La victoire, un détail

Oscar Freire a triomphé à Milan – Sanremo.

 » Il est important de rire, qu’on perde ou qu’on gagne. Il faut rester le même à l’égard des personnes qui vous veulent du bien « . Ce sont les paroles d’ Oscar Freire en 2004, quand il a galvaudé sa victoire à Tirreno – Adriatico, dans la dernière étape. Quelques jours plus tard, il mettait à profit une erreur d’ Erik Zabel, qui avait levé les bras trop tôt, pour gagner son premier Milan – Sanremo.

Samedi, Freire s’est à nouveau imposé, avec un vélo d’avance. Il semble que l’Espagnol doive toujours faire ses preuves deux fois. En 1999, quand il est devenu champion du monde à Vérone, son démarrage ayant laissé sur place Jan Ullrich et FrankVandenbroucke, d’aucuns considéraient l’Espagnol de 23 ans comme un coureur d’un jour. Il achevait sa seconde saison chez Vitalicio Seguros, après moult blessures, et risquait de se retrouver sans équipe.

Son succès au Mondial lui a ouvert les portes de Mapei. Il a gagné des étapes à Tirreno-Adriatico, une au Tour et un nouveau titre mondial à Lisbonne en 2001. Il a rejoint Rabobank fin 2002, quand Mapei a quitté le peloton. L’équipe batave, très organisée, a sursauté quand il a annoncé qu’il n’allait pas rouler un kilomètre avant la Noël. La surprise s’est muée en panique quand, au premier stage, Freire n’a pas su suivre le groupe. Freire, lui, restait le flegme personnifié : il retrouve très vite sa condition et sa masse musculaire. Après cinq jours, il faisait mal à Boogerd et Dekker. Les résultats ont suivi : Milan – Sanremo, un troisième titre mondial, Tirreno – Adriatico, deux Flèches Brabançonnes, deux étapes du Tour, Hambourg et quelques autres succès moins ronflants.

Pourtant, en 2006, Rabobank a hésité à reconduire son contrat. Le corps de Freire le trahit. A deux ans, il avait failli perdre une jambe. En amateurs et à ses débuts professionnels, il souffrait du dos et du genou. Il a souvent été sur la touche en 2003, il a déclaré forfait pour le Tour 2004, cette fois à cause d’une blessure au siège. Idem en 2005, Mondial y compris. Il rate l’automne 2006, à cause de vertiges et de problèmes au cou.

Sa nonchalance énerve aussi Rabobank. Freire se perd partout, il arrive toujours en retard et semble se désintéresser de tout. Pourtant, Freire est terriblement efficace : en quatre ans chez Rabobank, il a gagné 13,7 % des courses auxquelles il a participé. Freire se moque de ces statistiques. Son monde ne s’effondre pas quand il perd. Ses longues balades au bord du lac de Lugano, avec sa femme Laura et leur fils Marcos, sont plus importantes à ses yeux. Et puis, il veut trois enfants, dont un qu’il adoptera.  » Nous ne pouvons pas rendre le monde meilleur mais au moins, nous pouvons offrir à un enfant un père, une mère et un foyer chaleureux « .

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