Le Borussia Dortmund souffre mais apprend

Le Borussia Dortmund développe un autre jeu avec Thomas Tuchel qu’à l’époque de Jürgen Klopp. Il est moins spectaculaire mais plus efficace.

Jeudi sera un jour spécial pour Jürgen Klopp, qui retournera à Dortmund avec Liverpool et se rendra à la salle de presse à l’issue du match aller d’Europa League. Il prendra place sur le siège réservé au coach visiteur. Klopp est une figure charismatique. Il rit et plaisante souvent, aux antipodes de Thomas Tuchel, un entraîneur professionnel, très rationnel.

Thomas Tuchel a replacé le Borussia Dortmund sur la route du succès, quittée l’espace de la saison dernière. L’équipe a marqué 47 buts au premier tour de Bundesliga, soit plus que sur l’ensemble de la saison précédente. Le Borussia est deuxième, qualifié pour les demi-finales de la Coupe, qui l’opposent au Hertha BSC le 20 avril, et considéré comme le principal favori à la victoire en Europa League.

Thomas Tuchel est à la recherche constante de moyens de dépasser ses limites, d’innover sur le plan tactique, de rendre ses joueurs plus souples et plus avides de gagner. De ce point de vue, il ressemble à Pep Guardiola. Il cherche et peaufine un concept au sein duquel les joueurs puissent exploiter leurs qualités au maximum. Comme il le dit, le ballon est un moyen de se sentir bien. Donc, le Borussia doit le posséder le plus possible. Ça peut paraître simple mais ça ne l’est pas, d’après lui. Tuchel parle constamment d’un jeu offensif structuré, de réflexion et d’actions rapides, d’un football développé avec une telle pression que les buts tombent automatiquement tout en excluant les risques. Thomas Tuchel parle de touche intellectuelle. Quelque part, l’entraîneur est une sorte de scientifique du football. Il ne peut pas supporter qu’une équipe dominée s’impose.

Le Borussia Dortmund développe un football moins spectaculaire mais plus efficace, surtout au second tour. Sa défense, coordonnée par l’international Mats Hummels, se déploie loin de son propre but, ce qui constitue un autre aspect du processus de développement de l’équipe. Tuchel construit progressivement, pierre après pierre, avec des accents offensifs car, répète-t-il, personne ne se met au football pour défendre. Il alterne chaleur et dureté avec ses joueurs : ils doivent souffrir et apprendre. Il se méfie de la presse mais est très loyal envers son employeur. Quand il entraînait le FSV Mainz 05, on lui a demandé s’il négociait avec Schalke 04. Il s’en est suivi un monologue de deux minutes sur l’éthique et les valeurs car il jugeait que la question constituait un manque de respect à l’égard de l’entraîneur de Schalke à ce moment, Huub Stevens.

PAR JACQUES SYS

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