LA SPLENDIDE

Premier titre en Masters et à nouveau première joueuse mondiale : le retour du plus beau tennis féminin était réussi.

Un tennis formidable dans une ambiance magique. Les Masters de Madrid ont été parfaits. Le dernier week-end, qui était aussi le point final d’une longue saison, a offert ce qu’il y avait de mieux au monde. La finale a même opposé les deux joueuses les plus fortes de 2006 : Justine Henin-Hardenne et Amélie Mauresmo. En demi-finales, elles ont pris leurs distances par rapport à la numéro 3 et 4 du monde, Maria Sharapova et Kim Clijsters. Après un fantastique come-back, la Limbour- geoise était quelque peu déçue mais, avec le seul tournoi de Hasselt dans les jambes, elle a dû se réhabituer au niveau lors du premier match de poule. Ensuite, elle n’a cessé de progresser, même si sa défaite en trois sets face à Mauresmo a mis un bémol aux espoirs qu’elle s’était prise à nourrir.

Henin-Hardenne avait rejoint la capitale espagnole sans objectif particulier à cause de cette blessure à la cheville qui l’a écartée des courts sept semaines. Mais elle a débarqué dans la Madrid Arena comme un taureau de combat. Un brillant premier set lors de son premier match contre Martina Hingis pour ne plus devoir se tracasser. Et puis elle élimine la favorite du tournoi, Sharapova, en demi-finale. La Sibérienne de 19 ans faisait forte impression depuis l’US Open et dans la phase des poules, elle avait brillé. Mais qu’elle fut mal face à une Justine quasi parfaite ! Une demi-finale à l’enjeu de poids car elle décidait de la position de numéro un mondial.

La Rochefortoise de 24 ans a amplement mérité sa victoire : celle qui est présente à quatre reprises en finale des tournois du Grand Chelem est bien la meilleure joueuse de l’année. En outre, Justine a disputé dix finales sur 13 participations en 2006 ! C’est la deuxième fois qu’elle achève l’année au premier rang mondial. Il y a trois ans, c’est également à la faveur des Masters qu’elle avait conquis ce statut.

 » Je sais à quel point il est difficile d’arriver à ce niveau « , expliquait celle qui a gagné Roland-Garros.  » Depuis 2003, je n’ai pas été épargnée par les blessures mais cette victoire-ci est quand même le signe que cette année, tout s’est plutôt bien passé « .

Mauresmo et Clijsters, les revenantes

Henin a conquis son premier titre en Masters en prenant la mesure de Mauresmo dans une finale particulièrement passionnante. Et dire que longtemps, elles ont été incertaines…

Mauresmo, blessée à l’épaule, a été privée d’une grande partie de sa saison indoor. Elle s’est rétablie juste à temps mais, comme Justine, elle manquait de rythme. Dans son premier match con- tre Nadia Petrova, cette carence est apparue au grand jour, la Française était balayée. Mais Amélie est devenue une autre joueuse en 2006 :  » Mes victoires à l’Open d’Australie et à Wimbledon m’ont insufflé tellement de confiance que je sais que je reviens toujours dans un match.  »

La Française s’est qualifiée de justesse pour la finale, grâce à une victoire pénible sur Hingis dans son deuxième match de poule et un succès arraché à force de sueur face à Henin-Hardenne dans le dernier match de groupe. A ce moment, il était clair que la tenante du titre (Mauresmo a gagné son premier grand titre aux Masters de Los Angeles il y a un an) retrouvait son tennis. Sa demi-finale contre Clijsters l’a démontré. Ce magnifique match s’est décidé sur quelques détails. La Limbourgeoise n’a rien eu à se reprocher dans un troisième set qui a mis le public en transes mais Mauresmo a fait preuve, pour la énième fois cette année, de tant de résistance, d’intelligence de jeu et de robustesse qu’elle était invincible.

 » Ce fut presque mon meilleur match de l’année « , a admis Clijsters.  » De ce point de vue, je suis contente de la façon dont j’achève la saison en ayant pu disputer ces deux derniers tournois. Cela me constitue un petit bagage pour rejoindre l’Australie « .

Dans sept semaines, on jouera le premier Grand Chelem de 2007 où les joueuses de Madrid joueront encore les premiers rôles : une Henin-Hardenne plus affûtée, une Mauresmo plus ambitieuse, une Sharapova plus expérimentée et une Clijsters très motivée à l’entame de sa dernière saison.

Madrid tient ses promesses

Pendant quatre ans, les Masters féminins se sont déroulés sous une mauvaise étoile. Quatre années à L.A. ont laissé un goût amer à l’événement. D’emblée, Madrid a tout changé. Sur la côte américaine, l’assistance était médiocre et le tournoi se disputait dans une atmosphère apathique. L’immense StaplesCenter de 23.000 places donnait l’impression d’être à moitié vide.

Avec 9.000 spectateurs par jour, Madrid n’a pas présenté de meilleurs chiffres mais quelle ambiance ! L’organisateur Ion Tiriac (ancien partenaire d’ Illie Nastase en Coupe Davis pour la Roumaine, ancien coach de Guillermo Vilas, de Boris Becker, etc.) avait engagé des mannequins masculins comme ramasseurs de balles. Pour le tournoi masculin de Madrid, c’étaient des mannequins féminins…

Les joueuses n’ont pas toujours souhaité parler de cet aspect mais étaient globalement très satisfaites de l’organisation. Le contraire serait difficile, puisqu’elles ont été convoyées en Porsche, inondées de cadeaux dans le très chic Westin Palace Hotel et menant une vie princière dans cette ville raffinée. L’année prochaine, la Madrid Arena accueillera encore ces championnats du monde officieux…

FILIP DEWULF

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