» LA RIGUEUR DE BRUGES A FAIT LA DIFFÉRENCE… « 

Gert Verheyen et ses équipiers ont remporté la neuvième finale de Coupe de Belgique de l’histoire du Club Brugeois sur 14 participations à cet événement : qu’est-ce qui a manqué à Beveren au stade Roi Baudouin ?

Georges Heylens : Il n’aurait pas fallu grand-chose de plus pour que Beveren pose ses sacrés problèmes aux Brugeois. Si ce fut une finale intéressante, on le doit aussi aux gaillards de Jean-Marc Guillou. Ils ont eu des tas de trouvailles techniques, surtout au centre de la pelouse. Cela a donné du piment à la finale et une partie du public était venue afin de voir ces buts et ces créations africaines. C’était beau à voir et Bruges a même eu du mal à se définir par rapport à ce jeu court et bien ficelé. Beveren n’a hélas pas pu ajouter le geste de la finition à cette bonne circulation de la balle. Blessé à la cuisse, Romaric n’a pas fait preuve de sa présence habituelle dans le grand rectangle adverse. Quand Beveren jouera avec plus de sang-froid, cela fera très mal.

Bruges a tout misé sur sa rigueur, qui a fait la différence, ses automatismes, son calme, son métier. Bruges mérite son succès. Un seigneur quitte la compétition sur un succès de plus : Dany Verlinden. Il est dommage qu’un tel gentleman ait marqué un but contre son camp à l’occasion de cette finale. Birger Maertens en a fait autant mais, lui, il en a l’habitude. Bruges met un point final gagnant à une belle deuxième partie de saison. A Bruges, on doit regretter d’avoir calé le moteur durant le premier tour du championnat.

Johny Ver Eecke a bien dirigé cette rencontre mais je regrette que l’Union Belge n’ait pas confié cette finale à un des deux arbitres ayant mis un terme à leur carrière : Amand Ancion et Eric Blareau. Ils méritaient bien un geste de remerciement.

Tous les clubs procèdent au grand nettoyage d’arrière-saison : avez-vous retenu certains faits, propos ou mouvements ?

J’ai été outré par les mots tenus par Mogi Bayat au micro de RadioVivacité. Il s’est permis de descendre scandaleusement Robert Waseige. C’est indigne de la part d’un homme qui a l’ambition d’assumer un rôle important dans un club. Son oncle, Abbas Bayat, a une étoffe de dirigeant, lui pas. Robert Waseige représente quand même quelque chose dans le paysage du football belge. Il a un passé, un acquis, un palmarès. Quand Mogi Bayat déclare qu’il a échoué par sa faute dans ses derniers clubs, je trouve cela bas. Tout cela, il faut avoir le courage de le dire face à face, pas en l’attaquant alors qu’il ne peut pas se défendre. Mogi Bayat doit regarder dans son assiette. Qui est-il par rapport à Robert Waseige ? Quand Charleroi a engagé Robert Waseige, c’était pour ses qualités. Maintenant, on lui lance des défauts à la figure via un micro : c’est très facile et lâche à la fois.

Luc Nilis a rejoint la nouvelle caste des directeurs sportifs en signant un contrat à Heusden-Zolder : est-ce une évolution intéressante ?

Tout à fait. On voit ce que cela donne à Bruges où Marc Degryse soutient le coach, l’aide, mais prouve par ses choix et transferts qu’il n’oublie pas que son club doit techniser son jeu. Tout le monde n’a pas nécessairement envie de devenir ou de rester entraîneur. Ariel Jacobs va prendre du recul et tout ce qu’il a vécu à La Louvière sera utile. Des joueurs renommés (Michel Preud’homme, Luc Nilis, Enzo Scifo, Raymond Mommens, etc.) ont pris un recul intéressant. Ils connaissent le milieu, savent cerner le potentiel de joueurs intéressants, ont des contacts en Belgique et à l’étranger. C’est payant pour les clubs. C’est une nouvelle mode chez nous et je la trouve très intéressante pour l’avenir. Les clubs pourraient également se tourner vers d’anciens joueurs plus âgés. A 55 ou 60 ans, un ancien n’a peut-être plus envie du terrain mais peut remplir une autre tâche dans l’organigramme. Tout le monde ne peut pas ressembler à Raymond Goethals.

Un club a un président directeur sportif : le FC Brussels. Ne craignez-vous pas pour son entente avec Emilio Ferrera ?

Johan Vermeersch est un des hommes de la saison toutes divisions confondues. Il a tenté un pari et l’a gagné. Si Bruxelles compte à nouveau deux clubs en D1, il y est pour beaucoup. Il mène son club comme ses affaires et connaît parfaitement le football. Si chacun met un peu d’eau dans son vin, ce sera un bon cru.

Propos recueillis par Pierre Bilic

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire