Lancé par MENOTTI

L’attaquant argentin a beaucoup bourlingué avant de trouver ses pénates au Tivoli.

Sa carte d’identité indique le 5 février 1973 comme date de naissance. SergioSanchez a, donc, déjà 32 ans.  » Eh oui, je ne les parais pas, n’est-ce pas ? », rigole-t-il. A la lecture de son C.V., on découvre aussi la liste impressionnante des clubs qu’il a fréquentés : dix au total.  » Pourquoi ai-je déménagé aussi souvent ? Parce qu’on m’offrait, à chaque fois, un contrat un peu plus intéressant ailleurs. La carrière d’un footballeur est courte et il faut essayer d’en profiter « .

Sa trajectoire renseigne des clubs dont le nom évoquera certes quelque chose aux férus de football international, mais qui laissera de marbre le grand public : Ferrocarril Oeste, Banfield, Defensa y Justicia, Deportivo Quito en Equateur, Deportivo Aurora de Cochabamba en Bolivie. Un club dans la liste, pourtant, jouit d’un rayonnement planétaire : Boca Juniors, rendu célèbre par DiegoMaradona.

 » Après avoir été formé dans les équipes de jeunes de Quilmes, j’ai été transféré à Boca Juniors à l’âge de 17 ans « , raconte le nouvel attaquant argentin des Loups.  » Deux ans plus tard, j’ai effectué mes débuts en équipe fanion. C’est un certain LuisCesarMenotti qui m’a lancé en D1, ce que je considère comme un grand honneur. C’est l’un des entraîneurs qui ont marqué l’histoire du football argentin : il a été champion du monde, a entraîné le FC Barcelone et jouit d’une grande aura. Il prône le jeu au sol, les combinaisons et ne jure que par l’offensive. Il s’est montré très attentionné à mon égard et m’a beaucoup aidé. Je le considère comme mon deuxième père. Malgré les succès qu’il a connus, il est resté très humble. J’ai gardé un contact téléphonique avec lui, pas quotidien bien sûr, mais il sait que je joue aujourd’hui en Belgique « .

25 minutes dans le derby Boca-River

Ce qui est étonnant aussi chez Sanchez, c’est qu’il connaît pratiquement son parcours de mémoire, dans les moindres détails, sans aucune hésitation :  » A Ferrocarril Oeste, j’ai joué 27 matches et inscrit six buts. A Banfield, huit matches et deux buts. A Defensa y Justicia, je ne suis resté que six mois. Puis, je suis parti au Deportivo Quito, avec 30 matches et 12 buts à la clef. J’ai joué deux ans au Dresdner SC, en Allemagne. La première saison, j’ai joué 27 matches et inscrit 14 buts. La deuxième saison, j’ai porté mon compteur personnel à 16 buts. Au Carl Zeiss Iéna, j’ai vécu une très belle saison : 10 buts lors du premier tour et 14 lors du second tour. Au Deportivo Aurora, j’ai peu joué : dix matches, pour trois buts. Enfin, la saison dernière, je suis retourné à Defensa y Justicia mais je n’ai inscrit que trois buts, pour une vingtaine de matches joués « .

Et à La Louvière, quel objectif s’est-il fixé ?  » Un objectif raisonnable. Si je pouvais inscrire dix buts, ce serait bien « . Grâce à quelles qualités ?  » Je me définirais simplement comme un buteur. Peu importe la manière dont je propulse le ballon au fond des filets. Mais j’aime aussi participer au jeu, réaliser des combinaisons. Cela se passe très bien avec NordinJbari et FadelBrahami « .

Ses lacunes se situeraient plutôt au niveau de la présence physique :  » En Amérique du Sud, un attaquant peut se permettre d’attendre le ballon et a davantage de temps pour le contrôler. En Europe, les entraîneurs exigent qu’on lutte, qu’on aide ses partenaires dans le travail de récupération, qu’on joue en un temps. Mais bon, je suis déjà passé par le football allemand et ça devrait aller « .

Que retient-il de la carrière qu’il a réalisée jusqu’ici ?

