LA LIGNE CLAIRE

Michel Preud’homme est-il le faiseur de champions dont les Bleu et Noir ont besoin ? Analyse de la manière dont il a façonné l’équipe.

Preud’homme a aménagé sa défense. Durant les premières semaines, il a travaillé les phases arrêtées. Il poste un homme au premier poteau mais pas au second, comme il le faisait quand il était lui-même gardien. Sur ces phases, le Club défend homme contre homme et surveille particulièrement les spécialistes du jeu de tête. Jörgensen et De Bock défendent la première zone, et Vazquez, lui, se poste en bordure du rectangle.

L’occupation a changé. En l’absence de Larsen, Duarte, Engels ou Mechele, Simons recule en défense en lieu et place de Stenman ou Högli comme c’était le cas avec Garrido. Les extérieurs, eux, travaillent beaucoup en perte de balle. Lestienne se démène : à Sclessin et à Gand, il a pratiquement joué à l’arrière gauche.

De l’autre côté, Sobota accomplit sa part de travail et est souvent préféré à Refaelov, moins discipliné. En fait, la main de fer imposée au vestiaire se reflète sur le terrain, avec succès : le Club a préservé ses filets à cinq reprises, une série entamée contre Lokeren et interrompue à Charleroi.

Marquer reste une autre paire de manches. Le Club manque d’efficacité. Entre les débuts de Preud’homme et son but à Charleroi, Lestienne n’a marqué qu’une fois en huit matches – à Lokeren. Est-ce dû à l’absence de Vazquez, son passeur attitré ? Preud’homme n’a aligné l’Espagnol que sept fois en treize matches. À moins que la tactique n’exige trop de travail et donc d’énergie en perte de balle ? Ou bien, Lestienne est-il simplement en méforme ?

Preud’homme a pris des mesures ici aussi. Il a gracié Tchité le 28 octobre mais l’avant de 30 ans n’a pas encore retrouvé son niveau : il est réapparu le 10 novembre à Sclessin puis s’est blessé jusqu’à la mi-décembre. Il est toutefois revenu à temps car De Sutter, auteur de trois buts à Lokeren et contre Ostende, s’est blessé au ménisque à Courtrai, alors que tout semblait s’arranger, grâce à un jeu basé sur des triangles et des ailiers qui convergeaient régulièrement vers l’axe pour laisser des espaces aux arrières latéraux, Meunier et De Bock.

Trajectoires de course

Les doublures de De Sutter ? Tchité, Gudjohnsen et Fatai. Le premier a joué quatre minutes, à ce moment. Après son but à Anderlecht, Fatai a disputé 58 minutes en trois matches, avant de disparaître. Et Gudjohnsen ? Preud’homme n’a cessé de vanter les qualités de l’Islandais mais celui-ci n’a pas répondu aux attentes : titulaire contre Genk, il est entré au jeu contre le Cercle et Lokeren, puis a été titularisé en déplacement à Lokeren, sans jamais convaincre.

Il a néanmoins reçu une nouvelle chance suite au forfait de De Sutter. Il a marqué contre Malines, joué une heure à Charleroi puis… fini. Tchité l’a remplacé et lui a été préféré lors des deux matches suivants. Le Club est-il incapable de marquer en l’absence de De Sutter ? Non. Il a inscrit neuf buts contre Malines, Charleroi, Gand et Waasland-Beveren, des buts issus des pieds de six joueurs différents : Sobota (3), Lestienne (2), Gudjohnsen, Odjidja, Simons et Jörgensen (1).

Le forfait d’un pion a peu de conséquences, grâce au travail effectué sur les trajectoires de course ces derniers mois. Désormais, tout semble s’enclencher. Seul le dernier match, catastrophique, contre Beveren, a rappelé le problème du Club à la finition, quand Vazquez est sorti, épuisé, au repos. Le Club n’a plus trouvé de brèches et a procédé par de longs ballons.

Preud’homme relèvera alors ce manque d’efficacité, non pas à la finition mais dans les choix posés lors de la dernière passe. Il faut souligner que ce qui devrait être la meilleure ligne d’attaque du Club -le quatuor De Sutter, Lestienne, Sobota et Vazquez – n’a pu être aligné que contre le Cercle et Lokeren. Le duo De Sutter-Vazquez, qui est peut-être le seul pour lequel l’équipe n’ait pas de réelle alternative, n’a joué de concert qu’à trois reprises.

Preud’homme aborde la trêve et le mercato sur ces constats. Des trois grands, son Club possède le plus d’expérience mais il n’a pas la classe individuelle d’Anderlecht ni la puissance offensive du Standard. L’entraîneur doit pallier ces carences en plaçant intelligemment ses pions, ce qui a paru lui réussir jusqu’à ce que l’équipe se laisse aller fin décembre. En revanche, elle prend moins de cartes rouges qu’en début d’exercice : il n’y a plus eu que le pied un peu trop haut de Högli à Gand depuis le derby.

PAR PETER T’KINT

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