La mort de Thierry Roland m’a rappelé Luc Varenne

C’est l’Europe du football qui a songé à Thierry Roland, disparu à 74 ans, avant France-Suède. Michel Platini est à la base de cette initiative et le célèbre commentateur méritait cette minute de silence. Zlatan Ibrahimovic a exprimé ses condoléances à sa façon, en signant une Zlatinade, qui aurait ravi Roland pour sa beauté tout en le désolant pour les Bleus. J’ai eu la chance de connaître ce journaliste (ex- ORTF, France-Inter, Antenne 2, TF1, M6), que ce soit à mon époque de joueur ou plus tard en tant qu’entraîneur de Lille. Il a toujours apprécié le football belge et m’a souvent parlé du grand Anderlecht des golden sixties façonné par un de ses compatriotes : Pierre Sinibaldi. Paul Van Himst n’avait aucun secret pour lui. Durant les années 60 et 70, notre équipe nationale a régulièrement dominé le 11 français. J’imagine que Roland a pesté plus d’une fois en dressant ce constat d’une autre époque.

A Lille, je devais passer par la salle de réception pour rejoindre mon bureau. Quand Roland était là, cela s’entendait. Je songe à son rire légendaire mais aussi à ce qu’il me disait pour m’appâter : – Tu connais la dernière, Georges ? C’était parti pour des discussions tactiques. Le foot était la tasse de thé de ce passionné souvent excessif. Mais on aurait tort de ne retenir que son côté franchouillard et supporter acharné de l’équipe de France. En 1979, il a la bonne idée de former une équipe alors unique en son genre avec Jean-Michel Larqué. Pour nous, joueurs et coaches, le regard plus technique d’un consultant au grand passé de joueur était intéressant. A deux, ils offraient des reportages amusants et pointus. Cette formule gagnante s’est généralisée.

L’hommage à Roland m’a rappelé quelques monstres sacrés de chez nous : Arsène Vaillant (aussi connaisseur que Larqué), RogerLaboureur (toujours susceptible d’en remettre une bonne couche comme Roland) et Luc Varenne, bien sûr. Platini a déclaré que son ami Thierry a été la voix du foot pour des millions de personnes. C’était le cas de Varenne (1914-2002) aussi. Mon père écoutait tout ce qu’il racontait à la radio et collectionnait les articles qu’il m’a consacrés dans la presse quotidienne. Varenne débordait de passion pour le foot, les Diables Rouges, le Standard, le Tour de France, Eddy Merckx, le tennis. C’était notre Thierry Roland à nous avec un vocabulaire plus riche et respectueux.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire