La morale de l’électrochoc tubizien

La semaine dernière, Ariel Jacobs s’est lamenté en insistant sur le manque de mentalité de son équipe. Quand un entraîneur aborde ce sujet, il se met lui même en question. Car son job exige, précisément, que ses joueurs se donnent à 100 % pour lui, leur équipe, leur club, leur public, leur… salaire. Mais Jacobs a raison : Anderlecht joue aux montagnes russes : parfois bons, parfois mauvais. Aucune constance : mauvais à Zulte Waregem, bon contre Malines, mauvais contre Lokeren, bon au Club Bruges. Avant ça, c’était l’élimination européenne (qui n’a pas créé dans le club le séisme qu’elle aurait dû) ! Anderlecht s’embourgeoise. Il joue à la carte et ça, c’est la pire des choses qui puisse arriver à un compétiteur. Cela provient du fait que la direction du club (coach compris) est devenue trop molle à l’égard de ses joueurs. Accepter la défaite n’est pas la marque d’un grand club.

Les Mauves ont parfois besoin d’un électrochoc comme celui qu’ Albert Cartier a appliqué à Tubize la semaine dernière : engueulade monstre dans le rond central à la mi-temps du match de Coupe à Mouscron suivie d’un footing de minuit dans les rues de Tubize et de deux entraînements en matinée le lendemain à partir de 6 h 45.

Un remède de cheval qui ne peut s’appliquer qu’à Tubize ? Où (et ceci est écrit respectueusement) les joueurs ne sont quand même pas des vedettes ? Détrompez-vous. Sir Alex Ferguson et José Mourinho rentrent aussi systématiquement dans le lard de leurs joueurs quand ils se conduisent comme des jeannettes sur le terrain. La seule différence avec Cartier est que ce n’est jamais public, comme l’a été la reprise en mains tubizienne. Là, on a tout suivi comme une télé réalité. Avec pour épilogue une victoire (3-0) totalement méritée contre un Cercle Bruges à la recherche, il est vrai, de son inspiration de la saison passée. Comme si l’arrivée d’un Thomas Buffel devenu bien lent et qui porte trop le ballon avait bloqué le jeu direct et virevoltant en deux touches de balle maximum.

Glen De Boeck faisait la tronche samedi soir, c’était son Waterloo. Il reprochait à ses joueurs d’avoir exprimé leurs frustrations en oubliant de se donner et de jouer. Selon lui, Sergiy Serebrennikov n’aurait pas dû avoir un comportement exigeant une carte rouge. De Boeck a traité ses joueurs de divas mais il l’a aussi été en signalant – sans les nommer – qu’un de ses joueurs avait terminé le match avec quatre dents en moins, un autre avec une plaie ouverte et un troisième avec une commotion cérébrale.  » Et tout ça alors que les coaches de D1 ont signé une charte pour un beau football qu’on veut appliquer,… nous « . Mais après la partie, les 350 supporters du Cercle présents ont applaudi l’équipe de Tubize ! Ils avaient bien crié quelques fois -A nti-voetbal mais se sont bien rendu compte que leur vision des choses ne tenait pas la route.

Tubize est sec sur l’homme, ne laisse pas d’espace et de temps : il empêche de jouer mais est aussi capable de dessiner quelques jolis mouvements. Surtout en fin de match, quand l’adversaire est cassé et à bout de souffle alors que lui gambade encore. Il y aura d’autres Cercle Bruges à Tubize car l’équipe joue à rendre l’adversaire mauvais en le plaçant dans un contexte où on doit faire preuve de caractère pour s’imposer. Quand on va à Tubize, on n’est pas seulement certain de devoir se frotter à du jeu à l’anglaise ou à l’italienne. Il y a aussi l’ambiance glacière d’un stade improbable de D1, l’antipathique gazon sautillant à l’extrême et ce train qui troue régulièrement la nuit et les tympans en bordure de terrain. Cela devient vite un film d’horreur pour ceux qui confondent maillot et chemise de smoking en soie.

De Boeck oublie un peu vite qu’il a surtout jeté les bases de sa très belle carrière de joueur au FC Malines où il formait, avec Davy Gijsbrechts, une paire d’arrières centraux intraitables qui ne faisaient pas vraiment dans la dentelle… C’est un peu à tout ça qu’Anderlecht devrait réfléchir. Et à penser à faire signer Coach Cartier ? C’est sûr que le Français aurait des choses à apprendre aux bourgeois Bruxellois.

PAR JOHN BAETE

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