LA NUIT DE RÉFLEXION DE WIM DE CONINCK

Un journal néerlandophone titrait récemment que Wim De Coninck, ex-gardien de Waregem et d’Anderlecht puis ex-entraîneur d’Alost et de l’Antwerp, préférait ses fonctions actuelles de consultant sur Canal+ flamand à celles d’entraîneur.

 » A notre époque, tout est noir ou blanc « , dit-il.  » Dans mon esprit, c’est plutôt gris : ce que j’ai voulu dire, c’est que je préférais être consultant plutôt qu’entraîner une petite équipe d’où je risquerais d’être viré en octobre-novembre, même si je suis quinzième parce qu’il n’y a vraiment pas moyen de faire mieux. Mais les dirigeants se laissent toujours séduire par le discours d’un manager ou d’autres entraîneurs qui pensent avoir la solution miracle et ne se rendent pas compte combien il est facile de perdre trois fois de suite avec une petite équipe. Demandez-le à Paul Put : l’an dernier, il termine troisième avec Lokeren et cette année, avec le même noyau moins Sambegou Bangoura, il se fait jeter « .

On affirme pourtant souvent que le métier de consultant permet de se mettre en vitrine. C’est par exemple grâce à ses commentaires sur la RTBF qu’ EtienneDelangre s’était fait remarquer par Abbas Bayat.  » Peut-être mais, après quelques semaines, tout cela était oublié et Delangre était viré. Depuis mon départ de l’Antwerp, je n’ai plus jamais posé ma candidature nulle part. J’ai été contacté par des équipes de D2 ou de D3. Je dois avouer que c’est tentant mais, après une nuit de réflexion, je finis toujours par refuser « .

A l’inverse, à force d’analyser, le consultant risque de s’attirer les foudres de ses confrères.  » Peut-être mais je suis payé pour ce boulot et je raconte ce que je vois, même si cela devait me fermer des portes « , ajoute De Coninck.  » En Belgique, les gens réfléchissent trop à ce qu’ils disent, non pas par peur de se tromper mais par peur de choquer. Celui qui raisonne de la sorte ne fait pas bien son travail. Attention ! Je n’ai pas la prétention de détenir la vérité, car je ne sais pas comment les clubs travaillent à l’entraînement. Et il n’y a pas que les entraîneurs qui risquent d’être vexés : de nombreux joueurs enregistrent le match et, dans ce milieu, on est très susceptible « .

De Coninck a-t-il déjà eu le plaisir de voir un confrère lui dire que son analyse était pertinente et lui avait ouvert les yeux ? (Il rit)  » Non, ils ne le feront pas. Je vois quand même parfois que des corrections ont été apportées. Peut-être parce qu’ils l’ont vu eux-mêmes mais aussi parce que je l’ai montré et qu’ils en ont discuté. Pour un entraîneur, il n’est pas facile d’avoir du recul sur le match. Il y a le côté émotionnel, les changements… A cause de cela, on oublie un peu l’adversaire « .

Ce métier permet-il à De Coninck de jeter un autre regard sur le boulot des journalistes ?  » Un peu même si j’ai toujours su que tout le monde prenait son travail très au sérieux. Comme les joueurs, les journalistes essayent d’être les meilleurs, de poser les meilleures questions et de faire dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas dire. La seule différence, c’est qu’ils ont leur sort entre les mains, qu’ils ne dépendent pas d’une mauvaise passe d’un défenseur, d’une erreur d’un gardien ou d’un penalty manqué « . (P. Sintzen)

P. Sintzen

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