LA PALESTINE

Le Prix Nobel de la Paix est attribué en juillet. Lars Gustafsson, un parlementaire suédois, a nominé le football, il y a quelques mois. Il a créé l’émoi général. Que faisait-il du hooliganisme? Et Honduras-Equateur, match qualificatif pour la Coupe du Monde 1970 du Mexique n’avait-il pas donné lieu à une véritable guerre? Sans oublier la corruption, les falsifications de matches et de passeports, le dopage, le trafic de jeunes footballeurs issus de pays pauvres.

Mais Gustafsson, qui a lui-même été footballeur professionnel pendant six ans, est sûr de son affaire. Il a écrit au comité du Prix Nobel que le football jouait un rôle important dans le monde, qu’il rapprochait les hommes. Le football est le seul point commun entre des milliards d’être humains, à part manger, boire et procréer. Le football apporte plus que sa pierre à l’amitié entre les peuples.

Les exemples ne manquent pas. L’un des derniers en date concerne les difficultés qu’a dû vaincre l’équipe nationale de Palestine pour pouvoir participer aux qualifications pour la Coupe du Monde 2002, dans le groupe 3 de la zone asiatique. La Palestine a laissé la victoire au Qatar mais elle a quand même précédé Hong-Kong et la Malaisie au classement. La Palestine n’a pas de stade ni d’installations d’entraînement.

Son équipe représentative est composée de joueurs qui évoluent dans deux ligues séparées, celle de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie. Les Palestiniens ont donc dû émigrer deux mois en Egypte et une semaine en Thaïlande pour pouvoir préparer le tournoi. Ce périple a duré quatre mois, ponctués de maints problèmes. Avant le départ, les autorités israéliennes ont refusé d’accorder un visa de sortie au médecin, au physiothérapeute et à quatre joueurs. Deux semaines plus tard, l’un de ceux-ci, Tarak Al Quto, un médian, est décédé lors d’un affrontement en Cisjordanie. Compte tenu de l’aggravation de la situation en Palestine et de la surenchère de la violence, la Palestine a songé, un moment, à faire l’impasse sur ce tournoi. Partiellement parce que le combat de l’équipe palestinienne semblait aussi peu équilibré que celui que les gens du monde entier découvrent sur leur écran TV, quand des enfants palestiniens jettent des pierres à des soldats israéliens armés.

Le tournoi a commencé par six matches à Hong-Kong. La Palestine a été battue par le Qatar, a fait match nul contre Hong-Kong et battu la Malaisie. Une semaine plus tard, elle a vaincu Hong-Kong à Doha et s’est une fois de plus inclinée contre le Qatar. Lors de la dernière journée, elle a perdu 4-3 face à la Malaisie mais elle a malgré tout assuré sa deuxième place grâce au goal-average.

Malgré son élimination, l’équipe a été accueillie avec chaleur à son retour au pays. C’était la première fois qu’elle gagnait des points depuis les qualifications des Coupes du Monde 1934 et 1938, à l’époque où la Palestine était sous contrôle britannique. Un seul joueur, El Kair, est professionnel. Il joue en Egypte. Yasser Arafat, le leader palestinien, a offert une prime à toute l’équipe. Ce tournoi a permis à l’équipe de gagner 25 points au classement de la FIFA pour rejoindre la 148e place, laissant pas moins de 55 nations derrière elle. Elle reste toutefois loin de son ennemi israélien, classé à la 43e place. Il n’est actuellement pas question de confrontations entre les deux équipes. Evincé de la confédération asiatique, Israël dispute des matches de qualification sous l’égide de l’UEFA.

On peut certes affirmer que le football ne fait rien pour résoudre les conflits entre les peuples. Ce n’est pas sa mission non plus. Si les relations entre les Etats-Unis et l’Iran reviennent progressivement au beau fixe, c’est parce que les deux gouvernements ont estimé positif que leurs équipes jouent l’une contre l’autre. Les citoyens suivent. Peut-être Palestiniens et Israéliens feront-ils de même plus tard. Et le football recevra alors le Prix Nobel de la Paix.

Mick Michels

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