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La route Anderlecht – Amsterdam est longue et tortueuse !

Quel bonheur de passer une soirée devant cet Ajax… Tour après tour de la Ligue des Champions, c’est la même chanson. L’Ajax épate. C’est une équipe qui se qualifie en pratiquant un très beau football. Pour la toute première fois, un club est arrivé à éliminer, la même saison, à la fois le Real et la Juventus. Et autant on peut dire que la qualification de Tottenham sur la pelouse de Manchester City est un petit miracle, autant on peut dire que l’Ajax mérite à fond de se retrouver en demi-finale. Ce serait chouette d’assister à une finale Barcelone – Ajax. Déjà en tout début de saison, quand ils avaient affronté le Standard, j’avais trouvé qu’ils avaient vraiment quelque chose en plus. Et ça n’a fait que se confirmer entre-temps. C’est beau en plus d’être efficace. Alors, si tu aimes le foot, tu aimes cet Ajax !

Personne ne sait citer le nom du président de l’Ajax. À Anderlecht, on a un Marc Coucke qui est continuellement sous les spots.

Il y a là-bas un retour à l’ADN de l’époque de Johan Cruijff. Le directeur général sait de quoi il parle, c’est Edwin van der Sar. Un gars qui a marqué l’histoire de l’Ajax. Le directeur technique connaît aussi la musique, c’est Marc Overmars. Lui aussi a un beau passé dans le club. Ils travaillent ensemble, ils prennent les mêmes décisions, c’est gagnant. À part ça, tu peux me citer le nom du président ? Sûrement pas. Si tu poses la question à dix personnes, il est probable que tu auras dix gars qui t’avoueront qu’ils calent… Normal, c’est un inconnu. Personne ne parle de lui. On ne le voit pas. Il ne se met pas sous les spots.

Tout ça pour dire que quand la direction d’Anderlecht dit maintenant s’inspirer de l’Ajax pour retrouver le premier plan, il y a un sacré boulot. Déjà rien qu’au niveau de cette équipe dirigeante. Marc Coucke est aussi flamboyant et présent dans les médias que le président de l’Ajax est sobre et absent. Le directeur général, Michael Verschueren, qui a Frank Arnesen sous ses ordres, n’a pas tout à fait le même parcours footballistique qu’Edwin van der Sar.

Marc Degryse
Marc Degryse© BELGAIMAGE

Quand l’Ajax a inauguré son stade en 1996, ils l’ont appelé Johan Cruijff ArenA, pour mieux rappeler la légende. Aujourd’hui, Marc Coucke décide lui aussi de rebaptiser son stade et d’en faire le Lotto Park ou quelque chose comme ça. Avoue qu’on ne parle pas tout à fait de la même chose ! Renommer, c’est une chose. Construire, c’est complètement différent. Comment Anderlecht peut-il espérer suivre l’exemple de l’Ajax s’il n’y a déjà rien de concret, pour progresser, au niveau de ses installations ? C’est une première étape indispensable. La Johan Cruijff ArenA a fait décoller l’Ajax sur plusieurs points, on en est loin à Anderlecht si on se contente d’un bête naming publicitaire.

Ça, c’est pour le matériel. Pour progresser, il faut aussi penser au jeu. Encore un domaine dans lequel l’écart entre l’Ajax et Anderlecht est gigantesque. À Amsterdam, on voit une philosophie. On forme des jeunes, on les lance, c’est frais, offensif, pétillant, réfléchi, dans la continuité. Ce club a une tradition de beau football vers l’avant et la direction actuelle a clairement décidé que ça devait rester une priorité. À côté de ça, que voit-on à Anderlecht ? Point de vue jeu, depuis dix ans, on fait plus survivre que dominer… Il n’y a pas de continuité dans la philosophie, pour autant qu’il y ait une philosophie. On improvise, on change, on rechange. Bref, on tâtonne.

Ça fait du bien d’entendre qu’Anderlecht veut suivre l’exemple de l’Ajax. Mais dans l’état actuel, ça n’a rien de réaliste. On a d’un côté un club qui traverse la plus grave crise de son histoire, de l’autre une équipe qui épate toute l’Europe. Le chantier pour copier les Néerlandais est titanesque. Et il faudra trouver les bonnes personnes pour le commencer.

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