Le Bacardi coca de Juan Lozano

Un an à peine après son transfert d’Anderlecht au Real Madrid, Juan Lozano est en passe de se reproduire au Parc Astrid. C’est que le tirage au sort des 1/8es de finale de la Coupe de l’UEFA 1984-85 débouche, précisément, sur un clash entre les deux équipes. Pour présenter l’affiche, rien de tel, bien sûr, qu’une interview avec le joueur dans la capitale espagnole. Pas compliqué à réaliser, à l’époque, dans la mesure où il suffisait tout simplement d’un coup de fil pour goupiller un rendez-vous.

-Un reportage avec moi ? Pas de problème, jeudi prochain si ça t’arrange. J’ai entraînement le matin à la Ciudad Deportiva et ensuite je suis libre. On peut casser la graine ensemble si tu veux.

Le jeudi en question, je me rends de bonne heure, avec le photographe Philippe Crochet, au complexe sportif des Merengue, à 3 kilomètres du stade Santiago Bernabeu. L’un après l’autre, les joueurs y débarquent dans des bolides plus rutilants les uns que les autres. Notre homme ne dénote d’ailleurs pas, au volant de sa Porsche. Une fois la séance terminée, il nous emmène à Chamartin, histoire de poser pour les photos d’usage, après quoi il nous véhicule non loin de là au Cachirulo, un bar typique avec sciure de bois sur le plancher.

Tu prends quoi ? Un Bacardi coca comme moi ? Hola, hombre, dos colas con vitaminas por favor. Etonné ? Je viens d’apprendre que je ne ferai pas partie du onze de départ ce week-end, alors je peux me laisser aller un peu. Après l’apéro, je t’emmènerai à un autre endroit où j’ai mes aises : le restaurant La Dorada. On y mange du poisson succulent. Et le vin y est très bon.

Au comptoir et à table, plus tard, notre homme n’en finira pas de se lâcher. A tel point que je me demande, à un moment donné, si je pourrai vraiment retranscrire tout ce qu’il me raconte. Mais il n’en démord pas : tout ce qu’il dit peut être publié sans problème. Pourtant, il y a là du lourd. Du très lourd, même. Morceaux choisis :

-Je n’aurais jamais dû quitter Anderlecht. Ici, c’est chacun pour soi. Seul le gardien ne revendique pas le titre de meneur de jeu ;

Galoper pendant 90 minutes, c’est tout ce qu’on attend de moi ;

-L’entraîneur, Amancio, a ses têtes et la mienne ne lui revient pas, etc…

Le dimanche, à Murcie, comme prévu, Juan Lozano ne figure pas dans l’équipe de base. Il sera privé aussi de retrouvailles avec le public anderlechtois quelques jours plus tard (succès 3-0 des Sportingmen). En revanche, il répond bel et bien présent sur le terrain au match-retour. Avec, à la clé, une victoire 6-1 cinglante de ses couleurs…?

PAR BRUNO GOVERS

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