Le bon tempo

Le coach part mais le tour final approche.

Après quatre saisons, Joël Crahay va quitter l’Union-St-Gilloise. La décision est entérinée depuis la mi-janvier. Avant lui, il faut remonter loin pour retrouver un entraîneur qui soit resté aussi longtemps en poste. A cinq journées du terme, son équipe nourrit encore l’espoir de participer au tour final. Bref, l’annonce du départ du coach n’aura pas eu d’incidence négative sur l’ambiance.

« Le tout s’est passé de la manière la plus courtoise qui soit », explique Joël Crahay. « Le 15 janvier, j’ai rencontré le président, Giovanni Ravasio, et le manager général, Jacques Swalens, pour leur signaler que j’avais trois propositions et qu’avant d’en finaliser une, je désirais connaître leur position. Les deux hommes m’ont annoncé qu’ils ne pouvaient rien me promettre tant à mon niveau personnel qu’à celui du noyau et que si j’avais une offre intéressante je ne devais pas hésiter. Etant donné la conjoncture économique, il n’était pas question de prendre le risque de me retrouver sans rien. Je me suis octroyé huit jours de réflexion avant d’accepter le contrat que me proposait Tempo Overijse. La preuve que tout s’est passé normalement, c’est que depuis l’annonce de mon départ, nous avons aligné sept matches sans défaite avant de nous incliner à Malines le 23 mars ».

Enveloppe budgétaire réduite

Lorsqu’il a accepté l’offre de l’ex-président unioniste, WillyMichielsen, Joël Crahay était conscient qu’il allait se retrouver à la tête d’un noyau suffisamment riche en profondeur pour viser le tour final. Mais, dans son discours, le numéro un de l’époque lui fit comprendre qu’il était devenu indispensable de réduire la masse salariale et de profiter au maximum des jeunes du cru.

« De ce point de vue, M. Michielsen était un précurseur. S’il n’avait pas agi de la sorte, l’Union n’existerait plus d’autant qu’à l’époque, le club devait en plus faire face aux problèmes engendrés par la descente au terme de la saison 96-97. A la fin de ma première saison, le club s’est séparé de Mudingayi, Capilla, Uytdenhoef,Vanderbiest, Lindon Johnson et Bilwani et a transféré des joueurs moyens. La seconde année a donc été difficile. Pour nous sauver, nous avons d’ailleurs été obligés de transférer AxelVergeylen, un attaquant ou un soutien d’attaque, capable de faire la différence. Nous avons terminé onzièmes et c’était une performance car nous avons enregistré beaucoup d’accidents de jeu qui ont mis plusieurs joueurs sur la touche pendant de long mois comme Nicolas Flammini (touché aux ligaments croisés, au ménisque et cartilage), YvesCums (touché aux ligaments croisés et pied cassé).

Cette année, la situation n’est guère meilleure. Cums s’est occasionné une nouvelle fracture du pied; depuis le premier match du deuxième tour à l’Olympic, Cyril Mangin connaît des problèmes aux intestins et est allé se soigner chez lui à Metz et voici cinq semaines que Francis Sébastien (ligaments croisés déchirés) est out. C’est seulement au cours de la troisième saison, que l’on a commencé à sentir le fruit du travail: cinq ou six jeunes tels Nana Kofi Gyimako (25-06-83) et Charly Mosango (12-02-85) ont fait leur apparition en équipe Première, Jean-Luc Walschap (27-05-80), qui vivotait en Espoirs, a plus joué et Thierry Coppens, qui jusque-là était barré par Uytdenhoef, devenait titulaire dans les buts ».

Tout cela ne suffit pas pour nourrir des ambitions et contrecarrer une équipe comme Tubize dont le noyau est plus étoffé.

« Si nos jeunes ont reçu une bonne formation technique, ils n’ont pas perfectionné l’aspect tactique et physique. Il leur faut donc un certain temps pour se mettre à niveau face à des adultes qui ont très souvent évolué en D2 voire en D1. Ils doivent résorber un gros déficit au niveau du jeu de position, du jeu sans ballon et aussi muscler leur jeu, faire preuve de plus d’agressivité. Voilà pourquoi si nous terminons de nouveau derrière les grosses cylindrées, nous pouvons estimer que c’est un exploit. Car à cela il faut ajouter que nous ne pouvons aligner notre duo d’attaque et que cela se ressent évidemment au niveau de la réalisation ».

Non à La Louvière

Pourtant, Joël Crahay insiste sur le bon travail effectué par l’ensemble du staff technique et médical. « Qu’on ne s’y trompe pas: gérer un noyau de D3 sans joueur professionnel n’est pas plus facile qu’un groupe de D1. A ce niveau, il est aussi impossible de travailler seul. Il faut déjà pouvoir déléguer et compter sur des personnes compétentes. Ce qui a été le cas à l’Union où aucun joueur n’a été victime d’un incident musculaire. Et pourtant, on a affaire à des joueurs qui travaillent la journée, certains ont des boulots exigeants comme livreur, d’autres restent toute la journée debout et certains sont en sport-études ».

Une situation difficile à contrôler dans la mesure où Joël Crahay mise généralement sur un système avec trois défenseurs, quatre ou cinq médians, mais toujours deux attaquants.

« J’ai bien entendu demandé à notre président s’il n’y avait pas moyen de transférer un attaquant mais il m’a répondu que le club ne pouvait pas se le permettre. Alors je n’ai pas insisté et j’ai respecté ce choix. Ce n’est pas facile avec une enveloppe budgétaire de 325.000 euros dont les deux tiers représentent la masse salariale, d’effectuer des efforts supplémentaires sans se casser la figure ».

Cette situation économique difficile a-t-elle incité Joël Crahay a aller voir ailleurs?

« Mon ambition est évidemment de tenter un jour ma chance en D1 en tant qu’adjoint tout au moins. Mais pas à n’importe quel prix. C’est ainsi que la saison dernière j’ai été approché par La Louvière pour devenir adjoint d’ Ariel Jacobs. J’ai refusé parce que je devais abandonner mon poste d’employé à la Cocof et que, financièrement, je ne m’y retrouvais pas. Dans ce cas, autant accepter l’offre d’un club ambitieux d’une division inférieure ».

Nicolas Ribaudo

« Depuis l’annonce de mon départ, on n’a pas perdu sept matches de suite » (Joël Crahay)

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