LA VILLE ROSE

Suite de notre tour de France des villes-hôtes de l’EURO. Direction Toulouse, ses murs en terre cuite, ses engins aéronautiques et ses trapèzes volants. Bon voyage.

La Couleur de la Culotte est noire. Noire de monde. C’est  » Happy Hour  » sur la Place Saint-Pierre. En terrasse et dans les bars, les étudiants payent leurs mètres de bière et de pastis. L’endroit est un incontournable pour les jeunes fêtards toulousains. Situé en bords de Garonne, il donne une vue imprenable sur le Dôme de la Grave qui s’illumine à la nuit tombée et magnifie ses murs de briques rouges. Ce même teint si particulier de l’architecture toulousaine qui donne son surnom à la capitale historique du Languedoc et des Midi-Pyrénées.  » On dit que Toulouse est ‘la ville rose‘ parce que le soleil provoque des variations de couleur sur les murs de la ville, qui sont pour la plupart en terre cuite « , prêche Mélissa Butelli depuis l’office du tourisme, posté dans le donjon du Capitole.

Si Toulouse est une  » ville lumineuse « , elle brille tout autant par sa chaleur que par ses multiples facettes.  » A Toulouse, il y a deux aspects « , poursuit Mélissa.  » Le patrimonial, avec la Basilique, le Capitole ou les marchands de pastel ; et l’aéronautique et spatial. Toulouse est une pointure dans ce domaine, en accueillant notamment Airbus (l’un des plus gros groupes d’aéronautique au monde, créateur, entre autres, de l’A380, ndlr). La Cité de l’Espace est aussi une référence en Europe (voir les attractions touristiques).  » Mais avant de décoller de Blagnac vers les astres, il faut d’abord emprunter la rue Pargaminières, qui relie Saint-Pierre au Capitole. Là, les restaurants en tous genres poussent parmi les pavés.

Au bout d’une ruelle sur la droite, le Couvent des Jacobins se la joue discret. Le calme incarné en plein coeur de la quatrième commune de France.  » Ce qui est particulier aux Jacobins, c’est que c’est l’église qui décide si elle a envie ou non de répercuter votre son.  » Dans l’immense réfectoire, où deux poignées de transat sont alignées au mur, Le Poids du Son s’impose dans les casques mis à disposition. Une voix roque guide la halte. Dehors, la pluie fine et anormalement présente donne un aspect mystique au cloître. Les carrés de buis, symbole d’immortalité par leur longévité, côtoient quelques curieux. Construit au XIIIe siècle pour lutter contre l’hérésie cathare, le couvent accueille l’ancienne université jusqu’à la Révolution Française. La seule rangée de colonnes qui tient l’église en  » palmier  » en fait une construction dominicaine unique, l’une des plus belles en Europe.

Même prestige et même beauté au niveau de la Basilique Saint-Sernin. A l’intérieur, un touriste avec un look de randonneurs pose son sac, son bâton de marche et se met à prier.  » La Basilique est en plein sur les chemins de Saint-Jacques- de-Compostelle « , glisse une vieille dame, pas peu fière. Tout s’explique. La rue du Taur, qui mène de la Basilique au Capitole, frappe par ses pavés rouges. L’église Notre-Dame du Taur y figure comme un nouveau joyau de l’architecture toulousaine.  » C’est une ville d’histoire, qui plus est multiculturelle « , explique Hervé Richard, directeur adjoint du CREPS, centre administratif qui régit le sport dans la région.  » L’empreinte des Espagnols, des Catalans, des Occitans est visible partout.  » Mélissa embraye :  » Toulouse a une forte influence espagnole. Plus de 3000 Espagnols ont immigré chez nous au XXe siècle. L’espagnol est plus parlé ici que l’anglais, c’est vraiment quelque chose de fondateur.  »

Le résultat d’un héritage laissé par le Royaume Wisigoth, qui comprenait une majeure partie de l’Espagne, de la France et des morceaux du Portugal et de l’Italie. De 418 à 508, Toulouse en a été la capitale, avant que le royaume ne soit conquis par les musulmans en 711. Mais plus que l’espagnol, les Toulousains parlent l’Occitan, dite langue d’oc. Elle donne cet accent qui chante encore pour annoncer les stations des deux lignes de métro. L’une d’entre elles porte le nom de Claude Nougaro. Avec Antoine de Saint-Exupéry et Jean Jaurès, l’auteur-compositeur-interprète est considéré comme l’un des grands personnages de la ville, à qui il n’a cessé de rendre hommage. Parce que Toulouse semble écrite comme une symphonie, une mélodie qui se fredonne, sourire aux lèvres. Sans surprise, le Capitole accueille la Fête de la Musique 2016, diffusée sur France 2 le 21 juin. L’occasion de poursuivre l’amusement après le Pays de Galles-Russie de la veille.

 » On est des gentlemans, notre convivialité est spontanée « , assure encore Mélissa Butelli.  » Ici, vous ne serez jamais seuls dans un bar. Toulouse est une ville à taille humaine, où vous n’avez pas forcément besoin de prendre la voiture et où le côté festif est très fort. Avec l’EURO, ça va être encore mieux.  » La fan-zone des allées Jules Guesde risque ainsi d’être acrobatique. En plus de la diffusion des matches joués au Stadium et par l’équipe de France, d’un budget initial d’1,3 million d’euros et d’un espace de 7500 m² pour accueillir 12 000 personnes, des activités de cirque – tenues secrètes – sont au programme. L’idée est de faire honneur à un autre personnage phare du coin : Jules Léotard, inventeur du trapèze volant. D’ici là, la pluie aura cessé de tomber sur Toulouse. Entre la place Wilson et les allées Jean Jaurès, juste derrière le Capitole, un totem affiche le décompte jusqu’à l’ouverture de l’EURO. Plus qu’une cinquantaine de jours et la ville rose ôtera le gris pour enfiler du bleu-blanc-rouge.

PAR NICOLAS TAIANA – PHOTOS BELGAIMAGE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire