LABO MANU

Du personnel anglais doit rendre au Great Old son lustre d’antan. Test grandeur nature contre Lokeren ce week-end.

Le départ est meilleur que l’an dernier. Pour sa troisième saison consécutive en D2, l’Antwerp espère enfin retrouver une place parmi l’élite. Dans les coulisses, un petit homme s’affaire : Andy Welsh est très occupé. Officiellement, il est special assistant coach mais en fait, le grand patron, c’est lui. Manchester United l’a envoyé au Bosuil en janvier dernier, afin d’encadrer les jeunes anglais prêtés par le club. En mai, lorsque le club s’est séparé de Regi Van Acker, il a assumé l’intérim. Le poste est maintenant entre les mains de son ami et compatriote Warren Joyce, mais il reste proche du terrain.

Cet été, Welsh a opté pour une préparation faite de très peu de matches amicaux :  » J’ai tout revu et opté pour le système anglais : cinq entraînements, un jour de repos, et ainsi de suite… C’est en été que les joueurs jettent les bases de leur saison et je n’avais aucune envie d’en perdre à cause d’entraînements trop durs. Une saison, c’est un marathon, pas un sprint « .

Les entraînements sont dorénavant plus courts mais plus intensifs :  » Nous voulons hausser le rythme des matches et, pour cela, il faut que celui des entraînements soit plus élevé. C’est le seul moyen de déjouer les plans de nos adversaires qui, vu notre statut de candidat au titre, nous laissent peu d’espaces. De plus, Warren et moi devons aussi veiller à l’évolution des joueurs anglais. Nous ne pouvons pas nous permettre de jouer trop lentement. Les entraînements et les matches doivent s’approcher au maximum du niveau anglais « .

Les résultats ou la formation ?

En disposant de joueurs anglais que très tard (la saison dernière, au deuxième tour seulement), l’Antwerp n’a pas toujours obtenu des renforts aux places déficientes. C’est pourquoi, depuis des années, le club anversois réclamait l’aide d’un coach d’outre-Manche, afin que celui-ci puisse évaluer la situation. Welsh est arrivé en janvier et les choses ont déjà bien changé.  » Cette saison, les transferts sont arrivés plus tôt et ce sont, de loin, les meilleurs joueurs que Manchester ait jamais envoyés. Et vous n’avez pas encore vu le meilleur : Darron Gibson, un médian, qui fut élu Meilleur Jeune la saison dernière. Il est légèrement blessé et, pour être honnête, nous sommes très prudents avec lui car il n’a que 18 ans. Mais il est bourré de talent. On a aussi tenu compte des lacunes et c’est pourquoi l’arrière Kirk Hilton est revenu : Aujourd’hui, âgé de 25 ans, il avait déjà séjourné six mois à Deurne, il y a six ans. Il a ensuite joué à Livingstone, en Ecosse, puis en Angleterre, à Blackpool. Mais il s’est blessé et, comme nous avions besoin d’un arrière gauche, nous l’avons fait venir ici, ce qui lui permettra de retrouver la condition « .

Reste que le club doit également obtenir des résultats. Avec Van Acker, ceux qui ne jouaient pas bien étaient renvoyés sur le banc, même s’ils venaient de Manchester. Dans un groupe de 26 joueurs, des gamins anglais qui se battent sur tous les ballons ne constituent pas une garantie de succès.  » Ce qui est bien pour eux, c’est justement ce côté compétitif « , explique Welsh.  » Les Réservistes de ManU sont champions d’Angleterre chaque année mais le fossé qui les sépare de l’équipe A est trop grand. Je ne vois pas quel manager lancerait cinq ou six jeunes à la fois, ce qui était encore possible il y a dix ans. Nous cherchons donc une étape intermédiaire et nous continuons à croire que c’est possible ici. Je ne vois pas de conflit d’intérêt car tant Warren que moi travaillons avec tout le groupe et nous ne faisons qu’ajouter du travail individuel aux Anglais. Warren est un éducateur mais nous avons coaché des équipes premières et nous savons comment nous y prendre pour bâtir une formation et obtenir des résultats. Pour nous, si les individus sont meilleurs, le collectif progressera. Je comprends que les gens soient préoccupés mais, qu’ils soient de ManU ou non, seuls les meilleurs joueront « .

Pour lui, il ne faut pas choisir entre formation et résultat.  » Idéalement, c’est la progression qui compte mais n’ayez pas peur : à Manchester, ces jeunes ont été habitués à la pression. Ils doivent prouver que les choses se passent honnêtement, sans quoi nous ne formerons pas une équipe et nous ne serons pas champions « .

N’est-ce pas ce qui s’est produit l’an dernier ?  » Le problème, c’est que nous sommes arrivés à la mi-saison et que les joueurs ont pris la place d’autres éléments « .

Accepter la défaite

En septembre, l’Antwerp s’est doté d’un entraîneur anglais.  » On aurait pu prendre un Belge ou un Allemand mais ils auraient peut-être changé quelque chose alors que cela tournait bien « , affirme Welsh.  » La saison dernière, nous avons manqué de justesse la participation au tour final. C’est pourquoi j’ai conseillé au club de garder le cap et d’opter pour un Anglais. Moi, je ne pouvais pas rester entraîneur car United est susceptible de me rappeler à tout moment pour coacher la Réserve ou remplir une autre mission. Je pars du principe que je resterai toute la saison car mon travail est utile mais, en football, on ne peut jurer de rien. Je n’ai même pas de contrat avec l’Antwerp « .

Les nouveaux joueurs ne suscitent que des commentaires positifs : Jonathan Evans, un défenseur, serait meilleur que John O’Shea, qui est aujourd’hui titulaire et international.  » Jonathan est intelligent et progresse vite, sur le terrain comme en dehors. J’espère que ça va marcher. Il est grand et nous travaillons son agilité ainsi que sa vitesse sans ballon « .

Frazier Campbell, un attaquant, a tout pour devenir une des attractions de la D2 car il marque facilement.  » C’est vrai qu’il y a du talent « , ajoute Welsh.  » Le groupe est meilleur que l’an dernier. Le seul problème, c’est que mes joueurs ne savent pas perdre. Chez eux, toute défaite est vécue comme un drame. Nous devons être plus sûrs de nous, accepter de perdre même si nous jouons bien. Notre entraîneur, leur répète qu’on n’est pas champion en septembre ou en octobre. C’est à Pâques qu’il faut être au top. Bien sûr, il y a le tour final mais c’est si difficile, surtout avec une équipe de D1 « .

Un club de D2 ne peut-il pas gagner le tour final ?  » En théorie, si mais en pratique, un club de l’élite possède un noyau plus étoffé. On l’a vu l’an dernier avec le Lierse « .

L’Antwerp a manifestement placé son destin dans les mains des Anglais. Ceux-ci assureront-ils la pérennité du club ?  » Il ne faut pas trop nous en demander « , avance Welsh.  » Warren et moi allons voir les jeunes et, s’il y a du talent, nous les intégrons au groupe. Je pense que ce club doit retrouver l’élite d’urgence. Par la suite, le marketing, les finances et les structures se mettront automatiquement en place. Idéalement, il faudrait planifier cela dès maintenant, afin de ne pas perdre de temps en cas de montée. Sans quoi on risque de rater le bon wagon « .

PETER T’KINT

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