La pire équipe de promotion

Le FC Charleroi enchaîne les défaites fracassantes. Et on vous explique pourquoi.

« Il faut encore tenir dix minutes. Rentrer au vestiaire avec 0-1 serait, simplement, un bon résultat.  » Pas ironique pour un vieux franc, le commentateur de Télésambre n’énonce qu’une réalité statistique : depuis l’entame de la saison, le FC Charleroi s’est pris tellement de raclées qu’il doit avoir les fesses toutes rouges. Parce qu’on parle ici de vrais scores de préminimes (12-0 à Winkel Saint-Eloi, 1-11 face à Menin…) pour une différence de buts qui, avant cette sixième journée de championnat, atteignait des sommets du genre : 1 pion pour et… 40 contre ! Admettons qu’à ce niveau, la promotion, le ratio n’a rien de banal : si le FC Charleroi n’est évidemment pas la pire équipe du pays, encore moins du monde, il l’est très probablement dans sa catégorie. La faute à une préparation chaotique et à un imbroglio qu’on va essayer de vous résumer. Attention, ça fait mal aux yeux.

A la tête de deux clubs, le président Roberto Leone ne semble intéressé que par son autre écurie, le Royal Charleroi Fleurus, anciennement RJS Heppignies-Lambusart-Fleurus, qui évolue en D3. N’ayant pas trouvé de repreneur pour le matricule 94, celui du FC Charleroi, anciennement RASC Couillet, l’homme d’affaires hennuyer s’est donc résolu, en dernière minute, à aligner une équipe en promotion. Une équipe faite de bric – des joueurs sans contrat et/ou en méforme – et de broc – des jeunes totalement inexpérimentés. Lesquels, mal préparés, se blessent les uns après les autres, dans un cercle aussi vicieux que triste : le pauvre coach ManuMassaux, pour qui le football professionnel (Charleroi, Pise,…) n’est forcément plus qu’un lointain et nostalgique souvenir, se voit donc obligé, vu les trous béants qui minent son effectif, d’enfiler lui-même une vareuse ! Quand ce n’est pas le T2 qui doit jouer au goal…

Pour autant, en ce dimanche grisonnant, le FC Charleroi tient plutôt bien le coup contre son adversaire du jour, Genly-Quevy.  » On devrait avoir des buts, normalement ! », rassure le photographe d’une gazette locale, un brin malicieux. Sur le terrain, Manu Massaux, qui a encore pas mal de foot dans les pieds malgré ses 37 ans, peine à masquer son énervement :  » C’est zéro pour le moment, crie l’entraîneur/joueur à l’un de ses joueurs/coéquipiers. Tu joues à du deux à l’heure ! Tu rigoles trop avant les matches ! » Et on a un peu mal pour lui…

Reste qu’au final, Genly-Quevy n’aura traduit sa domination que par trois buts, dont l’un en toute fin de match. Entre-temps, le FC Charleroi s’était même courageusement rapproché à 1-2, redonnant espoir à la vingtaine (estimation approximative) de supporters locaux massés (description approximative) dans un stade (vocabulaire approximatif) un peu tristounet.  » On a encore des changements ? », s’enquiert un Manu Massaux au bout du rouleau.  » Non « , répond le banc local.  » Oh pu… ! » Forcément, dans ces conditions, difficile d’aller chercher les ressources nécessaires pour renverser la tendance. En toute fin de match, deux bénévoles s’interpellent :  » Faut vite qu’on aille chercher les ballons qui sont passés au-dessus, avant qu’on ne les vole.  » Et on a l’impression que pour le FC Charleroi, retrouver ces ballons, ce sera la bonne nouvelle du jour. Avec le score, moins douloureux que d’habitude. Le début d’une éclaircie ?

PAR GUY VERSTRAETEN – PHOTOS: IMAGEGLOBE

Du bric – des joueurs sans contrat – et du broc – des jeunes totalement inexpérimentés.

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