La quintessence du néant

A son arrivée, on a pensé à MarcelProust et sa Recherchedutempsperdu. On nous a dit :  » Il vient se relancer.  » On s’est dit :  » Quand un tel talent arrive dans notre championnat on sait déjà qu’il y a un blême « . Mais OK. Pourquoi pas. Ça a déjà marché. Cela dit, on se demande à qui profite la rime. Au club prêteur ? Sûrement, il fait payer par autrui une partie du salaire qu’il a déjà deviné disproportionné par rapport à l’envie de retour sur investissement.

Au club acquéreur ? Qui se dit qu’un tel joueur à un tel prix c’est cadeau ? Peut être mais empoisonné le cadeau. A certains qui, dans chaque allée et venue, voient des flux et reflux financiers appropriés ? Certainement. Lors de la finale de la Coupe, la quintessence de la réflexion a éclaté en toute discrétion, c’est-à-dire hors caméra.

MarkoMarin se claque et en même temps claque la porte à peine entrouverte de son passage à Anderlecht. Une  » action  » pour résumer le présumé. Il sort du terrain d’un pas ferme. Il a trouvé sa direction, les vestiaires. Sans passer par la case soigneur et coach. Dernière ligne claire et limpide d’un parcours obscur et flou. Marko quitte le match qui continue de se continuer.

Son équipe joue à 10 pendant deux minutes. En finale de Coupe, alors qu’il n’y a qu’un tout petit but d’écart. On peut essayer de comprendre le joueur. Il est le premier conscient qu’il n’est plus ce qu’il était mais seulement ce qu’il est devenu. Il est malheureux, frustré, dégoûté de ce qu’il ne peut plus apporter. De n’être qu’un anonyme sur une pelouse belge. Mais, pas un moment, il ne s’est dit :  » Je vais me coucher sur la pelouse.  »

Histoire de laisser son remplaçant se préparer, histoire de ne pas pénaliser son équipe un peu plus. Ça ne lui a jamais traversé l’esprit. Comment en arrive- t-il là ? Par ce qu’il est en transit. Conscientiser et responsabiliser un homme dont on lui a répété qu’il n’est là que de passage est tout un art. L’art de se faire respecter. L’art de rappeler que le foot n’est pas qu’un business. Que l’essentiel n’existe que dans les résultats conquis sur scène.

D’autres Anderlechtois (mais pas que) se perdent aussi dans leurs priorités. Comme s’afficher sur des écrans, voire sur le papier à la chronique  » People « . Une sorte de quintessence du néant. L’orgueil des uns s’exprime en présentant ce qu’il considère comme un trophée. Une  » pepette  » souvent en mal de  » pepettes « . Sonnantes et trébuchantes. Ça sonne faux et ça trébuche beaucoup. On ne peut s’empêcher de penser que jamais au grand jamais un joueur de Bruges ne se permettrait cela. Ni laisser son équipe à dix ni narguer l’autorité qui lui demande de la décence tant que l’essentiel n’est pas fait. Assurer sur la pelouse.

Dans cette finale, beaucoup de Brugeois étaient cramés, mais jamais consumés de leur envie de conquêtes et de titres. Quitte à se faire infiltrer pour jouer, autant le faire pour un résultat. Savoir souffrir sans rien offrir, rester toujours en éveil et profiter des somnolences adverses, c’est ça qui fait gagner. Facile à expliquer, plus difficile à exécuter. Le difficile devient facile quand la tête supplée les jambes. Quand l’essentiel s’impose au superficiel.

Pour d’autres, la tête ferait bien de suppléer la tête. Bravo l’Union Belge pour l’organisation. Gouverner, c’est prévoir. Au secours, y a quelqu’un qui gouverne ? On a besoin de vrais hommes, pas de (faux) jetons de présence.

Le surréalisme à la belge a failli nous offrir un drame à la belge. Faire arriver les cars entre les tribunes, bondées de supporter enivrés. Quelle bonne idée.  » On n’y avait pas pensé ! On a remarqué !

Une frite mayonnaise pour nous rappeler l’incompétence des uns et l’inconscience d’un autre. BesnikHasi intronisé  » membre émérite du sachet de frite mayonnaise « . Imaginez que ce soit autre chose que le coach anderlechtois ait reçu sur son costume. C’est pas une oe heure de retard qu’elle aurait eue notre finale mais un siècle. Et pas celui des  » Lumières « .

Conscientiser et responsabiliser un homme qui n’est là que de passage, c’est tout un art.

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