La Perle de Caracas

Bruges a enrôlé l’espoir du Venezuela et ceux qui le connaissent parlent d’un gros transfert :  » Il va faire sensation et attirer le public « .

E steban Rojas, journaliste sportif du journal vénézuélien El Universal :  » Je ne suis pas vraiment surpris que Ronald Vargas ait quitté le FC Caracas car la majeure partie de l’équipe a fait de même. Par contre, je suis étonné par la rapidité de son émigration en Europe. Il n’a que 21 ans et n’a encore joué qu’une saison complète au FC Caracas. Il a cassé la baraque et est même devenu leader de l’équipe, ce qui n’est pas évident car celle-ci compte beaucoup d’internationaux. Finalement, il a lui-même été sélectionné. Tout semblait commencer et nul n’imaginait qu’il partirait aussi vite.

Son seul point faible est son manque de maturité. Il perd vite son self-contrôle. Cela lui a déjà valu pas mal de cartes rouges. Pour le reste, c’est un footballeur complet : il regorge de technique, est très véloce ballon au pied et a un bon tir, surtout du droit. Son gauche est pas mal non plus, comme il l’a démontré lors du match amical contre le Brésil où il marque de ce pied-là. Au FC Caracas, il se chargeait de tous les coups francs et de tous les corners. Il est très polyvalent : on peut l’aligner derrière les attaquants ou sur les flancs.

Vargas a inscrit son premier but pour le FC Caracas il y a quelques saisons, en finale de la Coupe contre l’Unión Atlético Maracaibo. A son entrée au jeu, encore parfait inconnu pour la plupart des supporters, il inscrivit un but très important. C’est typique de lui. Il ne plie pas sous la pression, il a du caractère et il prend ses responsabilités. On le surnomme La Perla (la perle), parce qu’il a été très vite considéré comme le grand espoir du FC Caracas. Pourtant, nul n’imaginait qu’il percerait aussi rapidement. Vargas a grandi à Caracas mais pas dans les bidonvilles. Il est issu de la classe moyenne « .

 » Le Club Bruges n’est pas très connu au Venezuela, pas plus que le championnat de Belgique. Les journalistes sportifs connaissent le Standard et le FC Boom parce que Stalin Rivas, un des meilleurs footballeurs de notre histoire, surnommé El Mago(le Mage), y a joué au début des années 90. Nous suivons aussi Gand pour Roberto Rosales, un autre compatriote. Rosales et Vargas sont d’excellents amis. Ils ont été formés ensemble dans les équipes d’âge du FC Caracas. Je suis certain que la présence de Rosales en Belgique a joué un rôle dans le choix de Vargas « .

Blanchi dans une affaire de dopage

Luis Guillermo Venegas, journaliste sportif d’ El Meridiano :  » Vargas est un médian très polyvalent, qui pense en termes collectifs et travaille en groupe. Il a une bonne vista, il ne se laisse pas intimider. Il est capable de décider un match d’une action individuelle. Il manque sans doute d’expérience au plus haut niveau mais la chance que lui offre Bruges va l’aider à résorber cet handicap bien naturel. Vous verrez en tout cas qu’il sait jouer au football ! C’est un garçon très humble, très ouvert à l’égard de la presse. Il est amical. Il se focalise sur son travail.

Même si le football vénézuélien a beaucoup évolué ces dernières années, il est rare qu’un compatriote obtienne sa chance dans un club européen. Ça a fait la une ici. Refuser l’offre de Bruges eût été anormal. On a accusé Vargas de dopage à la nandrolone à tort, il y a trois ans. Il avait malheureusement placé sa confiance dans des membres du club qui lui ont recommandé ce produit. Il a été suspendu mais acquitté en appel. Il n’était pas coupable. Je suis certain qu’il va s’adapter au football belge. C’est un battant. Ce n’est qu’une question de temps « .

Fantaisie

Philip Valentiner, le vice-président du FC Caracas :  » Si le départ de Vargas est une perte sèche pour le club ? Nous formons des joueurs, nous leur permettons de se distinguer en D1 vénézuélienne et en Copa Libertadores. Ainsi, ils ont l’opportunité de trouver un meilleur club… comme Bruges, par exemple. Nous avons encore beaucoup de joueurs de ce calibre. Vargas est un footballeur très habile avec le ballon, doté aussi de beaucoup de fantaisie. Il joue des deux pieds et se présente aisément dans le rectangle, même s’il n’est pas un vrai buteur.

Il a gagné tout ce qui était possible chez nous. Le FC Caracas représente l’élite vénézuélienne. Tous les jeunes footballeurs veulent signer chez nous. Je pense que Ronald s’intégrera au football belge. Récemment, il a écrit une page d’histoire de notre football en marquant un but et en délivrant un assist contre le Brésil. Pour la première fois, le Venezuela a ainsi vaincu le Brésil. Cela ne prouve pas seulement qu’il sait jouer mais aussi qu’il possède une excellente mentalité. Il est plus mûr que ses compagnons d’âge. Il devrait jouer un an ou deux en Belgique avant d’être transféré dans un plus grand club. Il rêve de jouer en Coupe UEFA et en Ligue des Champions « .

