LA RÉSURRECTION

Bruno Govers

Titulaire à part entière cette saison, il émargeait encore à l’équipe B voilà un an.

Quasi inconnu au bataillon des footballeurs de l’élite l’année passée, Christ Bruno (28 ans) avait pour la toute première fois défrayé la chronique à l’occasion du déplacement du FC Brussels au Standard lors de la quatrième journée du championnat. Ce soir-là, il avait montré la voie à suivre à ses partenaires en inscrivant, sur coup franc, un but de toute beauté, prélude à un succès historique (1-3). Un mois plus tard, face au Club Bruges, il récidiva même si, cette fois-là, son goal tout aussi magistral compta pour des prunes : défaite 1-6. Il n’en reste pas moins qu’on croyait le Hennuyer, dont l’expérience parmi l’élite s’était bornée jusque-là à une seule rencontre en 1995-1996 avec le Sporting Charleroi, lancé pour de bon.

Mais le back gauche molenbeekois dut déchanter : après un revers (2-0) à Saint-Trond, fin octobre, il fut relégué dans le noyau B à l’instar de Patrick Nys, Fritz Emeran, Christophe Kinet et Venance Zézé Zezeto.

 » Je n’avais pas livré un match d’anthologie « , se souvient-il.  » Mais de là à être accablé de tous les péchés d’Israël, il y avait quand même une fameuse marge. Nous avions été cinq à trinquer mais la sanction aurait pu être étendue aussi bien au reste de l’équipe. C’est le collectif qui avait failli cette fois-là et non un quintette de joueurs. Etre cloué au pilori dans ces conditions, c’était rageant « .

La leçon de l’Olympic

Dans sa carrière, Christ Bruno enregistrait là sa seconde grosse déception. La première, il l’avait vécue à l’époque où il militait chez les Zèbres. Après avoir effectué ses classes d’âge à la Jeunesse Sportive Solrézienne, puis à Marchienne, il avait intégré le groupe professionnel au Mambourg en 1995, avec l’idée bien arrêtée de faire son chemin. Mais au terme de deux saisons, ce fut subitement le coup d’arrêt : Robert Waseige supplanta Luka Peruzovic à la tête des troupes et de nouveaux visages débarquèrent au boulevard Zoé Drion : Bertin Tokéné, Danny N’Gombo et Rudi Smidts pour ne citer que les seuls défenseurs. Avisé par le président Jean-Paul Spaute que son temps de jeu serait des plus limités, notre homme fut encouragé à redescendre de deux échelons chez les voisins de l’Olympic. Une initiative heureuse, en définitive, car sous les ordres de Nebosja Malbasa d’abord, puis de Danny Ost, le citoyen de Solre-Saint-Géry retrouva toute sa superbe, au point d’aboutir en D2 au FC Strombeek, le précurseur du FC Brussels actuel.

 » Au moment même, c’est comme si le ciel m’était tombé sur la tête « , raconte Christ Bruno.  » J’avais délaissé mes études et consenti bon nombre de sacrifices pendant tous ces mois et voilà que, d’un jour à l’autre, je me retrouvais pour ainsi dire les mains vides. J’étais très mal et j’ai accusé le coup pendant quelques jours. Neba m’a heureusement aidé à remonter la pente. D’après lui, j’avais les qualités nécessaires pour évoluer un jour en D1. Il fallait tout simplement que je m’accroche et que je peaufine mon jeu. Je me suis souvenu de cette scène à l’heure où, avec mes partenaires, j’ai été rétrogradé dans le noyau B du FC Brussels. En mon for intérieur, je me répétais sans cesse : – Si tu es parvenu à renaître de tes cendres à La Neuville, pourquoi une nouvelle résurrection ne serait-elle pas possible à Molenbeek ? Malgré le contexte peu favorable, j’y suis parvenu. Car j’ai quand même vécu une période de galère à ce moment-là. Les conditions d’entraînement, avec la Première, ne sont déjà pas toujours reluisantes, c’est bien connu. Mais c’était le paradis à côté de ce que j’ai subi : des séances le soir, à la lueur de bougies, à peu de choses près, et avec 40 gars sur le terrain pour dix ballons. C’était franchement pas folichon, croyez-moi. Au bout d’un temps, je me suis dit : – Plus jamais ça. Et je suis allé trouver le coach pour arrondir les angles. J’ai été repêché, je me suis à nouveau retrouvé en Première et je ne l’ai plus quittée. Plus tard, quand Waseige a repris les rênes de l’équipe fanion, j’ai sans doute livré mes meilleures prestations. J’avais à c£ur de lui prouver que le jeunot de 20 ans du Mambourg avait bel et bien sa place parmi l’élite « .

