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Le ballon sur le coeur

Investir dans le noyau ? Ils le font. Investir dans les infrastructures ? Ils le font. Investir dans la formation des jeunes ? Ils le font. Investir dans le social ? Ça, aussi, les clubs le font. Caritatif et football font souvent bon ménage.

Le milieu du football a beau brasser des milliards chaque année, les clubs n’hésitent pas à dépenser une partie de leur fortune dans des oeuvres caritatives et des projets sociaux. Une manière de se donner bonne conscience ? D’éluder une partie de l’impôt ? Pas forcément.

Les liens entre le ballon rond et les bonnes oeuvres ne datent pas de l’avènement du foot business. Au XIXe siècle, à l’époque où le sport est majoritairement pratiqué par les gens de  » bonnes familles « , on participe déjà à des projets caritatifs.

De même, les clubs créés au départ de cercles religieux adoptent les mêmes valeurs. Difficile également de ne pas évoquer les  » clubs d’entreprises  » fondés pour permettre aux ouvriers et employés de pratiquer le football.

Au fil du XXe et maintenant du XXIe siècle, la pratique n’a cessé d’être activée par les clubs à plus ou moins grande échelle. Des places offertes pour assister aux matchs aux dons financiers en passant par des projets sociaux locaux, les bonnes oeuvres sont diverses et variées.

Un rôle social à jouer

C’est une maxime fort répandue dans le microcosme du football, que l’on soit en D1 ou en P4 : les clubs ont aussi un rôle social à jouer. Phrase bateau ou vraie volonté de s’inscrire dans la région qui les abrite ? C’est souvent la seconde option qui s’affirme.

De manière générale, la place du sport dans la société est importante, en ce sens qu’il permet, autour d’un objectif commun, d’unir différentes personnes. Le sport permet à ses pratiquants de devenir des acteurs sociaux car il partage des valeurs de respect, de tolérance et d’effort avec la société civile.

Pour les clubs, cela se traduit de manière basique par l’accueil des enfants, qu’importe leur niveau (du moins jusqu’à un certain âge). Certains vont évidemment plus loin en cherchant à devenir de véritables acteurs de terrain. Bien évidemment, plus l’aura du club est grande, plus ses actions peuvent toucher un large public. Pour les clubs professionnels, c’est aussi une manière de rendre à la société, aux citoyens, ce qu’ils lui ont offert.

Du côté du Club Bruges, on met en avant ce fameux rôle social à jouer.  » Le Club tient à faire usage de son grand impact social pour laisser une empreinte positive dans notre société. La direction et les employés s’activent au quotidien pour faire de Bruges un club accessible et ouvert à tous, quelle que soit l’origine, la classe sociale et les convictions de chacun.  »

Les grands prêchent l’exemple

Pour mieux structurer et coordonner leurs actions, plusieurs clubs de Jupiler Pro League ont mis en place une fondation (privée ou d’utilité publique). C’est le cas à Charleroi, à Anderlecht, à Bruges, à Gand et au Standard.

Si le Standard est toujours en train de mettre en place sa fondation – le club a récemment modifié ses statuts pour lui permettre de soutenir la fondation -, au Club Bruges, en revanche, une telle structure existe depuis 2007. Deux personnes travaillent à temps plein pour la Fondation du club de la Venise du Nord, bien aidées par 120 bénévoles.

Chez les Buffalos, il s’agit d’un partenariat entre le club, les services sociaux de la Ville et les supporters. Sur le site du club, on peut lire que La Gantoise est  » une organisation à vocation sociale « . Ainsi, la mission de base de la fondation est  » l’organisation et le soutien de projets socio-émancipateurs pour les Gantois issus de groupes défavorisés.  »

Du côté du Parc Astrid, la Fondation Constant Vanden Stock (2011) permet à la famille Vanden Stock de continuer à s’impliquer au RSCA. En effet, les filles ( Claire et Julie) et la femme ( Lucienne Liebaert) de Roger Vanden Stock font toujours partie des administrateurs de la fondation. Lucienne Liebaert en est même la présidente.

