LANSDOWNE ROAD

A Dublin, le plus vieux des stades nationaux est mis entre parenthèses : la rénovation va durer deux ans.

Le 15 novembre dernier, la République d’Irlande a battu Saint-Marin 5-0 dans le cadre des qualifications pour l’Euro 2008. Si la réputation des deux équipes n’avait pas de quoi rendre cette confrontation particulière, elle le fut pour le lieu, le mythique Lansdowne Road de Dublin, à qui Robbie Keane et ses coéquipiers ont fait leurs adieux en cette occasion (l’équipe de rugby a fait de même 10 jours plus tard).

Que de matches de légende s’y sont déroulés, tant au niveau du ballon ovale que rond, depuis son inauguration en 1872 par Henry William Dunlop, un jeune athlète qui organisa sur le site le premier championnat d’athlétisme d’Irlande. On y joua au football (l’équipe nationale ne s’y est établie qu’à partir de 1971) et surtout au rugby, le stade étant la propriété de la fédération irlandaise de ce jeu.

La fameuse tribune latérale officielle était la pièce maîtresse de l’endroit, l’une des ultimes représentantes du style architectural britannique du siècle dernier avec son inévitable toit pointu. Elle avait la particularité absolument unique dans le paysage des édifices sportifs qu’une ligne de chemin de fer passait directement entre ses piliers de soutien. Cette disposition offrait l’étonnante image du public passant sous les rames au moment d’emprunter les tunnels d’accès et d’avoir, une fois assis, les fesses qui vibraient à chaque passage de train. Il y avait aussi ce chalet, situé au point de corner et qui servait de salle de conférence de presse. Le futur Lansdowne Road présentera par contre une ligne architecturale très futuriste et comportera 50.000 places assises. Il devrait être opérationnel pour 2009.

Après nous être vu refuser l’accès à plusieurs reprises par le propriétaire du lieu, nous avons enfin pu pénétrer dans l’antre magique pour la confrontation amicale contre les Pays-Bas en août dernier. La veille, nous avions assisté à un match à Cobh Ramblers, où 200 personnes à peine garnissaient les gradins. Un contraste énorme avec l’équipe nationale, pour laquelle les petits hommes verts débarquent systématiquement de partout en rangs serrés : Cork, Galway, Sligo… Parmi les 32.400 supporters, on peut même apercevoir un calicot venant de… Gdansk.

A la montée des équipes sur la pelouse, alors que le speaker égraine leurs compositions respectives sur Sirius, le rock doux d’ Alan Parsons, l’émotion nous gagne, le moment tant attendu se dessine. Trois minutes plus tard, à l’heure des hymnes nationaux, nous vivons cet instant à jamais marqué dans nos mémoires de chasseurs d’ambiance. L’ Amhrán na bhFiann, la Chanson des Soldats, chantée par des milliers de voix imbibées de Guinness, est un instant que tout passionné de football se doit de vivre une fois dans sa vie. Inoubliable !

par RUDI KATUSIC

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