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Le Castors à l’heure européenne

Son emprise sur le basket féminin belge ne lui suffit plus. Après avoir trusté six championnats et quatre Coupes de Belgique en six saisons, le Castors Braine veut réussir en Europe et le fait savoir.

C’est le fameux tournant de la saison. Alors qu’elles sont menées de 21 points en cours de deuxième quart-temps, les Brainoises retournent complètement Villeneuve d’Ascq après la pause. L’espace de quelques minutes, elles entrevoient alors une deuxième victoire en deux rencontres d’EuroLeague et un départ idéal pour une bonne campagne 2018-19.

Malheureusement, la remontada s’arrête à 49-51. Dans la foulée, les Brabançonnes ne gagnent plus un seul de leurs matches et quittent la compétition à la dernière place.  » Cette saison européenne a été très difficile à vivre « , concède le président Jacques Platieau, installé dans les travées du Spiroudôme à quelques mètres des joueuses en plein entraînement.  » Aujourd’hui, on fait tout pour retrouver les sommets, ne fut-ce qu’avec un quart de finale d’EuroCup. Si on y arrive, on s’installera dans la durée. Si on échoue à nouveau, il faudra sans doute en conclure que ce n’est pas notre niveau.  »

Le messager Dusart

Pour favoriser l’aboutissement du premier cas de figure, le Castors Braine a frappé fort en enrôlant Frédéric Dusart en début de saison. T2 puis T1 de Villeneuve d’Ascq durant quatorze ans, le Valenciennois épingle notamment une EuroCup en 2015 (face au Castors) et un championnat de France en 2017 à son palmarès.  » Son atout principal est son expérience du basket féminin « , retient Jacques Platieau.  » Le coach de l’année dernière, Pascal Angillis, n’avait visiblement pas suffisamment fait ses preuves chez les dames pour évoluer à un tel niveau. Fred possède cette approche psychologique, sait gérer un groupe et faire fonctionner l’équipe dans le jeu.  » Le club brabançon aspire à de la stabilité après les nombreux changements d’entraîneurs de ces dernières années.

Ça tombe bien : Fred Dusart a soif de nouveaux challenges.  » J’avais fait le tour à Villeneuve et lorsqu’on touche le plafond, on ne peut que redescendre « , concède l’intéressé quelques instants après avoir mis fin à la séance du jour.  » J’ai toujours été impressionné par la progression fulgurante du Castors Braine, de l’arrivée en D1 en 2011 aux succès actuels en passant par la finale de l’EuroCup en 2015. Et puis, j’aime cette réelle ambition malgré un budget parmi les plus petits d’EuroLeague.  » Avec l’arrivée du mentor français au Complexe Gaston Reiff, c’est une nouvelle page qui s’écrit alors que d’autres se tournent.

Un an après avoir annoncé son intention d’évoluer à l’étranger, la Belgian Cat Antonia Delaere évolue désormais à Nantes Rezé. Un départ qu’il a fallu digérer, comme celui de la figure mythique, Merike Anderson.  » Merike a énormément apporté à Braine, mais elle souffrait au niveau physique et le poids de l’âge se faisait de plus en plus ressentir.  » Assise au milieu des tribunes du Spiroudôme, la team manager Kathleen Schuurmans pèse ses mots :  » Ça a fait mal à tout le monde, mais par rapport à ce qu’on voulait mettre en place, il était préférable de se tourner vers d’autres solutions.  »

L’Estonienne s’en est donc allée après six saisons et dix trophées. Dans l’autre sens, aux côtés des immuables Celeste Trahan-Davis, Olesia Malashenko et Manon Grzesinski, les dirigeants brainois ont ciblé des joueuses grandes et mobiles.  » Le coach voulait mettre l’accent sur un basket rapide et dynamique « , poursuit Schuurmans.  » On n’a pas de star, mais je pense qu’on a trouvé des bosseuses et des polyvalentes : la Néerlandaise Kourtney Treffers (1m87) peut être 4 ou 3, la Britannique Chantelle Handy (1m88) 2, 3 ou 4. Et la plus grande, la Lituanienne Egle Siksniute (1m98), est également très mobile.  »

Utilisée avec parcimonie la saison dernière, la très prometteuse Maxuella Lisowa (18 ans) prend une place plus importante cette année.  » Mon objectif est qu’elle devienne une joueuse majeure de l’équipe « , affirme même Dusart. Avec sept ans d’expérience en tant qu’entraîneur du Centre de Formation de Villeneuve d’Ascq, le Français possède les arguments pour persuader les jeunes du club qu’elles recevront leur chance. Tôt ou tard.

Concurrence positive

En EuroLeague, dans un groupe notamment composé d’Ekaterinbourg (les championnes d’Europe en titre), de Bourges (quart de finaliste) ou encore de l’USK Prague (multiples championnes de République tchèque), le Castors Braine a connu une fin d’automne probante en venant à bout des Italiennes de Venezia et des Turques de Cukurova. Sixième sur huit, le club possède pour le moment son billet pour la phase finale de l’EuroCup*.

 » Ces dernières années, on jouait à un haut niveau le mercredi en Europe et quelques jours plus tard, on se baladait en Belgique « , regrette Kathleen Schuurmans.  » Ça ne nous permettait pas d’évoluer et c’était parfois difficile de demander aux gens de payer pour des matches qui terminaient avec 50-60 points d’écart.  » Le président Jacques Platieau se réjouit dès lors de voir les choses changer.  » N’importe quel club pourrait suivre la même trajectoire que nous. J’ai l’impression que c’est ce qui se passe actuellement. Le Kangoeroes Mechelen nous a battus et sera un sérieux candidat pour le titre, comme le BBC Sint-Katelijne-Waver et le BC Namur qui nous challengent au classement. C’est une bonne nouvelle !  »

Toujours partagé entre une organisation professionnelle et bénévole, le cercle brabançon a décidé d’enclencher la vitesse supérieure dans son développement. Cela passera par la construction d’une nouvelle enceinte de 2.500 places à Braine l’Alleud pour l’horizon 2022 et par la potentielle organisation du Final Four européen au printemps prochain.  » Le Castors est candidat officiel avec Bourges « , se réjouit Jacques Platieau.  » L’objectif est d’ancrer encore un peu plus le basket féminin en Belgique.  » Et le nom des Castors au panthéon du basket européen.

*Le match retour décisif face à Venezia s’est disputé ce mardi soir.

Jacques Platieau  et  Frédéric Dusart
Jacques Platieau et Frédéric Dusart© BELGAIMAGE

Les hommes savent pourquoi

Le club masculin du Castors connaît son heure de gloire dans les années 80 en terminant cinq fois vice-champion de Belgique. Au printemps dernier, il s’est (quelque peu) rappelé aux bons souvenirs d’antan en compostant son billet pour la Régionale 2.  » Avec son aura internationale due à ses joueuses venues des quatre coins d’Europe, l’équipe féminine est clairement notre locomotive « , reconnaît le président Jacques Platieau.  » Mais en étant uniquement constituée de jeunes de Braine l’Alleud, la formation masculine séduit un public désireux de voir évoluer des locaux.  » Fin janvier, le Castors est situé aux pieds du podium.

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