LA ZONE (1re partie)

Quelle philosophie et quelles caractéristiques essentielles permettent de décrire le football de zone ?

Il n’est pas si loin le temps où beaucoup d’équipes de D1 nationale jouaient avec un libéro (couvreur) placé derrière quelques défenseurs dont la tâche principale était de coller individuellement autant de joueurs offensifs adverses. En perte de balle, marquer un adversaire à la culotte pour lui réduire sa liberté de mouvement faisait partie de notre culture footballistique. Les observateurs étrangers louangeaient souvent nos joueurs pour leur discipline de jeu. Il n’était pas rare de retrouver un arrière latéral d’un flanc en marquage rapproché sur un adversaire tentant de surprendre l’équipe sur l’aile opposée.

Quel esprit d’abnégation, disait-on ! Il faut reconnaître que notre football a évolué. Presque toutes les équipes tentent aujourd’hui d’appliquer, du moins en partie, l’esprit positif du jeu en zone. Même dans les séries provinciales, les libéros et sangsues individuelles sont en train de disparaître. L’arrivée de Trond Sollied en 1998 a été le catalyseur incontestable de ce développement !

Un état d’esprit

Le football de zone, c’est d’abord un état d’esprit. C’est affirmer qu’un collectif-équipe est plus fort que la somme de onze individualités. C’est aussi gérer rationnellement la surface de jeu. En possession du ballon, c’est exploiter le moindre mètre carré intéressant des 6.500 environ disponibles. Mais c’est aussi positionner des pions bien serrés autour de ce même ballon afin d’augmenter les chances de le récupérer ! La zone est une philosophie de jeu qui dans son esprit reste applicable à différents dispositifs sur le terrain de jeu : en 4-4-2, en 4-3-3, voire en 3-4-3.

L’homme ou la balle ?

Jouer en zone signifie que chaque joueur s’oriente prioritairement en fonction de la balle. Ainsi, lorsque l’adversaire a l’initiative, l’ensemble de l’équipe se déplace vers la balle. L’accent est donc clairement mis sur une récupération collective du cuir et sur un déplacement collectif orienté vers celui-ci.

Pas de profondeur !

La première condition pour mettre en place une organisation collective est d’empêcher l’adversaire de jouer dans la profondeur. Il faut donc que le joueur le plus proche de celui qui vient de récupérer la balle vienne immédiatement en barrage entre lui et le but à défendre. Il est vital de freiner la reconversion adverse.

Un bloc en barrage

Dresser un bloc défensif avec un maximum de joueurs entre la balle et la zone de vérité est l’essence même du jeu défensif en zone. Une toile d’araignée compacte d’environ 35 mètres sur 35 fait souvent bien l’affaire. Les distances relatives moyennes entre les joueurs seront de l’ordre d’une dizaine de mètres. Il faut apprendre à laisser courir les joueurs adverses ! Aucun de ceux-ci n’est suivi de manière individuelle. Ils peuvent se croiser, nous gardons notre organisation et notre quadrillage collectif avec un maximum de joueurs derrière le ballon.

Un bloc mobile

Pour rester compact et donc efficace, le bloc doit pouvoir se déplacer en fonction de l’endroit où se trouve le ballon. Serrer les lignes, se baser sur une fondation qu’est la ligne fictive du hors-jeu et se faire couvrir par un gardien qui joue haut sont les clés essentielles de l’organisation suivant la longueur du terrain. Il faut à tout prix éviter de jouer à l’accordéon ! Un glissement rapide et organisé du bloc doit aussi avoir lieu dans le sens de la largeur. L’aile opposée à celle où se trouve la balle peut être caractérisée par la présence d’adversaires libres de toute surveillance rapprochée : on la qualifie de non marchante.

Pression SVP !

L’efficacité de cette approche collective repose sur le fait de forcer l’adversaire à jouer latéralement et donc de tenter l’interception. Il faut absolument l’empêcher de jouer entre les lignes ! Chaque possesseur du ballon adverse est donc mis immédiatement sous pression par un joueur qui sort sur lui. Il est essentiel de lui compliquer la tâche et de lui fermer les angles de jeu direct.

Conclusion

Une orientation prioritaire vers la balle, un bloc dense et compact, une bonne mobilité collective et une pression constante sur le porteur du ballon sont les musts d’une équipe qui défend en zone.

par Frans Masson

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