Titularisé au back droit, en fin de saison passée, Christ Bruno a conservé ce poste, cette année. S’il n’a pas encore trouvé la voie des filets au prix de l’un de ces parpaings dont il a le secret, le Hennuyer n’en a pas moins livré jusqu’ici des prestations on ne peut plus correctes, contribuant au bon classement de ses couleurs. Il ne compte évidemment pas en rester là.

Difficultés à faire le jeu

 » L’équipe a incontestablement soufflé le chaud et le froid depuis le début de la saison « , souligne-t-il.  » A côté de performances de choix contre des ténors comme Anderlecht, le Club Bruges et le Racing Genk, il y a eu aussi, hélas, quelques bides de dimension. Je songe notamment à notre récente élimination en seizièmes de finale de la Coupe de Belgique, contre Oud Heverlee Louvain, ou encore à notre match tout aussi affligeant, en championnat contre le Cercle Bruges. A l’analyse, j’en déduis que nous tirons plutôt bien notre épingle du jeu face aux grands. Ce n’est peut-être pas anormal, dans la mesure où l’entraîneur nous programme toujours parfaitement pour contrecarrer nos adversaires. Comme ces équipes jouent résolument le jeu, tant lorsqu’elles évoluent dans leurs installations qu’en déplacement, nous parvenons toujours, à un moment donné, à exploiter les espaces pour répliquer par des contres meurtriers. C’est ce qui s’est vérifié lorsque tous ces gros bras nous ont rendu visite au stade EdmondMachtens. En revanche, quand l’adversaire coupe résolument les angles, nous éprouvons les pires difficultés à orienter les débats. Dans vos colonnes, Patrick Nys a évoqué la pression à laquelle nous devons souvent faire face à domicile, et due notamment à la présence du président Johan Vermeersch dans les vestiaires. Pour moi, ses fameuses gueulantes secouent davantage qu’elles n’ébranlent. Ce n’est pas là qu’il faut chercher les raisons de nos approximations à domicile. La vérité, c’est que nous éprouvons les pires difficultés à faire le jeu quand l’opposant nous gêne. Et tant que nous ne franchirons pas ce cap, il sera difficile d’assurer notre pérennité dans la première moitié du tableau. Car l’important, dans notre position, ce n’est pas les points qu’on prend contre les caïds mais ceux qu’on engrange face à des formations du même acabit. C’est contre elles d’abord qu’il faut s’imposer. Et c’est là que le bât blesse toujours pour l’instant. Peut-être puis-je apporter ma contribution pour remédier à cette carence. En raison de la présence de deux milieux récupérateurs dans l’axe – Alan Haydock et Richard Culek – la créativité doit venir des flancs. A gauche, Werry Sels a cette faculté mais, sur le versant opposé, l’apport n’est pas le même pour le moment. C’est probablement dû à une configuration qui a rarement été la même de semaine en semaine. Il n’empêche que je peux sûrement mieux faire, moi aussi, sur le plan de l’élaboration des offensives. Jusqu’à présent, j’ai toujours veillé à livrer des matches sans taches à l’arrière. A présent, je dois songer à mettre davantage le nez à la fenêtre afin de participer à la construction. Cette bivalence, c’est mon objectif cette saison. A défaut d’inscrire moi-même l’un ou l’autre but sur coup franc – les spécialistes ne manquent de toute façon pas chez nous – j’ai à c£ur de délivrer des assists. Je joue sur mon meilleur pied à présent et, à l’entraînement, je trouve souvent la bonne longueur dans mes passes. Il ne me reste plus qu’à étendre cette bonne habitude dans les rencontres officielles « .

BRUNO GOVERS

 » POUR NOTRE CLASSEMENT, NOUS DEVONS ABSOLUMENT GAGNER fACE À NOS RIVAUX DIRECTS  »

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