Le boom du beach-boum

Voici deux semaines, histoire de prolonger l’été tant bien que mal, je me suis pris une sangria, j’ai foutu le chauffage à fond, puis me suis vautré dans mon fauteuil en bermuda et torse nu : et j’ai suivi sur BeTV quelques matches de la 12e coupe du monde de beach soccer à Copacabana. D’abord, vu que ça se passe depuis deux ans sous l’égide de la FIFA qui ne s’appelle pas FISA, je me suis demandé pourquoi l’appellation officielle était Beach Soccer plutôt que Beach Football. Et puis finalement, je me suis dit que cette appellation barbare était préférable vu que le beach soccer, à part qu’il se joue avec les pieds, est fort éloigné du football…

Sorry pour la pub mais, même si je serais sot de nier que s’y produisent quelques gestes spectaculaires, j’ai trouvé ce bazar globalement ridicule, à regarder en tout cas. La surface est de sable, sur lequel le ballon tombe et meurt en faisant plof, je ne vous apprendrai donc rien en vous révélant qu’il ne roule pas. Mais les conséquences de cet état de fait sont consternantes : aucune circulation de ballon, aucun dribble en mouvement digne de ce nom, aucune action réellement collective, aucune dimension tactique, c’est du foot sans courses, sans chevauchées,… ce n’est pas du foot ! Si j’aimais ricaner, j’ajouterais même que ce qui l’en rapproche le plus, ce sont les fautes : obstructions des bras et slidings des jambes font florès lors des duels, d’autant plus prolongés que le ballon est immobile quand tu le disputes et que le sable est mou quand tu t’y jettes ! Ne me faites plus croire que le beach est le royaume du fun, du cool et du fair-play, Argentine-Uruguay fut un combat de chiffonniers de la meilleure veine. Encore heureux que ces va-nu-pieds jouaient pieds nus…

Comment marque-t-on à la plage ? Fort souvent en frappant fort. Au beach, le roi du BOUM s’appelle Madjer, Portugais comme son surnom ne l’indique pas, et doté d’une frappe/pied gauche que jalouse à Trévise Walter Baseggio !

Donc, au beach, soit tu obtiens une faute et tu fais BOUM sur coup franc de toute ton âme et de toutes tes forces.

Soit tu es face à l’adversaire, tu te décales en poussant une fois ton ballon de côté (à condition que les dieux t’aient doté d’un super coup de rein), et tu profites du quart de seconde où le mec n’est plus devant toi pour faire vite BOUM avec la même âme et les mêmes forces.

Soit, mais plus rarement, tu arrives à t’isoler de ton adversaire (éternellement direct) à la réception d’un centre aérien, et ta volée est alors acrobatique sous les vivats de la foule en délire.

Soit, je le concède, arrive à éclore, miraculeusement, un une/deux victorieux…

Je confesse donc qu’au total, actions et buts me sont apparus atrocement répétitifs, notamment cette propension énervante à se soulever le ballon pour soi-même avant de tenter frappe ou passe en drop. Quant à rêver de trois passes consécutives en un temps, vaut mieux oublier…

Bref. Autant le beach doit être marrant à pratiquer en vacances, autant il ne mérite pas comme spectacle d’être davantage médiatisé que des tas d’autres dérivés du vrai foot, à commencer par le futsal bien plus agréable à suivre ! Si vous êtes vraiment des accros de la bicyclette footeuse et autres bazars en l’air avec les pieds, je vous conseille plutôt le sepak takraw, populaire en Asie et où les protagonistes se situent de part et d’autre d’un filet de badminton. Si vous aimez les une/deux, existe un machin qui s’appelle le jorkyball et qui se joue en double sur un terrain de type squash. Je rappelle au passage pour les feignants techniques qu’existe toujours bêtement le tennis-ballon, lequel a ses plaisirs.

Pour les fêlés de tendance Jackass, existe très officiellement en France le roller soccer,… sans oublier le kicker géant avec de vrais humains ! J’en passe, et des meilleures. Mais je m’en voudrais de passer le dernier en date, le swamp soccer, littéralement foot de marécage, qui se joue dans la boue : ce qui, tout bien réfléchi, est plus salissant mais pas plus con que le sable, et incontestablement plus fun ! Personnellement, j’envisage de créer la fédération de picpicball, il s’agira de foot pieds nus sur terrain en cactus. C’est n’importe quoi, qui m’aime me suive.

par Bernard Jeunejean

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