La qualification à pile ou face

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Une terrible deuxième session attend les Diables Rouges. Ils devront affronter, en quitte ou double, des Tchèques regonflés moralement après un impressionnant 6-0 face à la Bulgarie. En novembre, nos adversaires partiront avec un point psychologique d’avance.

Dans le passé, notre équipe nationale a bien géré ses matches de barrage: en 1985 contre les Pays-Bas, puis en 1997 face à l’Irlande. Mais, pour le même prix, la Belgique ne serait allée ni au Mexique, ni en France. A Rotterdam, le coup de tête victorieux de Georges Grün était tombé à un moment où plus aucun supporter belge n’y croyait. Et, contre les Irlandais à Bruxelles, Luc Nilis nous avait offert la victoire alors que les visiteurs faisaient largement jeu égal.

Les Diables se retrouvent aujourd’hui dans la situation d’une équipe obligée de sauver sa saison via la Coupe, après avoir échoué en championnat. Et, qui dit Coupe ou barrage, dit loterie. Quand tout doit se jouer en 180 minutes, il y a toujours le risque de se planter à cause d’un raté monstrueux, d’une erreur d’arbitrage, d’un gros manque de réussite ou encore d’un off-day collectif. Tous des impondérables que l’on peut compenser sur une campagne de qualification complète. En barrage, la valeur des adversaires reste évidemment le premier argument, mais l’outsider possède des chances réelles. Reste à désigner l’outsider du double Belgique-Tchéquie! Les Belges ont soufflé le chaud et le froid lors de leur parcours qualificatif et ils n’auront certainement pas le droit de sous-estimer les coéquipiers de Jan Koller.

Plusieurs barons de l’équipe nationale sont à la recherche de leur meilleure forme. Marc Wilmots ne voulait rater le rendez-vous de Zagreb pour rien au monde. En le titularisant, lui a-t-on fait un cadeau? La charnière centrale défensive suscitait des questions depuis plusieurs semaines et a confirmé, samedi dernier, qu’elle restait un sujet d’inquiétude. La défaite en Croatie a provoqué bien plus de questions que de réponses. Les solutions seront-elles trouvées d’ici le 10 novembre, date du premier affrontement avec les Tchèques?

Ces derniers savaient, en abordant leur dernier match éliminatoire, qu’ils n’avaient plus que de très minces chances de terminer en tête de leur groupe. Leur objectif consistait à jouer les barrages. Il a été atteint, avec brio. Mentalement, ils sont au top.

Les Belges, eux, rêvaient tout haut d’une nouvelle participation à une phase finale de Coupe du Monde. Le scénario de la deuxième place n’avait guère été abordé. Le duel de Zagreb a débouché sur un échec et il faut maintenant soigner, au plus vite, les bobos psychologiques. Mais aussi tenir compte d’autres éléments qui pourraient nous jouer des tours. Certains Diables Rouges paraissent fatigués et ce n’est pas leur programme à court terme qui risque de leur rendre leurs meilleures jambes. D’ici le 10 novembre, les Diables évoluant au pays auront disputé cinq matches de championnat. Mais surtout, les Anderlechtois se seront farci trois rencontres de Ligue des Champions, avec toute la fatigue mentale et physique qu’elles supposent. Quelle sera l’étendue des dégâts psychologiques si le Sporting ne termine pas à l’une des trois premières places de sa poule? Comment les internationaux du Standard et de Bruges encaisseraient-ils une éventuelle élimination en Coupe de l’UEFA? Un raisonnement européen qui s’applique d’ailleurs à plusieurs Diables expatriés.

Il faut ajouter à tout cela un autre élément potentiellement perturbateur: le stress. Après la défaite en Croatie, Jan Peeters, le président de l’Union Belge, a affirmé que les Diables en avaient été victimes et que c’était, pour lui, une partie de l’explication à ce résultat négatif.

Le stress peut-il être moins pesant à l’heure d’affronter les Tchèques? Non! Les Belges savaient, au coup d’envoi, qu’une défaite leur laisserait une deuxième chance. Au moment d’affronter la Tchéquie, ils seront conscients d’abattre leur dernier atout. Une situation toujours délicate pour une équipe dont la force mentale n’est pas nécessairement la première vertu. Et qui, comme le signale Georges Leekens, vient d’encaisser un nouveau coup dur alors que les traces de l’EURO n’avaient pas encore été totalement éliminées.

Pierre Danvoye

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