« La Rolls de Man City »

Le rôle crucial de Vince au sein de l’équipe de millionnaires de Roberto Mancini. Sven-Goran Eriksson, Sam Allardyce, Kolo Touré ainsi que nos compatriotes Dedryck Boyata et Simon Mignolet détaillent son rôle.

Ce samedi Manchester City a rendez-vous avec son histoire. Face à Stoke, les Citizens tenteront de décrocher une Cup qui leur échappe depuis 1969. En demis, les hommes de Roberto Mancini ont peut-être fait le plus dur en écartant United (1-0), son prestigieux voisin. Ce jour-là, à Wembley déjà, Vincent Kompany était capitaine de l’équipe. Transféré durant l’été 2008, Vince dispute une brillante saison, au point d’avoir été repris dans l’Equipe de l’Année par ses pairs. Une fameuse preuve de respect.

Vu par Simon Mignolet

Comme en témoigne Simon Mignolet, le portier belge de Sunderland et des Diables Rouges, City s’articule autour de trois personnes : Kompany derrière, Nigel de Jong dans l’entrejeu et Carlos Tevez en pointe. L’Argentin est le capitaine attitré de l’équipe et il le sera samedi, s’il est apte à jouer, puisqu’il souffre des ischio-jambiers. Si City gagne, ce sera son premier trophée en 35 ans.

Mignolet :  » Par ses investissements, City est devenu un grand club. Il en a le rayonnement. Il forme vraiment une palette de stars. Nous nous sommes imposés 1-0 chez nous mais c’était en début de saison. Là-bas, nous avons vécu une journée dramatique : City a signé sa plus ample victoire de la saison, 5-0. Un penalty et un but rapide ont suffi. Notre adversaire a alors fait parler son talent et nous a tués.

Kompany émerge en défense. Il est costaud, fait pour le football anglais. Physiquement parfait, il est aussi capable de délivrer une passe mais bien sûr, tous ses coéquipiers jouent bien, même si, selon moi, l’équipe peut souffrir quand un de ses trois pions majeurs ne joue pas. J’ai brièvement parlé à Vincent après le 5-0. Je n’avais pas le c£ur de bavarder trop. « 

Vu par Mike Rigg, le DT de City

Mike Rigg, directeur technique de Manchester City, considère que Kompany est un exemple, par ses performances sur le terrain mais aussi par son comportement en dehors. Selon Rigg,  » Kompany est le meilleur défenseur axial du championnat anglais « . Grâce à son professionnalisme, il est également  » un joueur comme tout club en souhaite « .

Initialement, Kompany a été enrôlé pour jouer dans l’entrejeu et dépanner en défense. Rigg ajoute :  » J’ai changé d’avis le soir du match Belgique-Espagne. Je l’ai vu évoluer au c£ur de la défense, contre David Villa. Ce soir-là, celui-ci n’en a pas touché une. A mon retour, j’ai conseillé à Mark Hughes de s’en servir en défense. La classe mondiale. Il allie physique et technique. Jadis, on pouvait se contenter de défenseurs centraux qui récupéraient le ballon. Ce n’est plus possible, du moins parmi l’élite. Kompany a du flair. J’apprécie aussi sa consistance, sa régularité. Que l’adversaire s’appelle Southend, Scunthorpe, Stoke City ou Manchester United, peu importe. Il est égal à lui-même. C’est aussi le cas de joueurs comme John Terry ou Rio Ferdinand.  »

Rigg ne prétend pas que Kompany doit être capitaine – c’est le domaine du manager- mais que Kompany regorge de qualités de meneur :  » Il a un top leadership potential.  »

Vu par un journaliste de la BBC complètement sous le charme !

Bonne nouvelle pour City : Kompany, dont le salaire a déjà été adapté, a déclaré la semaine dernière qu’il  » aimerait réaliser l’ensemble de sa carrière à City « . Il a tenu ces propos au micro d’ Ian Cheeseman, commentateur de la BBC Radio Manchester. Cheeseman :  » Nous avons retransmis l’entretien avant le match contre Everton mais des journalistes de la presse écrite étaient présents lors de l’enregistrement et ont répercuté ses paroles plus tôt que nous. En a-t-on également parlé en Belgique ? »

Cheeseman aime travailler avec Kompany, qui est professionnel, a une opinion et l’expose très bien :  » City réalise sa meilleure saison depuis des années. Il progresse de semaine en semaine et est beaucoup plus régulier. Il était déjà fort à domicile mais trébuchait parfois en déplacement. C’est moins fréquent. L’équipe forme un bloc. L’ironie du sort veut que malgré l’importance de Tevez, l’équipe a mieux fonctionné sans lui ces dernières semaines. « 