L’esprit d’équipe

Noel Chita Sanvincente, coach du FC Caracas :  » Vargas est un élément très offensif, apte à jouer à gauche comme à droite, mais je trouve qu’il s’épanouit mieux derrière les attaquants. Il est très rapide ballon au pied. Il passe facilement son homme et sert les attaquants. On peut cependant l’utiliser sur les flancs. Il est d’un naturel calme, facile à vivre, y compris pour un entraîneur. Les footballeurs vénézuéliens émergent généralement sur le tard. Vargas est une exception. Il n’a pas volé sa place en équipe fanion du FC Caracas. Il s’est aussi montré à la Copa Libertadores et il a été convaincant en équipe nationale. Il n’est pourtant encore qu’un gamin. Et pourtant, il a accompli un énorme pas en avant la saison passée. Il a littéralement éclaté.

Il n’a jamais été blessé mais n’a pas joué tous les matches. En début de saison, il était souvent suspendu. Il prend trop de cartes, par inexpérience. Souvent, il réagissait mal à l’approche rugueuse d’un défenseur. Ses adversaires savaient évidemment qu’ils faisaient face à un des meilleurs footballeurs du pays et ils ont tout mis en £uvre pour l’éliminer. Vargas l’a très mal vécu au début mais en fin de saison, il prenait les choses avec plus de philosophie.

Il joue en fonction de l’équipe. J’estime qu’il ne faut pas placer un joueur créatif dans un carcan tactique mais il fait du bon travail pour le groupe. D’emblée, je lui ai expliqué qu’un joueur offensif avait également des tâches défensives et qu’il devait penser en termes collectifs. Il l’a d’autant mieux compris que, très ambitieux, il rêvait de jouer en Europe, où il aurait de telles consignes « .

Un régal pour l’£il

L’ex-joueur et actuel manager, Dirk De Vriese, a découvert et visionné Ronald Vargas au Venezuela :  » Notre bureau de scouting est présent en Amérique du Sud depuis 14 ans. Nous suivons tous les tournois, des -15 ans aux -20 ans, de même que les différents championnats – pas ceux du Brésil ni de l’Argentine mais des pays plus modestes. C’est ainsi que nous avons découvert Vargas, mais aussi ClaudioPizarro, JeffersonFarfán et PaoloGuerrero, que nous avons tous proposés en Belgique. Mais les clubs belges ne voulaient rien savoir. Guerrero avait signé à Gand, qui a dû le céder au Bayern. Il ne coûtait rien mais Gand ne pouvait pas se permettre le moindre risque, à l’époque.

Vargas va combler la Belgique. Il est super techniquement. Droitier, il est excellent du pied gauche aussi, il a une vision fantastique du jeu, travaille dur, ne redoute pas les duels et a un bon jeu de tête pour son gabarit. Il ira très loin. J’entretiens de bons contacts avec son club – le président est un ami personnel. Sinon, il aurait été transféré en Espagne ou en Italie. Bruges a vraiment réussi un fameux coup. Gand prétend maintenant l’avoir également repéré… Mais voici comment nous travaillons : nous demandons aux clubs quelles positions ils souhaitent renforcer. Gand a demandé deux joueurs mais pas du registre de Vargas. Quand ses scouts ont visionné les footballeurs qui entraient en compte pour ces positions, ils ont aussi vu Vargas. Il est impossible de passer à côté. Mais il n’a pas été présenté à Gand. Il était un peu au-dessus de ses moyens. Vargas est le talent de ces dernières années, au Venezuela, et de nombreux clubs étrangers l’ont suivi.

Le Club Bruges a agi au bon moment. S’il avait attendu le match contre le Brésil, son transfert serait devenu très difficile car l’Espagne s’y intéressait. Nous avons eu un entretien avec ses parents. Nous leur avons expliqué que la Belgique constituait une bonne étape. Il s’adaptera facilement car le Club comporte quelques joueurs hispanophones, comme AntolinAlcaraz et IvanLeko, et son ami Rosales habite à 40 kilomètres de là.

Issu de la classe moyenne, Vargas n’a manqué de rien et il a une bonne mentalité, comme Rosales. Le baseball reste le sport numéro un au Venezuela mais le football est sur le point de le dépasser. Le jeu est technique, dur aussi, mais un peu plus lent à cause de la chaleur, même si les vrais grands joueurs s’en accommodent. Je lui accorde une chance élevée de réussite. Il va faire sensation et attirer le public au stade « .

par steve van herpe et raoul de groote

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