Le bon PROFIL

Pour le manager des licences de l’UB, nos clubs ont à gagner en crédibilité et en transparence et peuvent voir venir la licence européenne avec sérénité.

Pour ce qui concerne RolandTis, le manager des licences, une chose semble acquise : sa carrière d’expert comptable laissera plus de traces dans l’histoire de l’Union Belge que celle de footballeur. Il joua en Préminimes puis en Minimes à l’Union Saint-Gilloise, rue de la Soirie, même pas au parc Duden. Il taquina encore le ballon rond au collège avant d’oeuvrer dans l’obscurité d’équipes amateurs de l’ABSSA ou de l’ABCA. Il ne s’en souvient plus très bien.

 » J’ai arrêté de jouer vers 25-26 ans « , avance-t-il.  » Plus tard, je suis devenu trésorier du RWDM. Bénévole au début. On m’a ensuite remboursé mes frais de déplacement avant que je reçoive une petite rémunération. J’ai quitté le stade Machtens en 1997 « .

Entre-temps, notre homme était entré à l’Union Belge. Il a commencé à siéger au comité d’appel en 1992. Cinq ans plus tard, il devint également trésorier de la Ligue Pro. A ce titre, il fut sollicité pour siéger à la Commission des licences dès sa création en 2001. Il participa également à Nyon à l’élaboration et la mise en place de la licence UEFA. Il était donc le candidat tout désigné pour devenir le manager des licences de l’Union Belge.  » Je sais qu’il y eut un appel aux candidatures dans la Vie Sportive. Je ne sais pas s’il y eut d’autres candidats que moi. Je fus proposé par la Ligue Pro et le comité exécutif donna sa bénédiction « .

Législations européennes trop disparates

C’est la première fois cette année que la licence UEFA est décernée pour pouvoir évoluer en Coupe d’Europe la saison prochaine. La fédération européenne a prévu un budget pour chaque fédération pour l’application des nouvelles normes mais Tis est rémunéré par l’Union Belge.  » Le but de la licence européenne est d’assainir les finances des clubs car il est évident que l’équilibre financier est le plus difficile à réaliser pour bon nombre de cercles. Tout le monde devrait en sortir gagnant puisque les clubs gagneront en crédibilité et en transparence « .

L’idéal aurait été de créer un seul organisme au niveau européen mais juridiquement cela ne tenait pas la route car les législations sont encore trop disparates. Un jour peut-être ce sera possible. En attendant l’UEFA a donc chargé chaque fédération de faire le travail.  » Mais nous avons eu plusieurs réunions à Nyon pour accorder les violons. Les pays qui employaient déjà le système de la licence, comme c’est le cas de la Belgique, ont pu apporter les acquis de leur expérience « .

C’est dans cette optique que chaque association a dû nommer un manager des licences.  » Ma tâche est tout d’abord celle d’un conseiller. Pour chaque dossier, j’ai mis le doigt sur des points qui pouvaient éventuellement poser problème. Et nous avons trouvé des solutions avec les différents responsables des clubs. Sur les 18 membres de la Ligue Pro, un seul a estimé qu’il était assez grand pour voler de ses propres ailes et donc se passer de mes services « .

Lequel ?  » Vous avez droit à un seul nom « . Disons l’Antwerp.  » C’est raté, le club de Deurne a été très coopératif « .

La tâche suivante du manager des licences est de rédiger un rapport pour chaque club destiné à la commission. Le sang de Tis n’a fait qu’un tour lorsque deux clubs, Genk et Germinal Beerschot, qui avaient pris connaissance de ce rapport, assez positif, ont annoncé sur leur site internet que c’était dans la poche concernant la licence.

 » C’était aller trop vite en besogne. Tout d’abord parce que je n’ai aucun pouvoir de décision. C’est la commission des finances qui est souveraine. Je dois défendre les dossiers de chaque club devant elle et ma mission se limite là au niveau belge « .