Depuis plusieurs années, Anderlecht a sa fondation.
Depuis plusieurs années, Anderlecht a sa fondation.© BELGAIMAGE

Des publics bien ciblés

Enfin, chez les Zèbres, c’est en 2015 que la Fondation Sporting de Charleroi a été créée.  » La fondation permettra de mieux structurer les actions sociales, de les mettre en lumière et de les développer. Un des objectifs de la Fondation Sporting de Charleroi est aussi de présenter une autre facette positive du club « , peut-on lire sur le site du club.

La plupart des projets soutenus par les fondations des clubs s’adressent à des publics bien ciblés : les enfants, les personnes porteuses de handicap, les couches défavorisées de la population.

À Charleroi, comme à Anderlecht, on s’active dans le soutien scolaire par exemple. À Bruges, on mise sur 4 piliers : sport, intégration, santé et éducation. Le Club a par exemple monté une équipe pour enfants autistes ou mis en place un système de commentaires en tribune pour supporters aveugles. Ce que fait, par ailleurs, Anderlecht aussi.

Gand permet, lui, aux SDF, réfugiés, seniors ou encore aux personnes souffrant de problèmes psycho-sociaux de se retrouver dans l’une des trois équipes montées spécialement pour la cause.

Avantageuses, ces fondations ?

Mais, derrière les beaux discours et les actions sociales menées par les clubs, que se cache-t-il derrière une Fondation ? Structure indépendante du club, elle y est tout de même liée, que ce soit par le financement, les administrateurs, les locaux utilisés et, bien évidemment, par le nom.

Avec seulement un Conseil d’administration de minimum trois personnes, la fondation n’a de compte à rendre à personne puisqu’il n’y a ni associés, ni membres (et donc encore moins d’assemblée générale). La marge de manoeuvre d’une telle structure est donc bien plus grande que s’il s’agissait d’un simple service au sein du club.

En outre, les fondations privées peuvent être soumises soit à l’impôt des personnes morales, soit à l’impôt des sociétés. Lequel est le plus avantageux ? Cela dépend vraiment des cas, tant chaque situation amène une réponse différente mais, pour les clubs de foot, on est plus souvent face à l’IPM : le taux d’imposition est réduit et permet donc de payer moins. En revanche, l’impôt payé n’est pas récupérable si une année n’a pas été bonne. Tout est donc question de calcul.

En ce qui concerne le financement, la fondation peut recourir à des fonds extérieurs. Au Club Bruges, la Fondation est soutenue à 50 % directement par le club, le reste étant ventilé entre les recettes propres (25 %), les dons (15 %) – qui bénéficient d’un régime fiscal plus intéressant dans ce cas – et les subsides (10 %).

Le Club peut donc se permettre de capitaliser sur son nom et sa réputation sans pour autant devoir subvenir totalement aux besoins de sa structure soeur, ce qui ne serait évidemment pas le cas si les projets sociaux et caritatifs étaient entièrement dirigés depuis un service interne.

Jusqu’en P4

Mais les clubs n’ont pas spécialement besoin de disposer d’une fondation pour se lancer dans des projets caritatifs. Aujourd’hui en état de mort clinique, le projet Football+Foundation émanait de l’Union Belge, de la Pro League et de la Ligue Nationale de Football. Celui-ci permettait à des clubs de tous les niveaux de se voir récompensés pour leurs actions sociales.

Le FC Horion, club de 4e provinciale liégeoise, fut le premier vainqueur de l’Award décerné par la fédé.  » L’Union belge avait demandé au club de travailler sur la problématique de l’acceptation des LGBT dans le foot. On s’est mis en contact pour monter un projet qui s’est concrétisé avec des lacets arc-en-ciel aux chaussures des joueurs du club mais également avec un travail de fond sur la sensibilisation « , raconte Rudi Rulli, le président d’Horion.

 » Avec les plus petits, comme ce n’est pas évident de parler de ça, on a élargi le sujet pour travailler sur toutes les différences : religion, couleur de peau, nationalités, etc… « , poursuit-il.  » Même si le projet de la fédération est aujourd’hui au point mort, on ne s’est pas arrêté là et on continue à travailler.  »

On peut également citer l’exemple de Kraainem où le club local a mis en place un programme d’accueil des réfugiés. Le football comme vecteur d’intégration, en quelque sorte. Quelque 40 nationalités s’y côtoient. Kraainem est ainsi soutenu dans son projet par la Commission Européenne, la Fondation UEFA pour l’enfance, Fedasil, l’Union belge, Levi Strauss, la Loterie nationale, Engie, PV et la Fondation Roi Baudouin.