Pour Cheeseman, Kompany est le Joueur de l’Année :  » La Rolls-Royce de l’équipe. De la poésie en mouvement. L’athlète parfait, la perfection en mouvement, un bel homme, honnête. « 

Les commentateurs se doivent de rester critiques, non ?  » J’essaie. Je suis pratiquement tous les matches et je ne me souviens pas de nombreuses fautes. Peut-on être critique à l’égard de Lionel Messi ? On pourrait dire qu’avec ses qualités, Kompany pourrait marquer un peu plus puisque jusqu’à présent, en quelque 120 matches, il a inscrit trois buts. Dans le derby de championnat contre United, peut-être était-il un rien trop éloigné de Wayne Rooney sur sa reprise de volée mais c’est vraiment chercher la petite bête.  »

Il tient plus de Ferdinand que de Terry, estime Cheeseman.  » Terry est en quelque sorte un défenseur anglais à l’ancienne. Il est un leader mais il est plus rude. Je ne sais pas si Terry s’en sortirait à Barcelone. Par contre, nul ne douterait de la réussite de Kompany en Catalogne. Ferdinand serait capable d’y jouer aussi. Ils ont de meilleurs pieds. « 

Selon Cheeseman, City comble lentement mais sûrement le gouffre qui le sépare d’United. Leur affrontement en demi-finale de la FA Cup, remporté 1-0 par City, est éloquent.  » Cette victoire était méritée. Ce que je déclare peut paraître fou car United va être sacré champion et va disputer la finale de la Ligue des Champions mais en fait, c’est une équipe en déclin. United est criblé de dettes et ses joueurs prennent de l’âge. Je ne serais pas surpris si Sir Alex Ferguson annonçait ses adieux s’il remportait la finale de la Ligue des Champions à Wembley. Il sent que le vent tourne. City est financièrement plus stable, c’est l’étoile montante. La Coupe constitue une sorte de barrière psychologique. Si City la franchit, il disputera le titre la saison prochaine. Le gouffre ne cesse de se rétrécir.  »

Roberto Mancini est sous pression.  » Il évolue. Il se défait de sa tactique italienne, axée sur la défense, au profit d’un football qui accorde certes de l’importance à la récupération mais s’adapte au rythme et à la vitesse de l’élite anglaise. Si, au début, ses trois médians étaient surtout défensifs, on en trouve maintenant un offensif dans le lot. « 

Vu par un supporter des Citizens

Kevin Parker ne partage pas cette vision. Secrétaire général du Manchester City FC Supporters Club, Parker explique :  » Mancini évolue, en effet, mais globalement, il continue à insister sur la façon d’éviter les buts, de manière fairly Italian. La finale de la Coupe est effectivement un cap psychologique. L’équipe est sous pression. Il faut qu’elle remporte enfin un trophée. Si elle y parvient, la suite sera sans doute plus facile et, la saison prochaine, nous verrons peut-être une formation plus offensive, même si les résultats priment, bien sûr.  »

La clef du succès réside dans l’évolution de l’équipe, qui doit se souder. Des joueurs comme David Silva et même Mario Balotelli, régulièrement à l’origine d’incidents à l’entraînement, trouvent de mieux en mieux leurs marques. Parker :  » Le talent individuel est présent depuis des années mais désormais, les individus obtiennent un rendement ensemble. Nous réduisons notre retard sur United et nous sommes financièrement plus solides car si je ne me trompe pas, la dette d’United avoisine les 800 millions d’euros !  »

L’équipe regorge de Rolls-Royce, selon Parker.  » Ou de Bentley, si vous préférez. Mais Kompany est une des meilleures versions de la Rolls-Royce. Il a beaucoup évolué depuis son arrivée. Je ne lui reprocherai pas le but de Rooney car ce serait ignorer la beauté de ce goal. Personne n’est coupable, c’était une perle.  »

Le désir qu’a Kompany de rester est  » brillant « , selon lui.  » Il a de la classe, il est costaud et il aide les autres à progresser. Si Joleon Lescott gagne une telle estime en Angleterre, c’est grâce à Kompany. Et son assurance ballon au pied… J’adore ses fancypasses ! Je le trouve meilleur que Nemanja Vidic. Il n’y a pas de meilleur défenseur en Angleterre, actuellement.  »

