La suggestion du chef

Lundi passé, Ruud Vormer a eu 27 ans mais il ne les fêtera qu’à l’issue de la saison. En même temps que son mariage.

« Qu’en pensez-vous ? Qui sera champion ? « , nous demande Ruud Vormer.  » Ces play-offs sont imprévisibles, ils offrent peut-être des affiches mais, sans eux, nous serions déjà champions avec quatre points d’avance sur Gand et Anderlecht.  »

Vous luttez pour la première fois pour des prix. Est-ce différent ?

Ruud Vormer : C’est plus marrant que de jouer dans le ventre mou ou pour le maintien. L’AZ a joué la finale de la Coupe pendant ma première saison, sous Van Gaal, mais je n’avais que 18 ans. Feyenoord voulait aussi le titre mais je ne jouais pas… C’est différent maintenant. En plus, je ne souffre pas de la pression.

Même pas au Besiktas ?

Si, mais c’est mieux que de jouer devant trente personnes, comme l’année passée avec les espoirs de Feyenoord. 1-3, peu d’équipes signent pareil résultat là mais… j’enrage toujours d’avoir été éliminé par Dnipro. Les Ukrainiens ont moins de classe que le Besiktas mais ils démontrent qu’en groupe, on peut aller loin.

A votre arrivée à Bruges, vous étiez sûr de jouer.

Sinon, je ne serais pas venu.

D’où vient cette assurance ?

Je sais ce dont je suis capable. Je l’ai montré à Roda. J’ai toujours cru en moi, même à Feyenoord. Ronald Koeman m’appréciait, d’ailleurs, mais trouvait que Jordy Clasie, Tonny Vilhena et Lex Immers formaient le meilleur entrejeu.

Même les journalistes néerlandais sont surpris que vous soyez titulaire.

On dirait mais ils suivent ce championnat plus attentivement qu’avant, quand ils pensaient le nôtre meilleur. Les Hollandais, hein ! Enfin, je connaissais Bruges et Anderlecht mais le reste… Je suivais le foot allemand, l’anglais et l’espagnol.

De réserviste à titulaire

Etes-vous surpris d’être passé aussi vite du statut de réserviste de Feyenoord à celui de titulaire du Club ?

C’est inouï, non ? J’ai eu la chance que Michel Preud’homme m’ait vu à l’oeuvre à Roda. Lui, il a compris que je n’étais pas qu’un numéro six. A ce poste, il faut contrôler le jeu, ce que Timmy Simons fait à merveille. Il a 38 ans et c’est lui qui a le plus de minutes de jeu en Europe. Avant que je signe, le coach m’avait confié qu’il me voyait bien au huit, un peu plus haut, même si j’y avais rarement joué. Au départ, j’étais dubitatif mais je me dis aujourd’hui que la suggestion du coach était la bonne. Je défends, je participe aux attaques, je marque de temps en temps. Je me sens bien à ce poste. Parfois, je suis même étonné d’avoir autant de coffre car je cours beaucoup plus qu’au six.

A Copenhague, alors que le Club menait 0-3 au repos, vous avez encore sprinté vers le but. Pourquoi ?

A mon poste, quand il y a des espaces, il faut s’y engouffrer et puis, 0-4, c’est encore mieux, non ? J’en suis à 6 buts mais je dois être plus prolifique la saison prochaine.

Vous avez dû attendre vos 26 ans pour trouver votre meilleure position. N’est-ce pas étrange ? N’en avez-vous jamais parlé ?

Non car à l’AZ, je jouais au dix avant que Van Gaal ne me reprenne dans son noyau et ne m’aligne au six. Devais-je refuser ? Je suis donc resté là, tout en jouant parfois plus en profondeur.

Van Gaal, Koeman, Preud’homme : pouvez-vous les comparer ?

Sans poser de jugement de valeur, je trouve qu’on peut comparer Van Gaal à Preud’homme, surtout dans leur gestion humaine et leur préparation tactique. Ils sont proches des joueurs tout en étant les patrons. Rien n’échappe à Koeman non plus mais il est plus distant.

Plus compliqué qu’aux Pays-Bas

Vous répétez bénéficier de la confiance du staff. Un Néerlandais plein d’assurance en a-t-il besoin ?

Comme tout le monde ! Surtout sur le terrain. Après un moins bon match, je ne déborde pas d’assurance. Etre aligné le match suivant me fait du bien. J’ai également beaucoup appris sur le plan tactique.

C’est important en Belgique : les équipes de la seconde moitié du tableau n’attaquent pas à Bruges.

Oui. Le foot belge est plus mûr, il comporte moins de brèches. A Roda, Davy De fauw pouvait se permettre de dribbler en pleine défense mais ici, il n’a pas intérêt. Votre championnat est plus difficile.

Vous venez de poser le couteau entre les dents, pour un magazine et…

Le soir, Courtrai nous a battus 2-0. C’était pourtant une bonne idée : le magazine voulait me montrer en guerrier. C’est ce que je suis.

N’est-ce pas mépriser vos qualités footballistiques ?

Peut-être mais je m’en fous. Ici, les réactions sont généralement positives. Ceci dit, je ne suis pas un artiste.

Gamin, vous adoriez Edgar Davids, pas les virtuoses. Pourquoi ?

Davids avait tout. Il jouait bien, il se battait sans relâche et marquait régulièrement. Il a porté le maillot de grands clubs. Il était parfois controversé mais je ne m’intéressais qu’au football.

Quel est le meilleur moment de la saison, jusqu’à présent ?

Le 1-3 contre le Besiktas. Ou non, la victoire en Coupe. Mon père et ma fiancée étaient dans le stade. Quel dénouement ! Ce 1-1 tout à la fin, peu après un match très difficile à Istanbul. J’ai pensé :  » Aïe, nous voilà repartis pour une demi-heure.  » Puis Rafa a marqué ce superbe but. La fête a été chouette, même si j’ai été calme, compte tenu de notre calendrier. Je n’ai rien bu.

Une très chouette équipe

Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir le temps de savourer vos succès ?

J’aurai le temps de faire la fête dans dix ans. Ceci dit, si nous sommes champions, je me lâcherai… Ce sera l’occasion de fêter à la fois le titre, mon annif et mon prochain mariage.

José Izquierdo a été la vedette du podium durant la fête organisée à Bruges. Dans le vestiaire aussi ?

A chacun son truc. Mais les danses de José… Je serais bien incapable de l’imiter. Je ne suis pas aussi souple que lui. Il vient d’un tout autre monde. Récemment, il m’a dit :  » Dans mes clubs précédents, en Colombie, il n’y avait pas de tactique. Je devais rester devant, c’est tout.  » Ici, il doit également participer à la défense, bien conserver sa position. Ah, nous avons une chouette équipe. Personne ne s’offusque qu’avant un match, certains mettent de la musique. Nous profitons des bons moments, nous nous entendons bien.

PAR CHRIS TETAERT – PHOTO : BELGAIMAGE

 » Louis van Gaal est comme Michel Preud’homme, surtout dans sa gestion humaine et sa préparation tactique.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire