La marche funèbre de Gand

Hein Vanhaezebrouck mérite notre admiration pour la façon dont il gère la crise à Anderlecht. La semaine dernière, c’est tout juste s’il n’était pas devant le peloton d’exécution mais il est resté très combatif. Pas de doutes, pas de stress alors que la plupart de ses prédécesseurs prenaient un coup de vieux de semaine en semaine, dans ces conditions.

C’est une fois de plus la preuve de la conviction absolue qu’il a en ses possibilités. Et d’une grande force mentale alors que la pression qui pèse sur Anderlecht est encore plus forte qu’avant, avec un président aussi exigeant que Marc Coucke. Mais tout semblait glisser sur la cuirasse d’Hein Vanhaezebrouck. Il ne s’est pas attardé un instant sur le scénario, avancé ici et là, selon lequel Francky Dury rejoindrait Anderlecht.

Anderlecht a rétabli le calme en s’imposant 1-2 à Zulte Waregem. Ce n’est qu’un instantané. Son naufrage face au Dinamo Zagreb, son piètre football dans d’autres matches ont été trop inquiétants pour les mettre de côté. Depuis des semaines, le Sporting a besoin de réflexion. Sur la composition du noyau, par exemple. Ça n’entre pas dans les compétences de Vanhaezebrouck, la responsabilité en revient à Marc Coucke et au directeur sportif Luc Devroe.

C’est maintenant qu’on constate que l’équipe n’a pas de leaders. Et que certains joueurs n’apportent pas la moindre plus-value. Dans ces conditions, il serait de bon ton de reconnaître ses erreurs, d’autant que Coucke a encensé tous les transferts en début de saison. Mais est-ce le cas ? Effectue-t-on un bilan intermédiaire, après tous les changements et le climat radicalement différent qui règne au club depuis sa grotesque rupture de style ?

Certes, voir les joueurs d’Anderlecht courir vers le banc après le but d’ouverture était frappant. Cela se serait-il produit avec Francky Dury si Waregem avait ouvert la marque ? Opter pour la stabilité sportive et conserver longtemps les entraîneurs est une bonne chose mais, par moments, la chimie disparaît. Comment Dury doit-il remettre en selle cette équipe, lui qui reconnaît avoir du mal à trouver des solutions et qui la remanie sans cesse ? Malgré toute son expérience, Dury a dédaigné l’habituelle conférence de presse, la semaine passée. C’est éloquent. La force d’un entraîneur ressort aussi de la manière dont il gère les crises vis-à-vis des observateurs.

Des présidents qui doivent défendre leur gestion, c’est quelque part un signe d’impuissance.

Yves Vanderhaeghe parle, lui. Avant le match contre le RC Genk, l’entraîneur gantois a reconnu avec une grande franchise qu’il sentait que le club doutait de lui. Il a ajouté que les Buffalos ne disposaient pas du matériel requis pour jouer un rôle dans la lutte pour le titre. La direction gantoise n’aura pas apprécié ces paroles. Pourtant, elles sont un signe de personnalité. Vanderhaeghe est souvent victime d’une perception négative. Il sait depuis longtemps qu’il va tomber, tôt ou tard.

Est-ce déjà arrivé ? Durant la première demi-heure de jeu contre Genk, ses joueurs ont été particulièrement gauches. Toutefois, pendant cette marche funèbre, ce n’est pas contre l’entraîneur mais contre la direction que les supporters se sont retournés. Et avant tout contre Michel Louwagie. Par la suite, Ivan De Witte a fait preuve de courage en allant à la rencontre des supporters, comme l’avait fait Marc Coucke plus tôt ce jour-là. Mais des présidents qui tentent de défendre leur gestion, c’est un signe d’impuissance, quelque part.

Naturellement, Gand sait pertinemment qu’il ne peut imputer à l’entraîneur l’échec de sa politique de transferts, avec quinze nouveaux joueurs. Jusqu’à présent, Ivan De Witte et Michel Louwagie ont été épargnés. Dimanche, ils se sont retrouvés dans l’oeil du cyclone. Il ne suffit plus de discuter du malaise au plus haut niveau ni de chercher un autre entraîneur, tôt ou tard.

Yves Vanderhaeghe
Yves Vanderhaeghe© BELGAIMAGE

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