La vérité se trouve sur le terrain

Il faut reconnaître une chose à Juan Carlos Garrido : l’entraîneur du Club Bruges suit résolument son cap, sans songer à concéder un compromis ou à se couvrir, même quand il est sous le feu de la critique. Samedi dernier, il n’a toujours pas sélectionné EidurGudjohnsen, bien que ça n’ait pas fait plaisir à tout le monde au stade Jan Breydel. Cela indique une certaine personnalité mais c’est à peu près tout.

Dix mois exactement après l’embauche de l’Espagnol, le Club n’a toujours pas avancé d’un cran, malgré le transfert de treize joueurs. Samedi, contre le Lierse, on n’a toujours pas décelé trace d’un système ni d’automatismes dans le jeu. La première mi-temps a été très médiocre. Jamais encore cette saison le Lierse ne s’était forgé autant d’occasions. L’entraîneur a beau évoquer les blessures, à la longue le refrain lasse.

La direction ne peut pas être satisfaite du travail de Garrido. Reste à savoir si elle est contente d’elle-même et de ses choix pour le poste d’entraîneur. Ceux qui portent la responsabilité de l’engagement de Georges Leekens puis de Garrido feraient bien d’analyser leur décision avec la dureté qu’ils affichent à l’égard de ce dernier. Cela ne se produira sans doute pas en public. De ce point de vue, peu de sociétés pourraient commettre autant d’erreurs que le monde du football sans en subir les conséquences.

La victoire 4-1 du Club face au Lierse, plus large qu’elle n’est méritée, offre un sursis à Garrido. Cette saison, les Bleu et Noir n’ont pas disputé un seul bon match. L’éclosion de jeunes du cru est, certes, une donnée positive mais elle est éclipsée par la pauvreté du jeu, comme les mesures prises pour professionnaliser l’encadrement. La vérité se trouve sur le terrain et nulle part ailleurs. Malgré le 17 sur 21 du Club, le match de dimanche, contre Anderlecht, constituera un nouvel examen, surtout pour Garrido.

Samedi, l’Espagnol a exprimé ses espoirs, une série de joueurs revenant de blessure. Durant ses dix mois à la tête du noyau, il a effectivement été contraint de modifier fréquemment son équipe : samedi, il ne restait sur le terrain que trois joueurs de l’équipe qui a achevé l’exercice précédent. On ne peut pas parler de continuité sportive.

De ce point de vue, Anderlecht est plus avancé. Les Bruxellois disposent d’un riche patrimoine et ils semblent avoir trouvé le maillon manquant en la personne du Serbe Aleksandar Mitrovic. Cependant, au Parc Astrid, triomphe et tragédie ne sont jamais très éloignés. Mitrovic, bombardé joueur de classe mondiale après un match et demi, doit maintenant confirmer, surtout quand l’adversaire s’adaptera mieux à lui. Il doit également démontrer sa plus-value dans les matches de Ligue des Champions.

Pendant ce temps, des jeunes continuent à éclore, l’étonnant Frank Acheampong en tête, même si la progression de Dennis Praet connaît un coup d’arrêt. Il faut veiller à ce que le médian reste concentré et ne se fasse pas une fausse image de lui-même, l’éternelle plaie sur la route qui mène au sommet. Dans ce genre de circonstances, l’entourage direct du joueur a tout intérêt à prôner le réalisme.

Le Standard, lui, empile les victoires, bien que parfois, comme dimanche à Ostende, une certaine nonchalance suinte de son jeu. L’image de Guy Luzon bondissant sur la ligne reste surprenante mais les performances sont là : à Ostende, à l’exception de Geoffrey Mujangi Bia, le Standard a eu recours au même matériel joueurs que la saison passée.

Après sept journées, il compte onze points de plus qu’il y a un an. Luzon atteint également un pourcentage plus élevé que Mircea Rednic et son système de rotation, fustigé ici et là, n’enraie pas le jeu, tant les possibilités de changement sont grandes.

Bien que les Rouches n’aient pas encore disputé d’affiche, ils donnent raison, mathématiquement, à Roland Duchâtelet et à sa décision d’avoir changé d’entraîneur, estimant qu’on pouvait retirer davantage de cette équipe. Les supporters qui s’étaient révoltés il y a quelques mois, passent d’une fête à l’autre sans discontinuer et ne souhaitent pas qu’on leur rappelle leur révolte.

PAR JACQUES SYS

En sept matches, le Standard a pris onze points de plus que la saison passée.

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