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La perle du Portugal

Ses débuts à Anvers ont été compliqués, mais depuis, Aurélio Buta s’est affirmé comme l’un des meilleurs arrières droits de Belgique. À 22 ans, il semble prêt à franchir un palier supplémentaire, grâce à une bonne formation et des progrès sur le plan tactique.

Durant l’été 2017, l’Antwerp prépare son retour en D1A et ne cherche pas forcément un nouvel arrière. En fait, chaque secteur doit être renforcé, sauf ce poste-là. Jusqu’au moment où Frédéric Duplus, le capitaine, décide de retourner à Lens, qui évolue en Ligue 2 avec l’ambition de remonter parmi l’élite. Soudainement, une place se libère et Luciano D’Onofrio ouvre son carnet d’adresses.

Il recherche à la fois de l’expérience, du talent et de la jeunesse. Il s’informe auprès d’Augsbourg pour l’ancien Rouche Daniel Opare, mais ce dernier n’a pas l’autorisation de partir, et n’arrivera au Bosuil qu’une saison plus tard. La piste Réginal Goreux ne donne rien non plus. Finalement, la solution vient de l’équipe B de Benfica. Alors que l’on approche de la fermeture du mercato, D’Onofrio déniche un joyau nommé Aurélio Buta. Il vient d’avoir vingt ans et est impatient. S’il peut s’entraîner avec l’équipe A, il ne peut toutefois pas participer aux matches officiels, et il prend la direction du nord de l’Europe à la recherche de minutes de jeu. Dans une interview accordée à Record, Buta se montre enthousiaste :  » Le championnat de Belgique me permettra de grandir et j’espère que je recevrai du temps de jeu. Un prêt me semble être la meilleure solution. Je veux évoluer dans un autre contexte et revenir avec plus d’expérience « , explique-t-il.

Jeune, doué et issu d’un grand pays de foot : un cocktail détonnant qui attire les convoitises anglaises.

Adaptation compliquée

S’il se définit comme un  » véritable arrière droit « , la vérité est un peu différente. Il brille plus par ses qualités offensives, comme la vitesse, la technique, le toucher de balle. Logique, lorsqu’on a été découvert à quatorze ans et que l’on a été formé comme ailier à Seixal, le centre de formation du club lisboète. Très rapidement, ce joueur né en Angola mais arrivé très jeune au Portugal, est appelé en équipe nationale chez les jeunes. Il a atteint même les demi-finales de l’EURO à deux reprises (en U17 et U19) et est quasi systématiquement titulaire malgré la forte concurrence qui règne au sein du noyau lusitanien.

À l’Antwerp, on découvre très vite qu’il n’est pas un véritable back droit. Après une courte période d’adaptation, Laszlo Bölöni lance Buta à l’occasion d’un match de Coupe contre le Lierse, mi-septembre. Ce soir-là, toute l’attention se porte sur Jelle Van Damme. Et tant mieux, car Buta a du mal à convaincre pour ses débuts. Ses qualités sont surtout offensives, mais l’Antwerp de cette époque, qui cherche encore sa voie, doit d’abord s’appuyer sur une bonne organisation défensive et des contre-attaques, avec des ailiers qui viennent prêter main forte à leurs arrières. Des circonstances peu propices à l’éclosion d’un talent comme Buta. Son positionnement laisse à désirer, et au milieu de tous ces gars baraqués, on décèle aussi une certaine carence dans le jeu de tête. Il peut surprendre les costauds par sa vitesse, mais dans le jeu aérien, il est un peu petit.

Le staff décide alors de polir ce diamant brut, laissant Buta redevenir réserviste. Ce n’est qu’en novembre qu’on le revoit en action. S’ensuit une série de matches qui ne convainquent toujours pas entièrement Bölöni. Pendant la trêve hivernale, le club se met donc à la recherche d’une alternative plus expérimentée. Ce sera Ritchie De Laet, qui est finalement loué à Aston Villa pour six mois. Ce n’est que lorsque l’équipe doit faire une croix sur les play-offs, après un mois de février désastreux que Buta revient dans l’équipe de base. Mais pas pour longtemps : lors du derby chaud bouillant contre le Beerschot en PO2, le sort s’acharne sur Buta, qui se retrouve victime d’une fracture du métatarsien qui met un terme à sa première saison.

Crucial pour les PO1

Malgré cette adaptation difficile, Bölöni croit en Buta, envers et contre tout. La direction est également convaincue par son talent et tente de transformer ce prêt en transfert définitif. Mais à peine rétabli de sa première blessure, il se fracture à nouveau le métatarsien durant le stage estival. Acheter un joueur blessé ? L’Antwerp fonce. De son côté, le joueur est surpris par la confiance qu’on place en lui.

En septembre, Buta est de nouveau prêt et prend rapidement la place d’Opare. À première vue, le style de ce dernier, plus défensif, est plus approprié au football que préconise le coach, mais Buta s’impose grâce à la vitesse, l’agilité et les impulsions offensives qu’il instille à l’équipe. Petit à petit, le football pratiqué par le Great Old évolue, avec plus de libertés accordée aux joueurs de flancs, et donc à Buta, positionné à droite.

Lentement mais sûrement, on commence à voir l’impact du Portugais dans les statistiques. Durant sa deuxième saison, il ne délivre qu’un seul assist avant le Nouvel An, mais son rôle se révèle crucial dans la conquête d’une place en PO1 : de janvier à mars, il délivre en effet cinq assists. C’est clair, la période d’adaptation est derrière lui, confirmant que la décision de le transférer définitivement était la bonne. La barrière de la langue s’efface progressivement également, quand il commence à parler un peu l’anglais et le français. Son jeu de position doit encore être amélioré, mais sa vitesse compense beaucoup de lacunes. Buta n’est plus le maillon faible de la défense. Mais il n’est hélas d’aucune utilité dans les PO1, en raison d’une blessure au ménisque.

Convoitises anglaises

Cette saison, Buta continue sur la même voie durant la saison régulière. On ne parle plus d’Opare, victime d’une grave blessure au genou, et si De Laet est revenu d’Angleterre après un petit détour par Melbourne, il n’est plus un concurrent au poste d’arrière droit. Au sein d’un dispositif un peu modifié et dans une équipe qui joue à trois derrière en perte de balle, Buta peut donner libre cours à son talent offensif. Avec six passes décisives et un but, son impact se reflète également dans les chiffres.

Il est jeune, doué et issu d’un grand pays de foot. Un cocktail détonnant qui attire les convoitises anglaises. En novembre, les premières rumeurs l’envoient à Wolverhampton. Logique, étant donné les liens qu’entretient ce club avec le Portugal. Mais Leicester, Newcastle et d’autres semblent aussi intéressés. Pour l’instant, Buta est toujours à l’Antwerp.

Le joueur déclare lui-même pendant le stage qu’il ne veut pas entendre parler d’un transfert pour l’instant. Il a encore des défis à relever au Bosuil, à défaut d’en avoir en sélection : avec Pereira (Leicester), Semedo (Barcelone) et Cancelo (Manchester City), la concurrence est rude. Mais il semble clair qu’avec un contrat qui arrive à échéance à la fin de la saison prochaine, l’Antwerp aura du mal à conserver son arrière droit. Surtout s’il confirme en 2020 ses bonnes dispositions actuelles et qu’il se révèle cette fois être une arme redoutable en play-offs 1.

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