 » Je suis très fier d’avoir pu jouer pour Boca Juniors, un club mythique en Argentine, et j’ai eu la chance de pouvoir disputer un clasico contre River Plate. J’ai joué les 25 dernières minutes à la Bombonera, le stade de Boca, devant 55.000 spectateurs. C’était incroyable. Il y a d’autres derbies qui passionnent les foules à Buenos Aires. Ceux contre le Racing ou contre Independiente, par exemple. Mais un Boca-River, c’est le top. Cela restera un moment extraordinaire dans ma carrière. Dans l’équipe de River, il y avait des joueurs comme le gardien international German Burgos, le défenseur Roberto Ayala qui joue actuellement à Valence ou encore Juan Pablo Sorin, qui a évolué en Italie et en Espagne. Parmi mes équipiers, figuraient le gardien NavarroMontoya, le meneur de jeu Beto Marcico qui a fait carrière en France ou l’attaquant paraguayen Robertoel Toro Acuna, qui a joué à Saragosse. Mais la concurrence est rude à Boca Juniors et j’avais du mal à faire mon trou. J’ai donc été prêté à trois reprises, dans des clubs argentins aux ambitions plus modestes, où j’avais l’occasion de jouer davantage. Jusqu’à ce qu’un manager me fasse une proposition pour l’Equateur. Le Deportivo Quito, c’est un bon club là-bas, on a terminé troisième. La Bolivie, ce fut un autre type d’expérience. Cochabamba, où évoluait le Deportivo Aurora, est une ville de moyenne altitude. C’est moins haut qu’à La Paz, qui se situe à plus de 4.000 mètres. Jouer à La Paz, c’est terrible. On a le souffle coupé. Il arrive un moment où l’on ne peut plus avancer et où l’on doit se contenter de défendre, en espérant qu’on tiendra jusqu’au bout. Je me souviens d’un match joué là-bas, contre The Strongest. On a mené 0-1, 1-2 et 2-3. Il ne restait que cinq minutes de jeu, mais on a finalement perdu 4-3. Le championnat bolivien est très particulier : il y a des équipes qui jouent en plaine, d’autres dans les hautes montagnes. Jouer en déplacement exige des facultés d’adaptation très prononcées. Les équipes de La Paz jouissent d’un avantage non négligeable, et cela vaut également pour la sélection nationale bolivienne. Des formations de niveau mondial comme le Brésil ou l’Argentine souffrent à chaque fois qu’elles se déplacent dans ce nid d’aigle « .

La Belgique, c’est un peu comme l’Allemagne

Sergio Sanchez estime pourtant que c’est dans l’ancienne Allemagne de l’Est qu’il a vécu les meilleurs moments de sa carrière. Le Dresdner SC, à ne pas confondre avec le Dynamo Dresde, n’évoluait pourtant qu’en D3 :  » Oui, mais c’était une équipe très ambitieuse et j’avais obtenu un très beau contrat. L’adaptation n’a pas été simple : j’ai dû m’habituer à un autre type de football, ce qui m’a pris environ un mois. Le plus dur, ce fut la barrière de la langue. Les six premiers mois, je ne comprenais rien, j’étais incapable de lire le menu dans les restaurants et de passer une commande. Mais, progressivement, j’ai appris quelques mots et cela a été de mieux en mieux. Je garde de très bons souvenirs de cette période allemande et j’ai conservé pas mal d’amis là-bas. On continue à correspondre par e-mail « .

Et La Louvière ?  » Le mode de vie me paraît fort similaire à celui que j’ai connu en Allemagne. Et les gens sont plus chaleureux, plus latins. J’ai acheté un petit dictionnaire espagnol/français que je compulse régulièrement à la maison, cela devrait m’aider. Je dois encore m’habituer au jeu très engagé, très physique, très porté sur les duels. Notre début n’a pas été facile. On a pris la raclée à Anderlecht, où j’ai été fort impressionné par des joueurs comme VincentKompany et, surtout, par SerhatAkin. Contre Gand, on n’a pas très bien joué mais on a récolté un premier point et j’ai inscrit mon premier but. J’espère réussir à La Louvière. Le club avait remporté la Coupe de Belgique il y a deux ans et avait participé à la Coupe de l’UEFA. J’aimerais beaucoup prendre part à une compétition européenne. Ensuite ? Je me sens encore en bonne condition et certainement capable de jouer trois ou quatre saisons. Lorsque j’aurai inscrit dix buts, vous reviendrez pour une nouvelle interview ? ».

Daniel Devos

 » Lorsque j’aurai inscrit dix buts, vous reviendrez pour une nouvelle interview ? »

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