Le canari corse

Son père fut le vice-président de Bastia, mais c’est à l’école nantaise qu’il a été éduqué.

L’Excelsior Mouscron n’a réalisé qu’un seul transfert durant le mercato : celui du jeune défenseur corse GrégoryLorenzi, formé à Nantes. Présentations.

 » Je suis né à Bastia il y a tout juste 20 ans « , explique-t-il.  » J’ai commencé à jouer au football dès l’âge de cinq ans. Comme mon père, AngeLorenzi, était dirigeant à l’époque (il fut le vice-président du SEC Bastia), j’ai grandi dans le milieu. Dans le jardin familial ou à l’école, j’avais toujours un ballon au pied. A 14 ans, j’ai intégré le centre de formation de Nantes. Pas la porte à côté, certes, mais cela ne me dérangeait pas. J’ai toujours eu l’envie d’aller voir ailleurs ce qui s’y passait. Je me disais que, si je voulais réussir, je devais à un moment donné voler de mes propres ailes. J’ai reçu plusieurs propositions et j’ai opté pour Nantes en raison de la réputation dont jouissait son centre de formation. Je ne l’ai pas regretté « .

Une journée type ?  » On commençait l’école à 8 heures du matin. A 10 heures, on montait sur le terrain. On retournait à l’école l’après-midi. Puis, de 16 h 30 à 18 h 30, c’était encore football. J’ai été soumis à ce régime tous les jours, pendant six ans. Parmi les entraîneurs, j’ai notamment eu le privilège de travailler avec LoïcAmisse, aujourd’hui en charge de l’équipe Première, et SergeLeDizet, un ancien joueur du club. Tous les entraîneurs sont des anciens joueurs. Ils perpétuent la tradition du jeu à la nantaise. A Nantes, depuis les û13 ans jusqu’aux professionnels, on inculque le jeu à une touche de balle, tout en mouvement, en essayant de progresser le plus rapidement possible vers l’avant tout en… évitant les duels. C’est toujours : donner, bouger « .

Cette formation nantaise, on la retrouve dans le jeu de Grégory Lorenzi. Pas question pour lui de dégager à l’emporte-pièce.  » J’ai toujours aimé le jeu construit. Il y a des moments difficiles dans un match où l’on est obligé de parer au plus pressé, mais dans la mesure du possible, j’essaye de soigner ma relance « .

Lauréat corse du Jeune Footballeur

Grégory Lorenzi n’a pas toujours été un défenseur.  » Gamin, j’ai joué à toutes les places. Jusqu’à dix ans, j’étais attaquant. Ensuite, on m’a octroyé divers rôles, en fonction des besoins de l’équipe. A Nantes, je suis devenu milieu de terrain défensif. Puis, j’ai reculé derrière. Depuis lors, je suis resté défenseur « . Plutôt central ou plutôt arrière gauche ?  » Plutôt stoppeur gauche, mais cela ne me dérange pas d’évoluer sur le flanc. Ou en milieu de terrain, s’il le faut. Je me plierai à la volonté de l’entraîneur « .

Reconverti en garde-chiourme, le fils d’Ange doit parfois se transformer en démon.  » Sur le terrain, il faut se faire respecter, et l’engagement ne m’effraie pas, mais je m’évertue à jouer proprement. En outre, j’ai toujours travaillé ma technique, à l’incitation de mon père dans un premier temps. Il me faisait répéter certains gestes jusqu’à ce que je les exécute à la perfection. Sinon, je ne pouvais pas rentrer à la maison. En Corse, j’ai remporté deux fois le Concours du Jeune Footballeur, qui consiste en jongleries, transversales, parcours technique, reprises devant le but, etc. Tout l’arsenal du parfait technicien. En tant que lauréat corse, j’ai participé à deux reprises à la phase nationale à Clairefontaine, où j’ai terminé troisième lors de ma deuxième tentative. Le vainqueur était GrégoryLacombe, un attaquant qui fut formé à Monaco et qui est prêté cette saison à l’AC Ajaccio. Les quatre premiers du concours ont effectué une démonstration à la mi-temps du match France-Turquie au Parc des Princes, et AiméJacquet a remis les prix. J’avais 13 ans à l’époque et j’ai toujours conservé les photos de cet événement. Ce sont des souvenirs inoubliables. Mais j’espère que le meilleur est encore à venir « .

Avec Mouscron à Munich

Au fait, pourquoi Mouscron ?  » J’ai signé pour six mois, avec option pour deux saisons supplémentaires. Je considère donc que je suis à l’essai durant le deuxième tour du championnat. Vous savez, lorsque l’on a joué pendant trois ans avec l’équipe Réserve de Nantes, on a l’impression de stagner. Pour progresser, je devais rejoindre une équipe Première. J’ai eu des offres de plusieurs clubs français de Ligue 2. Istres, notamment, qui est actuellement en tête du classement, Châteauroux, aussi. Mouscron avait l’avantage d’évoluer en D1 et d’être bien classé. Mais, ce qui a surtout fait pencher la balance, ce sont les installations. J’ai eu l’occasion de les visiter pendant une semaine, et franchement, j’ai été épaté. Dans l’Hexagone, beaucoup de clubs ne possèdent pas des installations pareilles, y compris en Ligue 1. Allez voir à Guingamp, au Mans et même à… Marseille. Les infrastructures ne sont pas d’une telle qualité. Et, lorsqu’on a connu la Beaujoire, on est sensible à ce genre de choses « .

Grégory Lorenzi connaissait l’Excelsior avant d’y débarquer.  » Je suivais déjà un peu la compétition belge, mais surtout, je gardais un souvenir précis de Mouscron datant d’il y a six ou sept ans. Avec les jeunes de Bastia, j’avais participé au tournoi de Munich et l’Excel était le représentant belge. Nous logions dans le même hôtel et j’avais donc déjà eu l’occasion de côtoyer certains joueurs. Je possédais d’ailleurs, à la maison, le fanion et le maillot des Hurlus. Tous ces souvenirs me sont revenus en mémoire lorsque j’ai débarqué au Canonnier « .

Pour ses trois premiers matches officiels sous le maillot de l’Excel, Grégory Lorenzi a déjà tout vécu, ou presque. Une fin de match incroyable au Standard, où les Hurlus, après avoir mené 1-3, se font rejoindre dans les arrêts de jeu : c’est d’ailleurs lui qui provoque le penalty de l’égalisation. Puis, un but inscrit contre le Cercle Bruges, en Coupe de Belgique. Et enfin, cette rencontre folle contre Mons, où l’Excel réduit à neuf parvient à mener 3-0 contre les Dragons avant d’encore trembler dans les arrêts de jeu.  » Sur le penalty concédé au Standard, je n’ai pas l’impression d’effectuer un geste en direction du ballon. Il y a eu une petite poussette et le ballon m’est retombé sur l’épaule. C’était involontaire. Mon but contre le Cercle, c’était mon tout premier au niveau professionnel. Il reste, à jamais, gravé dans ma mémoire. Surtout si l’on parvient à se qualifier ce mercredi. J’avais, l’espace d’un instant, retrouvé mes sensations d’ancien attaquant. Contre Mons, nous avons réalisé un bel exploit. Nous l’avons forgé au mental. Les exclusions, au lieu de nous abattre, nous ont finalement transcendés « .

Daniel Devos

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