La règle de trois

 » On va jouer en Italie pour la gagne « , s’était exclamé René Vandereycken avant le déplacement à Florence. Une intention des plus louables, s’il en est, dans le chef du sélectionneur des Diables Rouges. Mais mise à mal, comme d’habitude, par la réalité du terrain. Un premier tir belge cadré après plus d’une heure de jeu, c’est évidemment trop peu en regard des ambitions claironnées. Pour revendiquer la victoire, il n’y a pas 36 solutions : il faut impérativement marquer. Et pour faire trembler les filets adverses, il convient, bien sûr, de viser entre les poteaux. C’est simple comme bonjour, mais cette évidence semble complètement échapper à notre coach national. Les chiffres traduisent d’ailleurs à suffisance cette frilosité offensive. Avec 1,1 but de moyenne par rencontre, jamais nos représentants n’ont été aussi peu productifs au cours de leur longue histoire. Pourtant, il y a moins d’une décennie, ils en étaient encore à un average de 1,1 goals par match avec Robert Waseige.

On comprendrait que le coach fédéral ne joue pas la fleur au fusil s’il s’appuyait sur une solide assise défensive. Mais, à ce niveau, c’est pire encore, entendu que le ratio est de 1,4 goals encaissés par joute. Eu égard aux récentes prestations contre le Maroc et la Squadra Azzurra, on ne peut pas dire qu’il y ait vraiment progrès en la matière, que du contraire. Face aux Lions de l’Atlas, le Limbourgeois avait tenté une expérience avec trois médians récupérateurs ( Timmy Simons, Vincent Kompany et Gaby Mudingayi) qui s’était révélée un bide complet. Ce coup-ci, devant les Transalpins, il s’était prononcé en faveur d’un axe central à trois en défense ( Carl Hoefkens, Kompany et Jan Vertonghen) complété sur les flancs par Sébastien Pocognoli et Axel Witsel. Une option aux conséquences tout aussi catastrophiques car livrés seuls aux doubles flancs azzurri ( Cristian Panucci et Mauro Camoranesi à droite, Gianluca Zambrotta et Antonio Di Natale à gauche), les deux jeunots coulèrent tout bonnement à pic sans que Maître René, orfèvre en matière tactique, soi-disant, n’apporte les correctifs nécessaires. Comprenne qui pourra.

Pour le bien d’une formation représentative qui devra quand même songer à alimenter le marquoir lors de son premier match de qualification pour la Coupe du Monde 2010, le 6 septembre prochain, contre l’Estonie, nous espérons que le grand manitou de l’équipe belge aura retenu la leçon de la dernière demi-heure de ses ouailles au stade Artemio Franchi et que son troisième essai avec un trio concernera cette fois sa ligne d’attaque. Car à partir du moment où le pauvre Moussa Dembélé et son tout aussi pâle acolyte offensif, StevenDefour, ont dû s’effacer pour Kevin Mirallas et WesleySonck, avant que Stein Huysegems ne les imite en toute fin de partie, on a enfin vu que les Diables Rouges savaient marquer. Pour autant, bien entendu, que le coach privilégie cette inclination. Un duo Mirallas-Sonck en front de bandière, soutenu par Dembélé, le meilleur pour conserver le ballon aux avant-postes, c’est sûrement une idée à creuser pour le fédéral.

Une chose est toutefois acquise à ce propos : Sanharib Sabah Malki ne viendra pas au secours de notre division offensive. Appelé naguère à trancher entre la Syrie, terre de ses ancêtres, et la Belgique, où il a toujours résidé, le Beerschotman a privilégié ses racines plutôt que sa famille d’accueil où, selon ses propres dires, il ne se sentait pas vraiment le bienvenu. En cause, essentiellement, l’attitude de René Vandereycken qui ne l’avait pas chaperonné plus que ça. Pour une petite nation comme la nôtre, qui n’est déjà pas très riche en profondeur, comment ne pas déplorer pareille issue ? D’autant plus qu’il y avait déjà eu un précédent en la matière avec le Belgo-Turc Onder Turaci. Un gars qui, par ailleurs, n’aurait absolument pas détoné à la place d’Hoefkens face à Gigi Buffon et les siens…

PAR bruno govers

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