Les premières licences

La commission a accordé jeudi dernier la licence UEFA à Anderlecht, au Club Brugeois, au Standard, à Westerlo, à Genk, à Mouscron et au Germinal Beerschot. Seul, Lokeren s’est fait recaler et n’a obtenu que la licence nationale tout comme Gand, le Cercle, Charleroi, Mons et St-Trond, La Louvière et l’Antwerp sont en délibération et l’examen des dossiers de Beveren, du Lierse et d’ Heusden-Zolder ont été mis en continuation. Roland Tis ira présenter les sept dossiers UEFA à la fédération européenne.

Parmi les lauréats, quelques-uns ont dû faire des aménagements autres que financiers. C’est ainsi que Westerlo a dû rétrécir son terrain qui dépassait dans ses dimensions les normes UEFA.

D’autres clubs ont joué de subterfuges pour sauter les obstacles. Ceux dont les stades ne sont pas conformes, au niveau du nombre minimum de places assises par exemple, pourraient aller jouer leurs matches européens chez le voisin, comme le fit La Louvière au Mambourg. Marc Brys est le seul coach de D1 à n’être pas en possession de la Licence Pro d’entraîneur, mais son adjoint, Paul Degenaers, l’a.

L’introduction de la licence UEFA vient se greffer sur la licence nationale pour laquelle la Belgique possède déjà une expérience certaine. C’est en effet la quatrième année qu’elle est d’application chez nous. Avec aussi trois grosses victimes : RWDM, Harelbeke et Lommel. Et d’autres qui n’ont pas été mortellement touchés mais en ont connu des conséquences dramatiques aux niveaux financier et sportif : Turnhout, le FC Malinois, Berchem Sport et le FC Liégeois. La licence UEFA permettra-t-elle d’éviter ce genre de cataclysmes ?

 » Dans la phase actuelle, sûrement pas. Nous recevons en effet les données et les informations après coup. Si la situation est très grave, le mal est fait et il est impossible de revenir en arrière. Les clubs qui filent du mauvais coton, nous les repérons deux ou trois ans à l’avance mais nous n’avons pas à l’heure actuelle les moyens d’intervenir « .

Le lobbying des grands clubs

La prévention des catastrophes financières pourrait devenir une réalité en 2005 lorsqu’il s’agira de mettre en £uvre le dispositif d’octroi des licences UEFA pour la saison 2006- 2007.

 » Lors de cette deuxième phase, nous seront tenus au courant de l’état financier et des comptes de chaque club. Dans cette deuxième phase, nous pourrons alors rectifier le tir si cela s’avère nécessaire. Un plan de trésorerie des clubs de football est en train d’être élaboré. Son application facilitera la vie de tout le monde. Cela permettra aussi de tirer un bilan mensuel pour chaque club et suivre l’évolution financière de chacun. Seule une partie de l’aspect privé des bailleurs de fonds par exemple nous échappera encore. Si du jour au lendemain, le principal ou le seul actionnaire d’un club s’en va, nous n’y pourrons sans doute rien « .

A partir de 2007, il est prévu une troisième phase. A ce stade, l’UEFA exigera que les clubs puissent faire état de finances positives à tout moment et puissent fournir la preuve qu’ils sont en mesure de faire face à tous leurs devoirs pécuniaires pour la saison suivante.

 » Là, je suis sceptique. Je ne pense pas que les grands clubs accepteront cela. Car quelques-uns parmi les plus grands devraient se passer de coupe d’Europe « .

Les événements tendent à lui donner raison. L’Espagne et l’Italie font actuellement un lobbying monstre à Nyon pour que les normes soient adoucies. Le nouveau directeur général, Lars-Christer Olsson, qui a succédé à Gerhard Aigner en début d’année, dit que l’on se montrera intransigeant.  » Quitte à faire l’un ou l’autre exemple spectaculaire « .

Mais même en 2007, les clubs belges ne devraient pas être concernés.

Guy Lassoie

 » Bientôt un BILAN MENSUEL pour chaque club « 

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