Vu par Kolo Touré

Nous sommes vendredi, peu avant trois heures. Le téléphone sonne. C’est Kolo Touré. Sans trop d’espoir, nous lui avions laissé un message. L’Ivoirien, qui a joué à Arsenal, rappelle. Il ne ménage pas ses compliments à son partenaire.  » Il est jeune, énergique, sérieux, travailleur, rapide. Il lit bien le jeu et est capable de tenir son homme. Que demander de plus ? Je ne veux pas le comparer à Terry ou à Ferdinand et encore moins à des joueurs d’autres championnats. L’exercice est trop compliqué. Il a toutes les qualités requises pour l’élite et dispute une excellente saison. Le Barça ? Vincent est capable de jouer dans n’importe quelle équipe.  »

Touré cite un exemple de son leadership :  » Dans le vestiaire, il s’exprime en allemand, en français, en anglais et parle même un peu l’espagnol. Carlos Tevez remplit très bien sa tâche de capitaine mais Vincent en est également capable. « 

Vu par le manager Sam Allardyce

On le surnomme Big Sam. Il s’agit de Sam Allardyce (56 ans). Il semblait marié aux Bolton Wanderers, où il a effectué ses débuts de footballeur pro avant de diriger l’équipe fanion pendant neuf ans. Il a aussi entraîné Newcastle et Blackburn. Allardyce est manifestement un supporter de Kompany.  » Il est le joueur de la saison à Manchester City. Il atteint un niveau élevé et est régulier. Lescott joue mieux grâce à lui, en effet. C’est sa première saison complète en défense car auparavant, on l’a fait voyager entre les deux premières lignes. Il bouchait les trous, ceci dit sans mépris. Kompany jouait en défense ou dans l’entrejeu aux côtés d’un titulaire. Maintenant, il est le premier choix. Il s’est mué en numéro un de la défense, en joueur qui a sa place dans l’équipe de l’année, no doubt about that. Il a le niveau de Vidic.  »

Qu’apprécie Allardyce dans le jeu de Kompany ?  » Sa polyvalence. Il a transposé en défense l’expérience acquise dans l’entrejeu. Il lit le jeu, ne tombe pas souvent et tente d’intercepter. Il a énormément de présence et sa vitesse n’est pas négligeable. Il excelle ballon au pied. Le tacle n’est plus de notre temps et ne fait pas partie de son répertoire non plus. « 

Vu par Dedryck Boyata

Dedryck Boyata (20 ans) a fait banquette samedi contre Everton. Il espère jouer davantage la saison prochaine,  » en comprenant qu’être titulaire dans cet ensemble n’est pas évident. En principe, je reste dans le noyau la saison prochaine mais une location est envisageable. Cette année, City a accompli un grand pas en avant, y compris par rapport à Manchester United. Nous n’avons pas volé notre victoire en demi-finale. La mentalité est notre point fort, avec notre potentiel défensif et offensif. Nous sommes efficaces en attaque. Par contre, il nous arrive de manquer de concentration en déplacement. Nous devons aussi former un groupe plus soudé. Il y a eu tellement de transferts qu’il faut du temps pour former une équipe mais ce travail commence à porter ses fruits.  »

Kompany émerge de cet ensemble. Il a l’art de communiquer un message aux autres.  » Il est une certitude, un homme qu’on écoute. « 

Vu par le coach Sven-Goran Eriksson

Le mot de la fin revient à l’entraîneur de Leicester City, pensionnaire de D2. A Sven-Goran Eriksson, l’ancien sélectionneur de l’Angleterre, ex-entraîneur de Benfica, de la Lazio et de Manchester City, entre autres. Que pense-t-il de Kompany ?

Eriksson :  » Il est brillant, vraiment ! Brillant pour l’équipe. Cette année, il a joué en défense mais avant, je l’appréciais aussi dans l’entrejeu. Sa meilleure position ? Je ne sais pas vraiment. Il faudrait que j’en discute avec Mancini, ce que je n’ai pas encore fait, du moins à propos de Kompany. (Rires). N’a-t-il pas un jumeau ? Ce serait idéal : un Kompany dans l’entrejeu et un autre derrière.  »

Skilled, c’est le terme qu’il emploie pour décrire Kompany.  » Il est doué ballon au pied. Posséder un tel joueur pour relancer le jeu est le rêve de tout entraîneur. Il est capable de réussir dans n’importe quel grand championnat. Manchester City est une très bonne équipe de football et Kompany est un des meilleurs de ce onze.  »

PAR PETER T’KINT

 » N’a-t-il pas un jumeau ? Ce serait idéal : un Kompany dans l’entrejeu et un autre derrière.  » (Sven-Goran Eriksson)

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