LA VALEUR DES MATCHES AMICAUX

Il fut un temps où les Diables Rouges furent qualifiés de champions du monde des matches amicaux. C’était l’époque où ils ne se qualifiaient (pratiquement) jamais pour un EURO ou une Coupe du Monde, mais écrasaient les champions du monde brésiliens au Heysel (5-1). C’était le 24 avril 1963 et Jacky Stockman, qui avait écopé l’après-midi même d’une suspension de trois mois pour avoir tiré un arbitre par les cheveux, avait exprimé sa frustration en plantant trois buts au gardien brésilien Gilmar. La même année, notre équipe nationale avait réussi un nul aux Pays-Bas, mais aussi battu l’Espagne à Valence et la France à Paris. Par contre, elle n’avait pas su se qualifier un peu plus tard pour la phase finale de la Coupe du Monde 66 en Angleterre.

Les Belges étaient au Mexique en 70, mais ils brillèrent de nouveau par leur absence en Allemagne (74) et en Argentine (78). Depuis 82, ils sont toutefois incontournables en phase finale du Mondial, et les choses se présentent de nouveau bien pour l’édition de l’année prochaine. C’est en tout cas ce que tout le monde pensait avant le match amical de la semaine dernière en Finlande. La Belgique ne s’était plus inclinée depuis plus d’un an et l’élimination à l’EURO 2000 par la Turquie. On ne peut pas reprocher à Waseige d’avoir fauté sur le plan de la préparation mentale. Car avant d’aller à Helsinki, il connaissait parfaitement les pièges de ce match et il avait mis l’accent sur l’état d’esprit et l’engagement des joueurs.

Sans succès. Il faut dire que les matches amicaux ne sont plus de véritables matches. Pour le ranking de la FIFA, on ne tient d’ailleurs pratiquement plus compte des rencontres n’entrant pas en ligne de compte pour une Coupe du Monde ou un Championnat d’Europe. Les internationaux savent où sont aujourd’hui leurs priorités. Entre d’un côté un match amical, de l’autre un duel de Ligue des Champions ou de Coupe de l’UEFA, ou les premiers matches de leur championnat national, leur choix est vite fait. A la limite, ils auraient encore fait un petit effort si ce match contre les Finlandais (sélectionnés comme sparring-partners parce qu’ils pratiquent le même type de football que les Ecossais) avait eu lieu à Bruxelles. Dans certains cas, la motivation vient d’elle-même. On l’a vu avec les Irlandais qui ont reçu les Croates (2-2) ou les Hollandais qui sont allés gagner (0-2) en Angleterre.

Ce match amical Angleterre-Pays-Bas, parlons-en. Le coach suédois des Anglais, Sven-Goran Eriksson, savait qu’il n’avait strictement rien à gagner contre les hommes de Louis van Gaal. Il avait suggéré que les deux entraîneurs puissent aligner le plus grand nombre possible de joueurs: trois remplacements pendant le match, et autant que souhaité à la mi-temps. C’était une façon de disputer deux matches en un… et peut-être d’en remporter un des deux. Mais aussi de bien souligner le caractère amical de cette confrontation. En deuxième mi-temps, alors que les Néerlandais menaient déjà 0-2, on vit pour ainsi dire deux nouvelles équipes monter sur la pelouse. Il n’était plus question de match. Les Bataves estimaient qu’ils avaient gagné et ils considérèrent les trois derniers quarts d’heure comme un galop d’entraînement. On a vu pas moins de 20 joueurs de champ et cinq gardiens sur la pelouse!

Tout cela pour bien prouver que les matches amicaux d’aujourd’hui n’ont plus une réelle signification. Seuls les entraîneurs et leur staff en ont besoin. Ils en profitent pour contrôler leur travail de scouting et tester la forme de leurs internationaux. Des voeux pieux…

Il est fort probable que les équipes mentionnées plus haut montreront un tout autre visage lors des prochains matches officiels. Que ce soit la Croatie en Ecosse, les Pays-Bas en Irlande, l’Angleterre en Allemagne ou encore la Belgique face à l’Ecosse.

Mick Michels

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