la parole à RUTGER BEKE

Rutger Beke a été lavé des soupçons de dopage à l’EPO qui pesaient sur lui. Il peut se concentrer sur le triathlon et sur sa paternité imminente.

Avec quels sentiments avez-vous repris la compétition, une fois blanchi ?

Rutger Beke : Je n’étais pas animé d’un quelconque esprit de revanche. Je me demandais surtout comment les autres allaient m’accueillir. Je n’avais aucune envie de continuer pendant dix ans dans un milieu où tout le monde m’aurait évité. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Norman Stadler est venu me trouver avant l’Ironman d’Hawaï, voyant que j’étais tendu. Il a été contraint à l’abandon mais quand je suis arrivé, il a eu la force de me faire un signe du pouce. C’est formidable !

Ne vous êtes-vous pas senti spolié, pendant la procédure ?

Par moments, j’avais l’impression qu’on voulait vraiment ma peau mais je sais que ce n’était pas le cas. Ces 11 mois ont été longs mais j’ai clôturé le chapitre. Je ne veux pas épuiser mon énergie à m’énerver ou à penser que certains feraient mieux de se regarder dans un miroir. La compétition est suffisamment stressante comme ça. Si je ne preste pas, je perds mes sponsors… Croyez-moi, on a besoin de toutes ses ressources dans un Ironman. Un moment donné, nos forces sont épuisées et on ne pourrait pas courir dix mètres de plus, même pas pour 250 euros.

Vous entraînez-vous beaucoup ?

Parfois, il s’écoule des semaines sans que je prenne un seul jour de repos. C’est pénible pour Sophie. Où que nous allions, je dois demander si je pourrai courir, s’il y a une piscine… Après Hawaï, je prends trois semaines de repos. Sinon, je m’entraîne de 15 à 20 heures par semaine en hiver, jusqu’à 35 heures au plus fort de ma préparation. Je suis capable de rester dans un fauteuil sans rien faire mais je n’éprouve pas de mal à m’entraîner. En fait, ma rage de vaincre m’y pousse. Je ne connais pas de sentiment plus exaltant que de lâcher un copain à l’entraînement, en côte, et de souffrir jusqu’au sommet. Gamin déjà, même si je jouais au foot, j’adorais les sports d’endurance. J’étais bien le seul qui aimait courir, d’ailleurs ! Cela dit, les stages sont des moments pénibles. Je ne supporte pas d’être loin de ma femme. Nous avions convenu de nous téléphoner tous les deux ou trois jours, au début, mais j’ai besoin de l’entendre tous les jours. Elle va bientôt accoucher. Si nous avons décidé d’avoir des enfants, c’est tellement nous sommes heureux ensemble.

R. DE GROOTE

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