La vie après la mort

Voici les solutions pour continuer à faire vivre le football à Mouscron.

Lundi, les mandataires judiciaires AlainZenner et GérardDelvaux avaient rendu leurs conclusions : la seule perspective, pour l’Excelsior Mouscron, était de repartir en D3. On s’attendait donc à ce que, le lendemain, les joueurs et les employés reçoivent leur C4. Mais le mercredi, les deux liquidateurs nommés par le tribunal de première instance de Tournai, AndréMarieVerplaetse et GeertDeMets, décidaient au contraire de poursuivre les activités aussi longtemps que possible.

 » Un collège de liquidateurs, ce n’est pas nécessairement une entreprise de pompes funèbres « , expliquèrent-ils. Ils insistèrent sur le fait que le match, prévu samedi contre Courtrai, devait avoir lieu. Encore fallait-il pour cela que les joueurs acceptent de s’aligner. Ce qui n’a pas été le cas.

Une réunion était prévue lundi dernier à l’Union belge.  » Essentiellement, pour essayer de trouver une solution pour les équipes de jeunes « , explique Me Verplaetse.  » Il faut qu’elles puissent, au moins, terminer la saison. Au niveau financier, ce n’est pas un problème. Le problème réside surtout au niveau du matricule : les équipes de jeunes y sont liées, et si le matricule disparaît… « 

Créer un nouveau pôle footballistique

EdwardVandaele, avocat et ancien président du club, est étonné de la décision prise par les liquidateurs de poursuivre les activités :  » D’abord, parce qu’ils peuvent être rendus eux-mêmes responsables des frais que la poursuite des activités pourrait causer… y compris l’eau et l’électricité. Ensuite, parce que si leur objectif est d’atteindre le mercato en espérant vendre l’un ou l’autre joueur, ils font fausse route. Quel est le club qui débourserait un centime d’euro pour un joueur qui sera libre quelques semaines plus tard ? Et quand je dis quelques semaines, ils pourraient l’être tout de suite. Le règlement de l’Union belge prévoit qu’un joueur est libre de transfert lorsqu’il n’est plus payé depuis trois mois. Mais le règlement civil, lui, prévoit que tout employé qui se présente devant un tribunal du travail en prouvant que son employeur ne respecte pas ses obligations envers lui – ce qui est manifestement le cas à l’Excelsior – peut obtenir sa liberté.  »

Vandaele vient d’ailleurs d’être chargé par la Ville de Mouscron et certains industriels mouscronnois de mettre ses compétences au service de la création d’un nouveau pôle footballistique :  » Avec d’autres personnes que le Conseil d’administration actuel, en tournant la page et essayant de créer une nouvelle entité juridique et sportive. Pour moi, l’Excelsior est mort. L’idée de reprendre le matricule de Péruwelz pour jouer en D3 au Canonnier fait son chemin. Quelques problèmes subsistent, mais ils ne me semblent pas insurmontables. Aucun autre club ne s’est encore manifesté, mais il n’y a pas d’exclusive. Si Tournai (qui permettrait aux meilleurs jeunes de jouer en D2 plutôt qu’en D3) ou un autre veut se joindre au projet, il est le bienvenu. Les événements me confortent dans ma conviction que l’idée que je nourrissais depuis longtemps, à savoir essayer de regrouper toutes les forces vives de la région pour créer un grand club en Wallonie Picarde, était la seule issue possible. C’est triste à dire, mais je suis le seul président de l’Excelsior qui ait réussi à terminer un exercice en boni. Mon règne fut, hélas, trop éphémère. Il n’a duré qu’un an, je n’ai été qu’une comète. Même si la direction de l’époque était parvenue à réduire sensiblement la dette, celle-ci était tout de même encore de huit millions. Il aurait fallu poursuivre dans cette voie pendant deux ou trois années supplémentaires, pour que le club redevienne éventuellement viable en D1. « 

Les autres s’énervent

IvanDeWitte, le président de la Ligue pro, est perplexe :  » On va d’une surprise à l’autre. Je ne sais plus trop ce qu’il faut penser de cette saga. Pour l’instant, on ne peut qu’attendre. Toutefois, si la saga se prolonge, je crois qu’il faudrait à nouveau une réunion de la Ligue pro avec l’exclusion de Mouscron à l’agenda. Au lieu de maintenir l’Excelsior en coma artificiel, les liquidateurs devraient surtout s’atteler à… liquider.  »

Il y a quelques années, Malines avait terminé la saison avec des joueurs prêtés par le Standard. Ce scénario a peu de chances de se produire : Mouscron est interdit de transferts, même gratuits. Un prêt est donc impossible. En outre, les clubs de la Ligue pro se sont mis d’accord pour ne pas verser un centime dans l’engagement d’un joueur de l’Excelsior… puisque cela contribuerait à prolonger la survie du club.

Lokeren est, sportivement, la principale victime de la saga mouscronnoise. Le Sporting waeslandien a eu le… malheur de battre Mouscron à deux reprises et ces six points lui seraient retirés en cas de cessation d’activité. Leur président RogerLambrecht a fait savoir qu’il se retirerait de la présidence si son club était relégué. Il parle de réduire, quoi qu’il advienne, son budget d’un million. Et il est prêt à intenter une action devant le TAS, à l’encontre de l’Union belge et de la Ligue pro…

par daniel devos – photo: belga

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