L’Union belge accentue l’aspect social

La fédération belge va plus loin que simplement soutenir les initiatives des clubs. La Maison de Verre n’hésite pas à elle-même s’associer à des acteurs sociaux pour développer et aider des projets. Les deux dernières années, elle s’était liée aux associations Familles d’Accueil et Pleegzorg Vlaanderen.

Récemment et jusqu’à l’EURO 2020, elle a conclu un nouveau partenariat autour des Diables Rouges avec deux autres associations : Bednet et Take Off . Celles-ci sont actives dans l’aide scolaire aux enfants hospitalisés. Pour notre équipe nationale, il s’agit de faire profiter Bednet et Take Off de leur notoriété pour leur apporter plus de visibilité. En outre, il est prévu que des tickets pour les matchs à domicile soient distribués et que des rencontres avec les joueurs soient organisées.

Ces deux associations permettent à des enfants malades de suivre leur cursus scolaire à distance.  » Tout le groupe est impatient de soutenir tous les enfants malades en Belgique qui n’ont pas la possibilité d’aller à l’école à cause de leur maladie. Il est super que des organisations telles que Take Off et Bednet s’engagent à faire le nécessaire afin que ces enfants puissent rester au contact de leurs compagnons de classe et de leurs enseignants « , a commenté Eden Hazard dans un communiqué de la fédération.

 » Les Diables Rouges vont parler de nous, de ce que nous faisons. Il y aura également de la pub pour nos associations durant les matchs « , explique Francesco Amato, le responsable de Take Off.  » Des footballeurs devraient également se rendre dans les hôpitaux avec lesquels nous travaillons pour rencontrer les enfants.  » Pas de soutien financier, ici, mais plutôt moral qui pourrait ouvrir des portes à ces asbl.

C’est donc avec une vraie volonté de faire le bien autour d’eux que les clubs s’engagent sur le plan social, avec des fondations ou non. Des actions qui méritent d’être mises en valeur et qui montrent que le football, ce n’est pas que 22 gars qui tapent dans un ballon.

Paul-José Mpoku s'investit à fond pour
Paul-José Mpoku s’investit à fond pour  » son  » Verviers.© BELGAIMAGE

Joueurs généreux

Les clubs et fédérations ne sont pas les seuls à oeuvrer dans le social. Les joueurs aussi aident des projets, en soutiennent, ou en montent carrément. Thierry Henry, par exemple, avait décidé de reverser son salaire  » belge  » à des bonnes oeuvres, lui qui était déjà grassement payé par Sky comme consultant.

En Belgique, toujours, Paul-José Mpoku n’hésite pas à donner de sa personne pour soutenir des projets sociaux. Il n’y a pas si longtemps, il a mis la main à la poche pour permettre la rénovation du terrain de foot du Prés-Javais, à Verviers. C’est ce terrain qui a été témoin des premiers pas footballistiques du numéro 44 du Standard.

Le Verviétois organise également le match  » Bruxelles vs. Verviers  » dont les bénéfices sont reversés à des associations de soutien à la jeunesse bruxelloise, à des orphelinats en Afrique ou encore à la Fondation Junior Malanda.

On peut également citer Juan Mata et son action  » Commun Goal  » dont le but est de reverser 1 % des revenus du football à des oeuvres caritatives, à commencer par le salaire des footballeurs.  » Je lance quelque chose, et j’espère que cela changera le monde, même seulement un petit peu. J’espère que les autres footballeurs autour de la planète vont m’aider dans ce projet « , a-t-il expliqué sur the Players’ Tribune.

 » Aucun enfant ne devrait avoir à vivre comme cela. En voyant ces conditions, je me suis senti mal.  » Aujourd’hui, outre le joueur de Manchester United, on compte Alex Morgan, Kasper Schmeichel, Matts Hummels, Shinji Kagawa ou encore Julian Nagelsmann parmi les membres donateurs.

Cristiano Ronaldo, lui, a décidé il y a quelques années de mettre en vente son Ballon d’Or 2013 pour soutenir la fondation Make a Wish. Grâce à un généreux donateur, 600.000 euros ont pu être offerts à l’association.

À pleins tubes pour la fondation des Zèbres.
À pleins tubes pour la fondation des Zèbres.© PG

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