La valise de Willy Geurts

Naguère, dans le cadre de la rubrique Qu’est-ce que tu foot, mon collègue et ami Pierre Bilic était allé rendre visite à l’ancien attaquant d’Anderlecht et du Standard, Willy Geurts. A son retour d’Hoeselt, où l’ex-bomber exploite un salon de thé, il me dit : Willytient absolument à ce que je te remette son bonjour. A vrai dire, ce n’était pas vraiment une surprise. Car entre le Limbourgeois et moi, les rapports joueur-journaliste avaient toujours été chaleureux, jadis.

De fait, il était arrivé au Sporting à l’époque où je faisais moi-même mes premiers pas comme plumitif à Sport 80. En concurrence avec les Danois Kenneth Brylle et Benny Nielsen ainsi qu’avec l’Islandais Petur Petursson, l’imposant Willy n’avait pas la vie facile au Parc Astrid, qu’il délaissa d’ailleurs en 1982, au moment où la direction mauve décida de se rabattre sur deux fines gâchettes, belges de surcroît : Erwin Vandenbergh et Alex Czerniatynski.

Il n’empêche qu’au cours de sa saison d’adieu, Geurts n’avait pas manqué de mérite en front de bandière, permettant notamment au Sporting de se payer le scalp de la Juventus en Coupe d’Europe des Clubs Champions, une compétition où le club bruxellois allait exceller durant cette campagne-là, au demeurant, en n’échouant qu’en demi-finale face au futur vainqueur, Aston Villa.

Avec notre homme, pas question d’interview au stade. Les entretiens se faisaient toujours chez lui, autour d’une bonne tasse de café et d’un gâteau, le tout suivi d’une petite goutte sur laquelle il ne crachait pas. Et le gars n’hésitait jamais à se lâcher. Comme cette fois où il me raconta qu’à la place de signer à Anderlecht, il aurait peut-être été plus inspiré de parapher à Gand, qui lui offrait un pont d’or. Et Willy de me raconter comment, un beau jour, il reçut la visite chez lui du président des Buffalos, Albert De Meester, qui avait déposé sur la table du salon une valise bourrée de billets de mille. Que son interlocuteur pouvait garder à condition de se lier illico aux Gantois, bien sûr.

Dans mon papier, j’avais simplement écrit, à l’époque, que l’attaquant avait refusé une offre mirifique, sans parler évidemment de cette mallette remplie d’argent noir. Et sans évoquer aussi d’autres petits potins de vestiaire, toujours bons à savoir. Près de 35 ans après, je me fais la réflexion qu’un épisode pareil ne serait plus possible aujourd’hui, tant les échanges sont devenus aseptisés. Quand bien même ce n’est pas un responsable de la com’ qui demande à relire un article avant parution, histoire de pouvoir saquer tout ce qui pourrait nuire au club. Après, on s’étonnera que les joueurs n’ont plus de personnalité…

PAR BRUNO GOVERS

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