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La Russie bannie des tournois internationaux pendant quatre ans?

Le TAS, le tribunal sportif international de Lausanne, se penche à partir de lundi sur l’appel de la Russie, suspendue par la WADA, l’agence mondiale antidopage.

Il s’agit peut-être de la plus grande tromperie de l’histoire du sport. Depuis les Jeux Olympiques 2008, l’État russe, avec le soutien de son président-Premier ministre Vladimir Poutine, a aidé ses athlètes à collecter les médailles grâce à un ingénieux système de dopage. Ce système a été mis à nu en 2016 par l’ancien directeur du laboratoire russe, Grigory Rodchenkov, celui-là même qui avait mis le système en place. En novembre 2015, le professeur Richard McLaren a établi un rapport confirmant les rumeurs. Ce rapport a entraîné une suspension partielle puis totale de la Russie pour les Jeux de Rio en 2016 et les Jeux d’Hiver de Pyeongchang 2018. Le documentaire Icarus et le livre The Rodchenkov Affair ont par la suite expliqué la supercherie, en long et en large.

Si son appel est rejeté, la Russie ne pourra même pas organiser de championnats du monde.

La WADA a réhabilité la Russie en 2018, à une condition: lui fournir une copie authentique des données du laboratoire de Moscou avant la fin de l’année, puis, un mois plus tard, les 2.000 échantillons d’urine stockés au laboratoire. Les enquêteurs de la WADA, spécialisés en cybercriminalité, ont constaté, une fois les données reçues (en retard), que des centaines de fichiers avaient disparu et que ceux qui avaient été fournis avaient été modifiés, falsifiés ou antidatés, de même que les nouvelles données envoyées ensuite, toujours à la demande de la WADA.

Le 9 décembre 2019, la WADA a donc demandé qu’on écarte la Russie des Jeux Olympiques et des championnats du monde des fédérations qui respectent son code, pour une période de quatre ans. Elle a également déclaré l’agence russe antidopage incompétente. La RUSADA s’est pourvue en appel auprès du TAS.

Fait peu encourageant, Iouri Ganous, le directeur-général de la RUSADA, engagé en 2017, a été limogé fin août, sur la recommandation du Comité olympique russe. Le motif officiel: « Des irrégularités dans les activités financières et économiques de la RUSADA. » Ganous a fermement démenti ces accusations et son adjointe, Margarita Pakhnotskaya, a démissionné pour marquer sa désapprobation.

La WADA s’est également déclarée inquiète des accusations proférées à l’adresse de Ganous et du fonctionnement indépendant de la RUSADA. Le limogeage de Ganous ne relève pas du hasard: quand la WADA a requis la suspension de la Russie, il a déclaré que la RUSADA avait été victime de pressions extérieures. « Nous avons encore tout gâché et si ça ne nous expose pas à une sanction, qu’est-ce qui le fera? » Ses propos dissidents lui ont coûté son poste.

Les trois juges du TAS, sous la direction de l’Australien Mark L. Williams, vont étudier l’appel de la RUSADA à huis clos la semaine prochaine, avec retard, suite à la pandémie.

Le jugement ne sera pas prononcé avant plusieurs mois et une éventuelle suspension de la Russie n’entrera en vigueur qu’à ce moment.

Si l’appel est rejeté, les athlètes russes ne pourront participer aux tournois sportifs mondiaux qu’en qualité de  » Olympic Athletes from Russia », pour autant qu’ils puissent prouver qu’ils ont suivi toutes les directives de la WADA et n’ont jamais été impliqués dans le système de dopage. La Russie ne pourra pas organiser de championnats du monde pendant sa suspension. Les fédérations qui lui ont déjà confié une organisation devront donc chercher un nouveau site, à moins que ce ne soit »impossible, légalement et pratiquement ». Donc, le Mondial de tir 2022 se déroulera probablement à Moscou comme prévu. Son organisation a été attribuée à la Russie par l’ International Shooting Sport Federation, dont le président est le milliardaire russe Vladimir Lisin, un ami du président Vladimir Poutine…

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