La Ligue pro va droit dans le mur

Les dictateurs de la Ligue pro auraient donc acheté des votes suffisants pour rallier un total de 11 clubs à leurs vues à court terme ? C’est plus qu’une vue de l’esprit. En tout cas, ils sont arrivés à faire une chasse gardée d’une D1 en principe ouverte à ceux qui méritent sportivement d’y jouer.

Les nouvelles règles du jeu sont étonnantes. D’abord, en primant la descente en D2, on aide les ex-clubs de D1 à remonter plus vite et on pénalise les clubs de D2. Ensuite, en tenant compte des points des dernières saisons pour décider de la descente en D2, on favorise les clubs qui ont un vécu en D1. Bref, la nouvelle D1 fera de plus en plus penser à ces ligues fermées des championnats professionnels américains. Plus personne ne descend, plus personne ne monte. Au bout du compte, plus rien ne compte sauf le titre et les gros sous.

Mais si on se réfère plus attentivement à la NBA, les règles du jeu sont tout de même bien plus honnêtes qu’en D1 car elles tendent à l’égalité des chances pour tous : il y a un plafond salarial identique imposé à chaque équipe et les équipes les plus faibles bénéficient du transfert des meilleurs joueurs universitaires chaque saison ; sans parler des droits de Tv et de merchandising. Là, la solidarité est essentielle parce que la NBA joue en vase clos. Les chantres du G4 veulent à la fois cadenasser la D1 et dire qui peut y jouer, de manière à avoir suffisamment de privilèges pour tenter de se distinguer encore dans les coupes européennes. Une autre vue de l’esprit.

Dans les données actuelles du foot continental, les budgets des meilleurs clubs belges ne suffisent pas à garantir de longs parcours européens. Du coup, le G4 se débat dans la recherche de la formule magique de championnat que d’autres pays recherchent sans succès depuis des années. Paradoxe : les championnats les plus forts ont tous une formule classique… comme la réclament désormais tous les supporters belges !

N’oublions pas que ce sont les TV qui ont demandé à la Ligue pro, il y a trois ans, d’inventer une meilleure formule de championnat. Au moment de la reconduction prochaine des droits, on saura si la nouvelle mouture est attirante… Les réactions des opérateurs risquent de faire couler des larmes de sang. Mais ce sera trop tard.

Il y a deux ans, on avait déjà mis en garde contre l’utilisation du mot play-offs. C’est clinquant, ça fait américain et riche, mais il aurait fallu respecter l’esprit de cette formule. Un play-off n’est pas un mini-championnat vicié par un total de points pré-acquis comme ce qui se passe chez nous. Un play-off, c’est la mort directe d’une des deux équipes qui se rencontrent : un duel où le premier qui gagne un nombre de matches donné passe au tour suivant. Et ainsi de suite jusqu’au titre. On peut d’ailleurs adapter l’idée pour la descente… Le top 8 pour les play-offs et le flop 8 pour les play-outs. Gros désavantage : après la première phase du championnat, certains ne joueraient pas beaucoup mais tant pis pour eux. Gros avantage : l’intensité serait maximale.

Mais il est clair que la Ligue pro ne veut pas une intensité sportive maximale dans sa compétition car, pour les gros bras, le risque d’être vite éliminés est trop important. Mais le sport c’est aussi permettre aux petits de mettre des bâtons dans les roues des grands. Si Manchester United gagne la Premier League cette saison, ce sera aussi parce qu’il a remporté une superbe bataille à Blackpool, récemment, après avoir été mené 2-0. En Belgique, quand Anderlecht perd le titre à Tubize, il fait tout pour ne plus devoir aller jouer à Tubize. Il s’exporterait mieux chez des clubs plus cossus. Bienvenue dans les PO1 et buiten les petits… comme Westerlo qui vient de l’humilier ! Et vivent les man£uvres puantes du G4 pour convaincre ces petits d’adhérer à un plan à l’encontre des valeurs sportives qui proclament l’égalité sportive.

Si on était à la place des clubs de D2, on irait demander l’avis de l’UEFA. Est-ce comme ceci qu’un championnat national peut être conçu ? Il faudrait que tout le monde ait raisonnablement la possibilité d’atteindre la D1, et d’y rester.

Finalement, à force de vouloir annuler le risque sportif, le G4 en a pris encore plus sur le plan de la popularité. Après s’être mis les supporters à dos, ils font renâcler les consommateurs. Le produit D1 est-il encore vendable ?

PAR JOHN BAETE

Le produit D1 est-il encore vendable ?

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