La pression rouge

Pierre Bilic

Il n’aura manqué qu’une ligne pour que le roman du Standard soit un des succès de l’été. Sans le penalty raté par Sergio Conceiçao à Ostende, les Rouches n’auraient pas été forcés de disputer un double test match face à Genk. Plus tard, privé de son bouillant stratège portugais qui encaissa une carte jaune mortelle à Sclessin, le vieux club liégeois s’écroula dans le Limbourg. La déception fut immense car cette équipe, stabilisée à partir de janvier, avait la carrure européenne.

Tirant les leçons du passé, les Rouches n’ont pas chamboulé leur groupe. Et après avoir pensé à Trond Sollied et vainement rêvé d’ Eric Gerets, ils ont confié leurs espoirs à leur ex-(ex)-coach : Dominique D’Onofrio. Il avait livré du bon boulot et rempile pour un an avec un nouveau staff autour de lui, histoire, dit-on, de secouer le cocotier, de ne pas permettre aux joueurs de s’installer dans leurs petites habitudes et de tenir toutes les ambitions en éveil.

DÉFENSE

Avec la deuxième arrière-garde de la D1 la saison passée (30 buts encaissés pour 25 à Bruges), le Standard a tressé un beau et solide grillage devant Vedran Runje. Ce dernier était revenu un peu émoussé de Marseille. A sa façon, Christian Piot l’avait relancé et c’est désormais au tour d’un autre ancien de la maison, Claudy Dardenne, de devenir après les Jean Nicolay (père et fils), et Piot, le mentor liégeois du fier Dalmate. Eric Deflandre a renoncé à son brassard de capitaine car ce rôle ne lui bottait pas mais il est décidé à retrouver sa place en équipe nationale. L’impressionnant Ogushi Onyewu, dont Anderlecht était fou, a prolongé son contrat et formera la charnière centrale avec l’intraitable Ivica Dragutinovic. Le Standard dispose aussi d’alternatives dans l’axe avec Mohammed Sarr et Mathieu Beda. A gauche, s’il ne répond pas aux sirènes étrangères, Philippe Léonard est indiscutable après une bonne saison 2004-2005. Ce secteur avait été reconstruit de fond en comble la saison passée.

ENTREJEU

Toute cette ligne avait été toilettée durant le dernier championnat. La bonne surprise de cette zone ne fut autre que Karel Geraerts. Michel Preud’homme l’avait acquis au Club Bruges : ce fut une réussite totale. Dans un style bien limbourgeois, fait de sueur, de travail, de persévérance, il a mérité une place au soleil et devrait continuer sur cette lancée. Il y a gros à parier que Christian Negoaui s’installera à côté de lui afin de corser le débat athlétique dans la guerre de la récupération de la balle. Le Standard veut de la taille dans toutes ses lignes. Mathieu Assou-Ekotto est cependant décidé à défendre chèrement sa peau face à la concurrence. Milan Rapaic a trouvé ses marques à gauche où sa technique devrait faire de gros dégâts. La grande interrogation concerne le flanc droit. C’est la zone de prédilection de Sergio Conceiçao, maître centreur. S’il est aligné plus en pointe, cette place pourrait être revendiquée par Wamberto (c’était son territoire d’expression à l’Ajax d’Amsterdam) ou par Jonathan Walasiak s’il retrouve sa niaque après une année difficile.

ATTAQUE

Cédric Roussel est prêt et attend les centres de la gauche et de la droite. DD préfère aligner un joueur vif autour d’une tour que de planter deux buildings dans la défense adverse. Roussel avait été rapidement blessé après son arrivée à Sclessin. En fin de saison, il fut saignant, même avec Sambegou Bangoura, meilleur buteur du club avec 15 goals. Mais l’homme fort sera le nouveau capitaine Sergio Conceiçao. Il veut guider le Standard vers le top mais, pour cela, en plus d’exploiter son arsenal technique, cet artiste devra dompter un caractère de feu. C’est l’artiste qui doit s’exprimer, pas le bagarreur. S’il ne garde pas son calme, son comportement pourrait être un gros problème pour le Standard dont le brio offensif dépend beaucoup de ses pieds de génie.

CONCLUSION

En principe, le Standard basera le gros de son jeu sur le 4-4-2 et le 4-4-1-1. Mais il y a des tas de variantes envisageables. Il y a un an, Sclessin était un véritable chantier. Cette fois, plus personne n’aura aucune excuse à présenter en fin de saison en cas d’échec dans la bataille pour l’Europe : ni les joueurs, qui se connaissent, ni le coach qui a réglé cette fine mécanique. L’attente est une fois de plus énorme dans le chef des supporters qui veulent voir leurs couleurs sur la scène européenne : c’est cela, la pression rouge.

Pierre Bilic

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