La tête contre le mur

A la 90e, Mons était virtuellement en D1. Au bout des arrêts de jeu, trois équipes peuvent encore prétendre à la montée. Un test-match est même envisageable.

Dimanche, au Freethiel, on a vécu un scenario semblable à celui de la finale de la Ligue des Champions 1999 entre Manchester United et le Bayern Munich, à Barcelone. Mais ce scenario ne fait pas du tout l’affaire de Mons, qui s’est vu virtuellement en D1 jusqu’à la 90e minute avant de vivre un cauchemar éveillé dans les arrêts de jeu : 3-2 pour Waasland-Beveren, avec comme conséquence le fait que trois équipes peuvent encore prétendre à la montée. Un test-match est même envisageable.

Dans le camp des Dragons, tout le monde était un peu groggy au coup de sifflet final.  » C’est une grosse déception « , admet le coach DennisvanWijk.  » D’ici jeudi, il faudra oublier ces moments douloureux. La pression est là pour tout le monde et il faut pouvoir la supporter. On est obligé de travailler avec le stress. Dans ce tour final, on a inscrit 14 buts en 5 matches. C’est bien. Mais quand je vois la manière dont on encaisse…  »

Sur les trois buts encaissés par les Dragons au Pays de Waes, il y en a un inscrit de la tête par Kristof Snelders (1m69), un autre inscrit par le… gardien Michaël Clepkens, qui s’est pris pour Silvio Proto et un tir dévié de RachidBourabia. Trois buts qui, dans le meilleur des cas, ont simplement repoussé les festivités, mais qui pourraient aussi briser le rêve hennuyer alors que Mons avait tout en mains.

La saison des occasions ratées

Le match de dimanche résume la saison de Mons : celle des occasions ratées. Les adversaires eux-mêmes reconnaissent que c’était la meilleure équipe. Mais le tir de champion au terme de la phase classique lui est passé sous le nez et la crainte est vive que ce scénario-catastrophe se reproduise dans le tour final.

 » Cette étiquette de grand favori nous a surtout été collée par le monde extérieur « , corrige le directeur général Alain Lommers.  » Nous, dès le départ, on avait pointé Louvain. Sur base du sérieux dégagé par le club brabançon, de son recrutement et de son évolution au cours des dernières années. Pour le tour final, beaucoup voyaient un duel entre Eupen et nous. Personne n’avait évoqué Waasland-Beveren, mais aujourd’hui, cette équipe est à égalité de points avec nous. On a reçu un coup sur la tête, mais on ne doit s’en prendre qu’à nous-mêmes et se remettre en question.  »

A priori, il y a pourtant tout dans cette équipe de Mons, dont la plupart des joueurs ont déjà l’expérience de la D1 : un savant mélange de technique et de vivacité africaine ( MustaphaJarju, MatumonaZola, MamoutuoN’Diaye que certains considèrent comme la révélation de la saison), de travail et de discipline flamande ( TimMatthys, SiebeBlondelle, le capitaine TomVanImschoot), d’expérience et de talent français (le gardien CédricBerthelin, auquel se sont encore ajoutés JérémySapina et JérémyPerbet en janvier). En principe, cela aurait dû suffire, d’autant que Perbet s’est rapidement révélé être une arme fatale. Depuis son arrivée, il tourne à une moyenne comparable à celle de CristianoRonaldo : plus d’un but par match. 21 buts en 19 matches, pour être précis.

 » Perbet, c’est vraiment un coup dans le mille « , atteste Lommers.  » Quand on engage un joueur, on n’est jamais sûr qu’il va marquer des buts. Mais là, il marque comme il respire. Je ne m’explique toujours pas pourquoi il n’était pas utilisé à Lokeren. Il ne fait pas que marquer, il effectue énormément de travail également : il va chercher le ballon, le conserve, va se repositionner en attaque. On ne saura jamais prédire où nous serions s’il était arrivé plus tôt. Il était dans notre collimateur, mais jusqu’à janvier, Lokeren ne voulait pas le lâcher. Sapina est extraordinaire aussi. Calme et posé, il a stabilisé la défense, avec MaëlLepicier qui est revenu de blessure.  »

Mais cela n’a pas suffi. Il a même fallu appeler Van Wijk en cours de saison, alors que GeertBroeckaert retrouvait son poste d’adjoint.  » Quand les joueurs s’habituent trop à un entraîneur, il faut les secouer « , dit Lommers.  » Pourquoi Van Wijk ? On cherchait quelqu’un, il était disponible et avait l’expérience. Il nous avait déjà séduit lorsqu’il était à Roulers. Il pense à tout, ne néglige aucun détail. Malheureusement, il ne peut pas être à la fois sur le banc et… sur le terrain.  »

En fin de saison, alors que Mons avait abandonné ses prétentions de montée directe, on a fait état de certaines frictions avec Van Wijk. Lommers :  » Ces soi-disant problèmes n’avaient rien à voir avec l’entraîneur, plutôt avec certains joueurs. On a permis à toutes les parties de se parler, et cela fut positif puisqu’on a bien entamé le tour final. « 

Clepkens, l’homme du tour final

Jusqu’à la 90e minute, dimanche, Mons avait réalisé un tour final presque parfait. Le gardien bruxellois MichaëlClepkens, déjà auteur d’une prestation 18 carats à l’aller en sauvant plusieurs buts tout faits, a encore été le bourreau des Dragons.  » C’est la première fois que je marque un but de plein jeu « , explique-t-il.  » En revanche, à l’époque où je jouais au Racing Malines, j’avais qualifié mon équipe en Coupe contre Zulte Waregem, en marquant un tir au but après avoir arrêté celui de SammyBossut. On en était à 9-9 et j’avais fait 10-9 pour nous propulser en quart de finale.  »

C’est à lui que Waasland-Beveren doit d’être toujours dans le coup.  » Certains prétendent même qu’on a désormais le meilleur rôle « , poursuit-il.  » Parce qu’on va affronter une équipe d’Eupen démobilisée alors que Mons et Lommel vont s’entredéchirer. Mais ce n’est pas parce que les Germanophones n’ont pas encore pris le moindre point dans ce tour final qu’ils vont nous offrir la victoire. Au contraire, ils mettront sans doute un point d’honneur à ne pas terminer avec un zéro pointé. Je ne veux pas tirer de plan sur la comète. Sur papier, Mons reste la meilleure équipe. Les Dragons étaient les favoris du tour final. Nous préfèrons rester dans le rôle d’outsider. « 

Clepkens a aussi des ambitions personnelles.  » Mon objectif n’est pas de rester en D2, c’est un secret de polichinelle. Je sais qu’énormément de clubs de D1 aimeraient s’assurer mes services, mais cela ne m’intéresse pas si c’est pour m’y retrouver n°2. Il me reste encore deux ans de contrat avec Waasland et je peux partir pour 300.000 euros. Il paraît que Mons était aussi intéressé. Mais après le mauvais coup que je viens de lui faire, je peux sans doute oublier ( Ilrit). Si Waasland monte, autant rester. En cas contraire, il s’agira de faire le bon choix. Une année comme celle-ci, je n’en referai peut-être plus jamais.  »

PAR DANIEL DEVOS – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » On est obligé de travailler avec le stress.  » (Dennis van Wijk)

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