LA TROUVAILLE DE TROND SOLLIED

L’incroyable progression de l’homme aux quatre poumons de Gand.

Un jour, Gunther Schepens, scout des Buffalos apprend par son voisin, entraîneur de Dilbeek, que ce club possède un très bon joueur qui ne s’entraîne qu’avec les Espoirs parce qu’il est trop jeune pour jouer en équipe première. En septembre 2010, Tom Van den Abbeele succède au voisin de Schepens et, le dimanche 26 septembre, il titularise Foket, qui a fêté ses 16 ans la veille.

 » Il s’est directement mis en évidence « , raconte Van den Abbeele, qui dirige sa propre entreprise de détection de jeunes talents et entraîne à présent les U19 de Gand.  » Mon seul mérite est de l’avoir aligné dès que j’ai pu car il avait été repéré plus tôt. Il aurait déjà pu partir mais ses parents n’avaient pas voulu chambouler leur vie pour le conduire chaque jour aux entraînements.

Lors des tests physiques, il avait fait mieux que tout le monde. Je l’avais aligné dans l’axe mais je m’étais dit : s’il s’impose un jour, ce sera à l’arrière droit. A la 90e, quand tout le monde était fatigué, il courait encore. Il était sans cesse en mouvement. De plus, il comprenait très vite.  »

Le noyau compte 22 joueurs, souvent expérimentés, mais grâce à ses qualités, Foket s’impose. Un an plus tard, lorsqu’il quitte Dilbeek pour le Club Bruges, Van den Abbeele le renseigne mais ses parents veulent qu’il termine ses humanités.  » Un an plus tard, Bruges l’a recontacté pour le faire jouer en Espoirs car nous n’étions pas tous convaincus par son potentiel « , dit Van den Abbeele.

Lors d’un des premiers matches de Foket, Gunther Thiebaut est dans la tribune. Lui aussi est passé de la Promotion à la D1.  » Il y a beaucoup de talents en Promotion mais il faut les détecter et les faire bosser « , dit-il.  » On voit que certains ont atteint leur plafond mais ce n’était pas du tout le cas de Thomas.  »

Comme trois entraînements par semaine ne suffisent pas pour progresser, un accord est trouvé avec Anderlecht afin qu’il puisse s’entraîner avec les U19 et la réserve. Foket habite à Leeuw-Saint-Pierre, c’est donc facile. Cette saison-là, à 17 ans, il est le seul joueur de Promotion sélectionné en équipe nationale U17. C’est Thiebaut qui a tuyauté la fédération.

 » En Allemagne, beaucoup de jeunes jouent en quatrième division car les grands clubs ont des équipes B. C’est ainsi qu’à Sarrebrück, j’ai joué contre BastianSchweinsteiger. Un jour, après un match dans un pays de l’Est, Thomas m’a appelé et m’a dit qu’il avait été un des seuls à gagner des duels. En semaine, il progressait techniquement à l’entraînement mais le dimanche, il jouait contre des adultes. C’est grâce à cela qu’il a progressé.  »

FOOTBALL ET UNIVERSITÉ

Jean Kindermans, responsable du centre de formation d’Anderlecht, a joué à Anderlecht avec le père Foket jusqu’en juniors UEFA.  » J’ai entendu parler de Thomas pour la première fois quand il avait 12 ans et j’ai appelé Philippe, son papa. Thomas est venu faire quelques entraînements avec nous mais son père n’avait pas très envie qu’il s’entraîne quatre à cinq fois par semaine.  »

Philippe Foket voulait que son fils aille à l’université.  » A Bruges, c’était difficile « , dit Thiebaut.  » A Anderlecht aussi. A Gand, c’était plus facile : les entraînements de Trond Sollied avaient surtout lieu le matin et le campus n’était qu’à quelques kilomètres. MichelLouwagie et Schepens le soutenaient dans sa démarche et lui proposaient un contrat avec le noyau A, ce qui n’était pas le cas ailleurs.  »

