LA VENUE LOUISE

Dans notre beau pays, cette patrie chérie et noble de surcroît, nous est arrivée une nouvelle petite princesse que Claire et Laurent ont offerte aux yeux émerveillés et humides des rêveurs que nous sommes. Elle s’appellera Louise, un prénom lourd à porter û à supporter peut-être û, quand on est jolie, élégante, intelligente comme sa maman et qu’on a déjà le sourire bienveillant, protecteur et taquin de son papa.

Mais il convient que je te prévienne, petite Louise, tu arrives dans un drôle de royaume, avec des tas de petits cousins et cousines qui se disputeront tes jouets favoris ; mais ce n’est pas grave, tu auras vite compris qu’il faudra partager avec eux les faveurs des grands-mères et grands-pères, trop heureux d’accorder leurs caresses et leurs faveurs à toute leur postérité.

Et puis, il y aura les voisins, tes premiers compagnons de jeux et de rires, témoins aussi de tes premières larmes et de tes premiers tourments de l’âme, vite séchés par une copine qui te vaudra bien des complicités enfantines, naïves certes, mais combien rassurantes et apaisantes, crois-moi.

Ensuite viendra le temps où tu vas rencontrer de grands messieurs et de jolies dames avec de drôles d’habits et de belles robes qui te feront rêver toi aussi. Ne t’étonne pas s’ils parlent des langues différentes, ils viennent t’apporter leur culture et les hommages à ta beauté, soucieux de te faire savoir qu’ils habitent la Belgique, tous, mais que les cieux sont différents au Nord, au Centre, au Sud, et pourtant c’est le même soleil qui les inonde.. enfin pas toujours. Papa t’expliquera toutes ces diversités de langues, de cultures, de races, de traditions, d’éducations, de religions, de sports… et maman confirmera avec des dessins, parce qu’elle dessine bien, tu sais.

Je voudrais que tu saches que moi, je joue au football, un sport bizarre, qui consiste à pousser un ballon dans une cage ; il y a deux camps, donc deux cages, défendues par onze joueurs (tous les doigts des mains, plus un doigt de papa), donc vingt-deux joueurs (tous les doigts de papa et de maman, plus tes deux pouces). On ne peut pas jouer avec les mains (c’est défendu, c’est un autre jeu !). Celui qui gagne, c’est celui qui pousse le ballon le plus souvent dans la cage de l’autre équipe. Compris ? Pour les reconnaître, c’est simple, tous les joueurs portent le maillot de la même couleur, soit mauve, rouge, bleu, jaune, vert. Et il y a un homme en noir qui compte les points. C’est un jeu amusant, tu verras, pour ceux qui le pratiquent, et ceux qui le regardent. Mais il y a aussi ceux qui crient, on les appelle des supporters. Ils ont des bonnets, des écharpes avec les couleurs de leur équipe et parfois ils se disputent, et ce n’est pas bien, parce qu’il faut parfois savoir perdre sans se fâcher.

Tu te diras que je fais un drôle de métier, mais il y en a d’autres, aussi amusants : les maîtres d’écoles, les conducteurs de tram, les paysans qui élèvent des animaux ou qui font pousser les fruits et les légumes, les ministres qui dirigent les administrations, les policiers qui attrapent les voleurs, les médecins qui soignent les malades, les maçons qui construisent des maisons, les journalistes qu’on voit à la télé, les militaires qui défendent le pays, les religieux qui disent la bonne parole, les jardiniers qui font pousser de belles fleurs, les musiciens qui chantent de belles chansons, les comédiens qui font du cinéma ou du théâtre, les dessinateurs qui font des dessins animés, et des vieux qui ne font plus rien parce qu’ils sont fatigués et puis, et puis…

Papa te dira tout ça mieux que moi, il aime les gens heureux, riches ou pauvres. Il adore les animaux, les lapins, les chiens, les shahs(mais en cachette !) et même tous les animaux de la terre qui est très grande. Mais, ne le dis pas, il roule parfois trop vite en voiture, et il fera plus attention maintenant parce que c’est dangereux. Gros bisous d’un autre papa. A bientôt.

Bertrand Crasson

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