LA LOI DU MILIEU

Bruno Govers

La charnière médiane du RSCA est quasiment tracée. Il ne reste plus qu’à peaufiner le quatre arrière pour obtenir une équipe compétitive.

Le Sporting continue allégrement ses emplettes. Après avoir enrôlé le milieu de terrain défensif de Banfield, Christian Leiva, il a fait converger vers le Parc Astrid un autre ratisseur argentin, Lucas Biglia, tout comme Nicolas Frutos originaire d’Independiente Dans la foulée, la direction du club a offert également un contrat au médian égyptien de Besiktas, Ahmed Hassan. Et le week-end dernier, les pourparlers se poursuivaient avec La Gantoise pour tenter de parvenir à un terrain d’entente quant à la venue d’un autre orfèvre dans ce secteur, Mbark Boussoufa, récemment élu Footballeur Pro dans le referendum de Sport/Foot Magazine. C’est avec un entrejeu sensiblement relooké qu’Anderlecht abordera la saison 2006-2007…

 » A l’analyse de la campagne passée, un détail nous avait tout particulièrement interpellés « , observe le manager, Herman Van Holsbeeck.  » Il y avait un abîme entre le comportement de nos joueurs à domicile et en déplacement. Les chiffres l’attestent : 14 victoires et 3 nuls chez nous, pour 6 succès, 4 revers et 7 partages à l’extérieur. 45 unités at home et 25 away. 54 buts chez nous et 18 à l’extérieur. Mais notre attaque – la plus prolifique de l’élite-, ne pouvait être décemment montrée du doigt. La défense, meilleure de la série aussi, n’avait pas grand-chose à se reprocher non plus. Restait donc le milieu de terrain… Bart Goor avait débuté en force avant de rentrer quelque peu dans le rang, Pär Zetterberg, pour sa part, était encore à la recherche de ses meilleures sensations au premier tour et Yves Vanderhaeghe, lui aussi, avait surtout brillé durant le deuxième volet de la compétition. Si tous trois ont eu leur part de mérite dans le 28e sacre, ils ont eu par moments des difficultés à imposer leurs vues en déplacement. Le public local, un adversaire des plus rugueux et un arbitre fréquemment plus permissif expliquent, sans doute, cet autre visage dans le chef de ces trois routiniers. Sans compter aussi, dans une certaine mesure, leur âge respectable. Toute formation a besoin d’éléments d’expérience. Mais il ne faut pas que ces garçons-là soient déterminants, auquel cas un problème se pose lorsqu’ils sont mis sous l’éteignoir. Une injection de sang neuf était nécessaire à ce niveau « .

Sang neuf dans l’entrejeu

De Buenos-Aires à Santa Fe, en passant par Rosario, les émissaires du RSCA auront multiplié les missions de scouting ces derniers mois. A Banfield, l’un des 19 clubs pros de la capitale, leur choix s’est porté en premier lieu sur Leiva, acquis pour l’équivalent de 800.000 euros. Mardi dernier, il était rejoint par son compatriote Biglia, préféré à un autre footballeur d’Independiente, Emiliano Armenteros. Un transfert qui aura nécessité un débours de quelque 3 millions d’euros, un record dans l’histoire du club. Dans les deux cas, c’est la réussite de Frutos (9 buts en l’espace de 12 matches avec les Mauve et Blanc) qui a fait pencher la balance du côté du Sporting. Car les possibilités ne manquaient nullement pour ces deux joueurs, et, particulièrement pour le dernier transfuge, capitaine de la sélection des moins de 20 ans championne du monde aux Pays-Bas l’année passée, et qui était dans le viseur de Valence et de Villarreal.

 » Certains se demandent peut-être pourquoi nous avons voulu privilégier des joueurs argentins « , souligne Werner Deraeve, responsable de la cellule scouting au Parc Astrid.  » La raison est simple : ces gars-là ont tout. Un proverbe dit que les Argentins sont des Italiens à l’accent espagnol et au fighting spirit anglais. J’ajouterai, pour ma part, qu’ils sont animés, en outre, de la même passion que les Brésiliens. Ils cultivent l’amour du travail bien fait et se livrent toujours corps et âme. Avec ces deux recrues, nous disposons désormais de deux éléments complémentaires capables de se positionner devant la défense. Leur surnom en dit long sur leur profil. Leiva, c’est El Negro, le noiraud. Footballeur râblé, au crâne rasé, il ressemble physiquement à JuanSebastian Veron. Il s’agit d’un pur médian défensif. Biglia, lui, a pour sobriquet El Principito, le petit prince. Au pays, bon nombre le comparent au jeune Fernando Redondo ou encore au médian de l’Inter Esteban Cambiasso. Par rapport à Leiva, il fait plutôt office de courroie de transmission. Mais sa préoccupation essentielle n’en demeure pas moins de veiller d’abord au grain, au même titre que son compère. D’ailleurs, ni l’un ni l’autre n’a l’âme d’un buteur. Cet aspect-là sera réservé, chez nous, à Hassan ou à Boussoufa… Avec l’Egyptien, de toute façon, nous avons mis le grappin sur un joueur de champ offensif, qui possède le sens du but. Il m’avait tapé pour la première fois dans l’£il à l’occasion du match amical entre les Pharaons et la Belgique au Caire. Les Diables Rouges avaient été battus 4 à 0 et Hassan avait été l’un des bourreaux de nos représentants. Je l’ai retrouvé dans la capitale égyptienne, en ce début d’année, à la faveur de la phase finale de la CAN et été le principal artisan du succès de ses couleurs en plantant quatre buts et en étant sacré meilleur joueur de la compétition. Après avoir appris, sur place, qu’il n’avait toujours pas rempilé à Besiktas, j’ai proposé son nom chez nous. Depuis, nous l’avons visionné à plusieurs reprises, en focalisant notre attention sur un autre joueur de la formation stambouliote : Atan Cagdas. Le défenseur turc figure toujours sur nos tablettes, dans la mesure où il est polyvalent et gaucher. Hassan était toutefois plus précieux, à nos yeux, car il présente la particularité de pouvoir jouer avec un égal bonheur dans une position axiale, comme soutien d’attaque, ou en tant que flanc droit. Puisque Christian Wilhelmsson ne devrait pas faire de vieux os chez nous, l’Egyptien peut entrer en ligne de compte à la place du Suédois sur le flanc droit.  »