 » C’était un jeune joueur flamand qui voulait faire des études, comme Nicolas Lombaerts avant lui « , dit Michel Louwagie.  » Un esprit sain dans un corps sain. Gand a souvent accordé une chance à des joueurs venus de divisions inférieures : Sandy Martens, Tim Matthijs, Mohamed Barka…  »

Foket doit travailler ses centres et sa dernière passe mais il a une grosse endurance et affiche une volonté de fer. Tous nos interlocuteurs attribuent le mérite de sa réussite à Trond Sollied mais le Norvégien surprend tout le monde en disant à Thiebaut :  » Ecoute-moi bien : on va en faire un arrière droit moderne.  »

Dès la préparation 2012-13, le jeune Brabançon se voit accorder une chance. Il joue à l’arrière droit en Espoirs et comme extérieur droit en équipe première. En août, il effectue ses débuts en Coupe d’Europe, contre les Luxembourgeois du FC Differdange. Pour son tout premier match, cette saison-là, il est opposé à Derrick Tshimanga, de Genk.

 » Il a été remplacé à la 85e minute et applaudi par tout le stade mais je n’étais pas surpris. Quand il était en Promotion, il avait passé des tests physiques chez le Docteur Meert, alors médecin du Lierse, qui avait dit que ses résultats étaient exceptionnels. Il avait une meilleure VO2max que la moyenne des joueurs de D1. Quand il allait voir sa grand-mère à l’hôpital, c’était en courant. A Gand, on voulait lui offrir un vélomoteur pour se rendre à l’université mais il a dit : Pas besoin, j’ai mon vélo.  »

Lorsqu’il remplace Sollied, Victor Fernandez emmène avec lui un extérieur droit espagnol de 34, Jorge Lopez. Foket se retrouve dans la tribune et est prêté à Ostende.  » Le Lierse le voulait car Thomas Radzinski est marié à quelqu’un de sa famille « , dit Thiebaut.  » Mais Louwagie ne voulait pas le prêter pour deux ans.  »

D’abord réserviste, Foket finit par s’imposer à la côte. En mars, Gand lui dit qu’il peut revenir mais pour jouer à l’arrière droit.  » Il a tout de suite dit oui et il a bien supporté les entraînements de Hein, qui apprécie son abattage sur le flanc. Personne ne s’attendait à ce qu’il s’adapte aussi vite à ce poste. Un an et quatre mois plus tard, il livre des matches fantastiques en Ligue des Champions.  »

CIRCONSTANCES FAVORABLES

A 21 ans, Foket compte déjà près de 80 rencontres de Jupiler Pro League au compteur et Michel Louwagie n’est pas surpris.  » Je pense qu’il va encore progresser « , dit-il. Et Kindermans, qu’en pense-t-il ?  » Dire que je savais qu’il allait percer serait malhonnête. En football, les circonstances jouent un rôle important. N’oubliez pas qu’il a fallu le prêter à Ostende. Anderlecht a peut-être davantage de choses à se reprocher au sujet de Sven Kums qu’au sujet de Foket.

Ce dernier n’a pas été retenu parce qu’il voulait étudier tandis que Kums, on ne le trouvait pas assez bon et il prouve le contraire. La réussite de Foket, c’est la preuve qu’il n’y a pas qu’un chemin qui mène au succès, même si je reste convaincu que le mieux est de s’entraîner le plus rapidement possible avec les meilleurs.  »

Van den Abbeele :  » C’est le temps passé sur le terrain qui compte. Beaucoup de jeunes perdent du temps dans les déplacements en voiture.  »

PAR GEERT FOUTRÉ – PHOTO BELGAIMAGE

 » Sa réussite, c’est la preuve qu’il n’y a pas qu’un chemin qui mène au succès.  » JEAN KINDERMANS, DIRECTEUR DE LA RSCA YOUTH ACADEMY

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