LA LÉGION ÉTRANGÈRE S’AGRANDIT

Yves Vanderhaeghe se fâche contre le quatrième arbitre à Saint-Trond avant de retourner s’asseoir, théâtralement. À Charleroi, Francky Dury s’enfonce dans le tunnel en montrant le juge de ligne du doigt. Certains ont la fâcheuse habitude d’applaudir une décision qui leur paraît erronée. Il est temps que les entraîneurs apprennent à se maîtriser et à ne plus afficher de dédain à l’égard du corps arbitral. Le stress semble les ronger au point qu’ils ne sont plus eux-mêmes. Leur attitude ne fait qu’accroître l’hostilité alors qu’on exige des joueurs qu’ils se comportent bien sur le terrain.

Ce changement d’attitude est étrange. Francky Dury est un professionnel capable de parler de football avec une passion et une clarté incroyables, comme on peut le lire dans nos pages. Il n’a pas davantage besoin de ce comportement qu’Yves Vanderhaeghe, qui s’est surtout distingué par son calme et sa sérénité cette saison. Mais il est difficile de conserver son self-contrôle quand le championnat régulier approche de son dénouement.

L’excitation qui a entouré la sanction frappant Hein Vanhaezebrouck pour son coup d’éclat contre Anderlecht est franchement ridicule. La peine allait être assortie de sursis puis le parquet fédéral s’est pourvu en appel de la décision de la commission et tout a finalement été ramené à une amende de 400 euros. Plus personne n’a pu suivre. Vanhaezebrouck et son avocat ont cru bon montrer, pour appuyer leur plaidoyer, des phases dans lesquelles Francky Dury et Michel Preud’homme sortaient de leurs gonds. C’est spécial. On pourrait croire que dans ce genre de circonstances, on ne pointe pas les autres du doigt. Vanhaezebrouck doit veiller à ne pas perdre son crédit en usant de ce genre de coups.

L’entraîneur gantois a prouvé sa compétence par l’aisance avec laquelle il a intégré cinq nouveaux joueurs dimanche contre le Club, alors que d’autres, placés dans les mêmes conditions, ont besoin de temps pour forger des automatismes. Il ne faut cependant pas placer trop vite certains de ces nouveaux joueurs sur un piédestal. Il n’empêche que Hein Vanhaezebrouck repart à zéro. Les Buffalos viennent d’enrôler huit footballeurs, dont sept étrangers. Ce groupe ne ressemble absolument plus à l’équipe sacrée championne il y a un an et demi. Après le match contre le Club Bruges, La Gantoise comptait 36 joueurs, dont 25 étrangers issus de quinze pays différents.

La croissance de la légion étrangère ressort de tous les transferts hivernaux. Il y a eu environ 60 transactions. Pour beaucoup de clubs, le mercato consiste à chercher une aiguille dans une botte de foin alors qu’il n’y a plus que six matches à disputer en championnat régulier.

La lutte pour les PO1 et le maintien sont si importants que les clubs concernés se départissent de leur vision. Ce combat sera passionnant jusqu’à la dernière journée. Même le Standard, classé par beaucoup, conserve ses chances. Les Rouches ont encore quatre matches à domicile, dont trois contre des concurrents directs. Il se déplace à Mouscron et à Waasland-Beveren. Dimanche à Anderlecht, les Liégeois ont préservé leurs filets pour la deuxième fois de la saison seulement. Le championnat est truffé d’autres chiffres étranges. Ainsi, Eupen a marqué autant de buts que La Gantoise.

La seule constance de la Jupiler Pro League est son irrégularité. Le Club Bruges a signé une prestation impressionnante au Standard mais a sombré après le repos, à Gand. Il est difficile de toujours jouer avec la même ferveur. D’un autre côté, après 24 journées, le Club compte autant de points que la saison précédente mais à l’époque, il était deuxième, à trois points de La Gantoise.

PAR JACQUES SYS

Francky Dury doit apprendre à se maîtriser.

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