Une attaque à construire

Pour ainsi dire paré dans la ligne médiane, le Sporting se tâte encore un peu devant. En Frutos, il possède un buteur remiseur de tout premier choix, qui se double d’une alternative intéressante avec Grégory Pujol, qui a marqué des points précieux en fin de saison. Les deux millions d’euros réclamés par le FC Nantes en échange de sa liberté ont, dans un premier temps, rebuté les dirigeants du RSCA. Mais les négociations devraient reprendre sous peu, entendu que les Canaris sont tombés sous le charme de Wilhelmsson mais qu’ils ont été échaudés par les quatre millions d’euros exigés par le Sporting. Mbo Mpenza, de son côté, pourrait partiellement servir de monnaie d’échange dans le cadre du passage de Boussoufa au stade Constant Vanden Stock. Mais le plus urgent n’en reste pas moins la composition de la ligne arrière.

Renforcer la défense

 » Suite aux départs conjugués de Michal Zewlakow, Hannu Tihinen et Lamine Traoré, nous avons perdu pas mal de forces vives dans ce secteur « , commente Van Holsbeeck.  » Pour l’heure, nous n’avons plus l’embarras du choix derrière : Anthony Vanden Borre, dont la meilleure place ne se situe pas à l’arrière droit, toutefois, Mark De Man, Roland Juhasz et Olivier Deschacht. Sans oublier Vincent Kompany, qui n’est pas encore parti et autour de qui la situation est calme actuellement. Mais que Vince reste ou non, une et, de préférence, deux nouvelles têtes s’imposent de toute façon. Avec un certain bagage. L’expérience a prouvé que nous étions souvent démunis sans Tihinen. L’arrière finlandais nous apportait toujours son expérience dans les moments difficiles. Des joueurs de cette trempe sont indispensables derrière. Ce n’est pas un hasard si l’AC Milan table toujours sur des éléments comme Alessandro Costacurta ou Paolo Maldini,. Nous avons également besoin de tels routiniers pour encadrer la jeune classe. Jelle Van Damme est, certes, une opportunité. Mais il n’a pas un énorme vécu non plus. C’est pourquoi, pour le poste de back droit, voire pour une position bivalente à droite, nous sommes à la recherche d’un candidat idéal. Renato Civelli aurait pu être celui-là. Après l’engagement de Frutos, c’est le premier nom que j’avais mentionné en guise de renfort, en même temps que celui de son coéquipier à Banfield, Gabriel Paletta. Il en coûtait alors 3 millions d’euros pour obtenir leurs services. A l’époque, la priorité concernait cependant la ligne médiane et nous avons décroché. Dommage, car nous aurions pu réaliser une toute bonne affaire à ce moment-là. Car entre-temps, Paletta seul a été transféré pour près de 4 millions d’euros à Liverpool, tandis que Civelli a fait l’objet d’un prêt avec option d’achat à l’Olympique Marseille lors du mercato. Aux dernières nouvelles, les Français se sont montrés disposés, semble-t-il, à payer les 2,5 millions d’euros réclamés.

Certains journaux ont fait état d’un Brésilien. Mais les backs, dans ce pays, sont davantage des ailiers que des arrières. Et c’est plutôt vers un élément à inclination défensive que nous nous tournons. L’idée, a priori, est d’opérer en 4-2-3-1 avec deux médians récupérateurs qui pourraient être nos deux Argentins et quatre joueurs devant. Dans cette configuration, en fonction de la possession du cuir ou non, l’élément le plus avancé, probablement Frutos, ou les deux médians axiaux devraient bénéficier de l’appui des hommes de couloir : sans doute Goor à gauche et Hassan à droite. Avec pareil poids offensif, on peut bien sûr comprendre que les arrières, chez nous, devront en premier lieu défendre. A présent, il incombe de trouver le ou les chaînons manquants. Par rapport à 2001, quand l’équipe avait subi une importante ponction suite aux départs de Goor, Didier Dheedene, Jan Koller et Tomasz Radzinski, nous ne sommes plus pris au dépourvu. Il avait fallu parer au plus pressé en transférant des éléments qui ont fait long feu. Je songe à Joris Van Hout, Ode Thompson ou Frédéric Pierre, entre autres. Cette fois, nous nous sommes donnés les moyens de nos ambitions et notre carte de visite a joué en notre faveur. Le RSCA, malgré des résultats mitigés, fait figure d’habitué aux yeux du monde extérieur en Ligue des Champions. Et les joueurs que nous avons dans le viseur n’y sont pas insensibles. C’était le cas d’Hassan notamment, qui a tout connu au niveau de la sélection égyptienne, mais qui n’avait encore guère été à la fête à l’échelon des compétitions de club européennes. S’il a opté pour nous plutôt que pour les Bolton Wanderers, c’est parce qu’il avait précisément la perspective d’évoluer sur la plus haute scène continentale « .

BRUNO GOVERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire