Le Brugeois gentilhomme

Brugeois, Michel D’hooghe l’est assurément! A cent pour cent.!.Brugeois d’abord, Flamand ensuite et Belge enfin. Une hiérarchie flexible et modulable selon les circonstances, les ambiances et surtout selon les contextes. Michel D’hooghe n’a jamais manqué d’en jouer comme d’une arme de séduction.

En tant que président de la fédération, c’était le Belge qui, à chaque occasion, agitait son drapeau. Pour ne pas le fâcher, disons que Michel est un Belge, né à Bruges en décembre 1945 à une époque d’immédiat après-guerre où il n’était pas encore de bon ton d’être d’abord flamand.

D’aucuns ont dit que, sous sa présidence, l’influence flamande était allée croissante au sein de notre fédération.. Michel D’hooghe aura beau jeu de rétorquer à ses détracteurs qu’il fut le président qui maintint l’unité de la fédération contre vents et marées à un moment où la communautarisation du sport était, faut-il le dire, insidieusement subsidiée. Je crois que l’émotionnel chez lui n’a jamais pris le pas sur la raison. Lui, le diplomate, il est parvenu une fois de plus à contenter tout le monde et son père.

Tiens son père, parlons-en un instant. Au fond de son coeur, c’était un sympathisant du Cercle A l’époque, quand on avait fréquenté l’école des frères, on faisait automatiquement partie du centre de recrutement du Cercle. Et celui qui ,d’aventure, avait été voir le Club le dimanche, devait s’en confesser dès le lundi! Michel aurait, dit- on, promis à son père de ne jamais devenir président du Club…mais Léo Ferré a eu raison de chanter: »avec le temps , avec le temps va tout s’en va… ».

Michel lui est un élève des Jésuites. Qui l’aurait cru? On sait combien les chers Pères ont façonné l’âme de leurs chers élèves. Pour le meilleur et pour le pire! Six années d’humanités chez eux laissent des traces. Ne retenons que les meilleures: une forte personnalité, une formation intellectuelle au dessus de tout soupçon ,un goût profond pour la culture et l’humanisme. La fondation de la Casa Hogar au Mexique en sera l’expression la plus concrète.

Aujourd’hui, celui qui fut président de notre fédération de 1987 à 2001 effectue son grand retour dans notre foot national. Les initiés savent qu’il jouissait toujours d’une influence occulte certaine. Mais là, maintenant, il reprend du service actif . Et son retour est plus important qu’il pourrait y paraître pour qui connaît les enjeux du notre football professionnel. Sa zone d’influence devrait largement déborder du simple cadre de sa fonction présidentielle brugeoise.

En effet en devenant président du Club Brugeois, il revient dans la Ligue Professionnelle dont il fut aussi le président de 81 à 87 Mais le contexte de notre foot pro n’a plus rien à voir avec cette période antérieure. Aujourd’hui le Club Brugeois est un des grands du G5 qui veulent survivre sur la scène européenne quitte à sacrifier « les petits » qui les freinent dans leur expansion, au nom d’une solidarité de plus en plus remise en question.

Lui, Michel D’hooghe, chantre de la grande famille du football en tant que président fédéral va-t-il devoir partiellement sacrifier à l’individualisme qu’il a toujours combattu? L’autonomie de la Ligue Professionnelle de plus en plus réclamée radicalement par les grands aux dépens de la fédération devrait lui poser quelques problèmes de conscience, lui l’homme de consensus qui sacrifia tout sur l’autel de la solidarité. Et cela l’honorait. Que va faire le fin diplomate devant toutes ces questions conflictuelles? L’homme de principes, qui se prononça souvent dans le passé pour le respect des valeurs humaines face à l’argent et au pouvoir, aura t il assez d’arguments pour convaincre les pragmatiques de la Ligue Pro. Interviendra-t-il directement dans le débat ou se réfugiera t il derrière Antoine Vanhove? Car désormais, sa mission est de défendre les intérêts de Bruges contre tous, les intérêts de Bruges contre les quatre autres partenaires du G5, les intérêts de Bruges contre les dix ou douze autres petits de la D1,les intérêts de Bruges face à la fédération!

Ne soyons pas angéliques, tous ces intérêts ne sont guère convergents. Et bien que Michel en ait vu d’autres, il ne m’étonnerait pas pourtant que tout cela n’engendre quelques coup de sang -c’est un sanguin Michel- dont il a le diplomatique secret!!!

Disons, alors, une colère bleue pour le baron D’hooghe et une colère noire et bleue pour le nouveau président des Blauw en Zwart!

Michel est un élève des Jésuites. Qui l’aurait cru?

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