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La Liga peut-elle survivre sans Messi?

Steve Van Herpe
Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

Depuis le départ de Neymar (2017) et de Cristiano Ronaldo (2018), Lionel Messi est la seule superstar du championnat espagnol.

On attend avec impatience un duel entre Eden Hazard et Lionel Messi. Il n’a toujours pas eu lieu, malgré le Clásico du week-end dernier. Un match pour lequel notre compatriote a dû déclarer forfait à cause d’une blessure, comme deux fois déjà la saison passée. Ces affiches passionnent les amateurs de football, mais elles sont encore plus intenses quand deux grands joueurs se livrent un match dans le match. Les pays asiatiques sont particulièrement friands des vedettes. La présence d’une série de stars peut donc rapporter gros lors de la vente des droits TV.

En pleine pandémie, les clubs voient les revenus issus de la billetterie et du sponsoring se réduire drastiquement, mais les rentrées en droits TV gagnent donc en importance. La première division espagnole se vend très bien. D’après une étude récente de Deloitte, elle a gagné 1,8 milliard d’euros grâce à la diffusion des matches durant la saison 2018-2019, la première sans Cristiano Ronaldo. C’est mieux que la Bundesliga et la Serie A, qui récoltent chacune 1,4 milliard, mais c’est nettement moins que la Premier League, qui empoche 3,4 milliards d’euros.

Selon Javier Tebas, le président de la ligue pro espagnole, le départ de CR7 n’a pas nui à la Primera Division. « Malgré son départ, nous avons continué à vendre nos droits TV. Neymar l’avait précédé et ça n’avait pas posé de problème. La Ligue 1 n’a pas acquis la dimension de la Premier League sous prétexte que Neymar y évolue. Pas plus que la Serie A n’a gagné en popularité grâce à Cristiano. Aucun footballeur ne change une compétition à lui seul. Par contre, je me serais tracassé si Ronaldo et Messi étaient partis en même temps. »

La Premier League est le modèle de la Liga.

Tebas ne peut nier que la présence de l’Argentin est très importante pour la Liga. « Messi est le meilleur joueur de l’histoire du football et il s’est toujours produit dans notre championnat. Je pense que son départ se ferait sentir. Surtout s’il optait pour une autre compétition. »

On estime déjà que le championnat d’Espagne a connu ses meilleurs moments de 2009 à 2018. Durant cette période, il a vécu du clash des titans entre Messi et Cristiano, ses porte-drapeaux, qui ont relégué tous les autres au rang de figurants et mué le Clásico en événement suivi dans le monde entier (650 millions de téléspectateurs). Le départ de CR7 a sans conteste fait perdre une partie de son attrait au championnat ibérique.

Tebas s’affaire depuis des années à améliorer le championnat espagnol. La Premier League est sa référence absolue, son modèle. Le culte des clubs y prend le dessus sur le culte des joueurs. Il suffit pour s’en convaincre de voir le succès que Manchester United conserve dans le monde entier alors qu’il est en panne depuis plusieurs années sur le plan sportif.

Selon Tebas, le principal argument de vente est le suspense, qui doit être garanti jusqu’en fin de saison. Car peu importe qui est sacré champion, d’après lui. La Premier League a eu cinq champions différents ces dix dernières saisons: Chelsea, Manchester City, Manchester United, Leicester City et Liverpool. En Espagne, en revanche, deux équipes se disputent le trophée. En dix ans, seul l’Atlético de Madrid est parvenu à s’immiscer dans ce duo, en 2014. Il faut quand même reconnaître que le suspense s’est accru ces dernières années en Primera Division et que plusieurs clubs sont parvenus à s’accrocher très longtemps aux deux grands d’Espagne. C’est d’ailleurs le but du jeu: hausser le niveau des autres clubs pour augmenter l’intensité du championnat. La Liga ne pourra rester attrayante que si elle y parvient.

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