ont amené nos bons résultats.

Y a-t-il encore des choses à améliorer selon vous?

VANDER PUTTEN: Si nos moyens étaient illimités, il y aurait évidemment beaucoup de choses à améliorer. Je vais prendre un exemple à Rio. Deux ans avant, en 2014, les Américains ont posté une personne à temps plein sur la baie de Rio pour récolter un maximum de données concernant le vent, la mer, les vagues, etc. Tout cela pour obtenir des médailles dans les épreuves de voile. Grâce à cette base de donnée, les athlètes pouvaient anticiper les conditions. Nous, nous ne pouvons pas faire ça. Seules les grandes nations le peuvent. Avec nos moyens, nous essayons de sélectionner les éléments qui auront le plus d’impact. Nous faisons le maximum avec nos finances.

Le CEO du COIB évoque l'avenir:

« Pour Tokyo, le budget est de 3,3 millions d’euros »

Quel est le budget total du COIB?

VANDER PUTTEN: Ça dépend des années. Les années olympiques sont en général plus coûteuses, mais si on prend un budget annuel type, on tourne entre dix et douze millions d’euros. Pour Tokyo, le budget est de 3,3 millions d’euros pour les JO et de 500.000 euros pour les Jeux Paralympiques. Une grosse partie de notre budget annuel.

Si on compare avec d’autres pays, que représente le budget de la Belgique?

VANDER PUTTEN: C’est difficile à comparer, parce qu’un comité olympique n’est pas l’autre. Si on prend le cas des Pays-Bas, leur comité olympique est l’équivalent à la fois de l’Adeps, de Sport Vlaanderen et de Ostbelgien. C’est donc compliqué d’avoir une idée claire. Ce qu’on a déjà analysé, c’est notre niveau d’investissement dans le sport de haut niveau, peu importe d’où il vient. Sur ce point, la Belgique est moins à la traîne que par le passé, même si nous sommes encore loin des grandes nations. Et il y a une corrélation entre cet investissement et les performances. Il faut alors que nous convainquions le politique et la population en créant un engouement et en montrant que le sport de haut niveau est un facteur important de motivation, d’intégration et de confiance en soi. Mais ne rêvons pas. Avec les politiques actuelles, on ne va pas doubler le budget.

Avoir plusieurs ministres des Sports en Belgique, et donc plusieurs administrations, est-ce que ça complique votre travail?

VANDER PUTTEN: Disons que ça ne facilite pas les choses, mais il faut rester pragmatique. Ce schéma est une réalité en Belgique et elle ne changera pas. On a donc mis en place une série de plateformes pour en tirer le meilleur parti. Il y a notamment l’ABCD et l’ABCD technique où tous les partenaires du sport de haut niveau, que sont l’Adeps, Sport Vlaanderen et Ostbelgien, peuvent aligner leurs politiques. C’est là que sont prises les décisions de soutien d’un sportif ou d’une équipe notamment, comme avec le hockey pour lequel nous ajoutons 600.000 euros annuels à l’argent déjà octroyé par les communautés. Nous travaillons en tout cas toujours dans une grande transparence, en coopération avec tout le monde.

Malgré l’échéance japonaise, il est important de se projeter déjà vers Paris 2024. Le fait que ces JO soient si proches de chez nous change-t-il quelque chose dans votre approche?

VANDER PUTTEN: Absolument. Quand on regarde les études internationales, on remarque que les pays qui organisent les JO ont, cette année-là, des performances exceptionnelles. Et nous considérons un peu que cette olympiade est chez nous, donc nous allons essayer d’en tirer tous les avantages possibles. Techniquement, les préparatifs seront beaucoup plus faciles puisque nous pourrons nous entraîner en Belgique et qu’il n’y aura pas de décalage horaire ni de changement climatique à digérer. Nous voulons vraiment profiter de cette année olympique de 2024 pour mettre en évidence la marque Team Belgium.

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